Il est également le producteur de nombreux disques et l'auteur de nombreuses chansons rendues célèbres par les artistes Atlantic. Il dirige aussi le Rock and Roll Hall of Fame, dont il est l'un des fondateurs, et auquel il fut lui-même intronisé en 1987. Ertegün fut décrit comme « l'une des figures les plus importantes de l'industrie discographique moderne »[1].
Ahmet Ertegün naît à Istanbul le . Sa famille déménage en 1935 aux États-Unis, à Washington, où son père, Münir Ertegün est l'ambassadeur de Turquie. Passionné dès son plus jeune âge par le jazz, auquel son frère Nesuhi l'a initié, Ahmet assiste notamment, enfant, aux concerts de Duke Ellington et Cab Calloway. Il écrit et compose également des chansons.
Plus tard, les deux frères rassemblent une vaste collection de plus de 15 000 78 tours de jazz et de blues, rencontrent de nombreux musiciens, dont Ellington, Lena Horne et Jelly Roll Morton, et organisent des concerts de géants du jazz comme Lester Young et Sidney Bechet. Les spectacles ont souvent lieu au centre communautaire juif, seul lieu qui accepte un public et un groupe ethniquement mixtes.
En 1944, Ahmet obtient son diplôme au St. John's College d'Annapolis, il étudie ensuite la philosophie médiévale à l'université de Georgetown. Après le décès de son père, sa famille rentre en Turquie, mais Ahmet et son frère préfèrent rester aux États-Unis, le premier à Washington, le second à Los Angeles. Rencontrant des difficultés pour financer ses études, Ahmet décide alors de s'engager dans l'industrie musicale, espérant gagner assez d'argent pour payer l'université.
Les débuts d'Atlantic Records
En 1946, Ertegün devient ami avec Herb Abramson, étudiant en médecine dentaire et commercial pour le label A&R Records. Ensemble, ils décident de fonder un label indépendant spécialisé dans le gospel, le jazz et le rhythm and blues. Soutenus financièrement par le docteur Vahdi Sabit, dentiste de son état, ils réalisent en à New York leur projet, en créant Atlantic Records. Les premières séances d'enregistrement ont lieu dès le mois de novembre suivant.
Les frères Ertegün apportent notamment à leurs artistes leur sensibilité influencée par le jazz, jouant un rôle dans le mélange du jazz et du blues qui va donner le rhythm and blues et le rock and roll. Découvreur de talents, Ertegün contribue à remettre en question la domination des majors, les grandes compagnies qui règnent alors sur le marché du disque aux États-Unis. Sous sa direction, Atlantic devient rapidement le premier label R&B du pays, développant sur ses enregistrements une sonorité caractéristique. Il sera dès 1957 l'un des premiers à enregistrer en stéréo.
Homme d'affaires, découvreur de talents et producteur de disques, Ahmet est également, sous le pseudonyme de A. Nugetre (« Ertegün » à l'envers) l'auteur de nombreuses chansons Blues et R&B dont les classiques Chains of Love, Sweet Sixteen et Mess Around, rendues célèbres par Big Joe Turner, B.B. King et Ray Charles. On peut d'autre part l'entendre chanter sur Shake, Rattle and Roll, de Joe Turner, aux côtés de Jerry Wexler et de l'auteur de chansons Jesse Stone.
Le , Ahmet Ertegün assiste à un concert des Rolling Stones à New York, pour l'anniversaire de l'ex-président des États-UnisBill Clinton, concert filmé par Martin Scorsese pour son documentaire sur le groupe, Shine a Light. En coulisse, Ertegün, âgé de 83 ans, glisse sur le sol et se cogne durement à la tête. Transporté à l'hôpital, il sombre dans le coma ; il meurt quelques jours plus tard. Scorsese lui dédie son film. Mick Jagger apprend l'accident après le concert, son entourage considérant que le prévenir avant son entrée en scène l'aurait beaucoup trop bouleversé.
Un an plus tard, le , le groupe Led Zeppelin, reformé pour l'occasion, lui rend hommage lors d'un concert au O2 Arena à Londres.