Agence Havas

Agence Havas
logo de Agence Havas

Création 1835
Disparition 1944
Fondateurs Charles Havas
Siège social successivement :
• Hôtel Bullion, 3 rue Jean-Jacques Rousseau, Paris 4e (1832-1875)
• 34 rue Notre-Dame-des-Victoires
• 13 place de la Bourse, Paris 2e
Drapeau de la France France
Activité Agence de presse
Société suivante Office français d'information et HavasVoir et modifier les données sur Wikidata

L'agence Havas, créée en France en 1835, fut la première agence de presse au monde[1]. Nationalisée une première fois en 1940, devenue l'Office français d'information, elle est scindée en deux branches en 1944, qui deviennent d'une part le groupe de publicité Havas et d'autre part l'agence France-Presse.

L'« Agence des feuilles politiques Â»

Charles-Louis Havas.

L'agence Havas est fondĂ©e le par l'ancien banquier Charles-Louis Havas, sous le nom d'« Agence des feuilles politiques, correspondance gĂ©nĂ©rale Â». L'activitĂ© d'origine de cette petite entreprise parisienne consiste Ă  traduire et importer les nouvelles donnĂ©es par les journaux Ă©trangers, et Ă  compiler celles donnĂ©es par les journaux français. C'est ainsi que naĂ®t le mĂ©tier d'« agencier papier Â».

Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Charles-Louis Havas va dĂ©velopper avec ardeur son activitĂ© de manière Ă  se rendre indispensable pour l'ensemble de la presse parisienne. En 1838, le gouvernement le charge de lui confectionner une « correspondance ministĂ©rielle Â» pour tenir informĂ©s les agents de l'État, dessinant les prĂ©mices des relations Ă©troites entre l'État et l'Agence. Le rĂ©seau de correspondants Ă  l'Ă©tranger s'Ă©tend, les moyens les plus rapides sont employĂ©s pour transmettre les informations : alors que les nouvelles en provenance des journaux Ă©trangers sont envoyĂ©es par pigeon voyageur et traduites dès leur arrivĂ©e Ă  Paris, l'Agence des feuilles politiques est ainsi en pointe pour l'utilisation du tĂ©lĂ©graphe, dès 1845.

De l'information à la publicité

En 1852, Charles-Louis Havas cède la place Ă  ses deux fils, Charles-Guillaume Havas et Auguste Havas, dont le premier dĂ©cèdera en 1873[2]. Ils dĂ©velopperont en 1855 une nouvelle activitĂ©, plus lucrative que l'information : la publicitĂ©. La SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale des annonces (SGA) fusionne avec Havas en 1865[3].

Pour rĂ©duire les coĂ»ts, ils passeront des accords de partage du monde avec deux concurrents, anciens employĂ©s de leur père : Julius Reuter qui s'est installĂ© Ă  Londres, et Bernhard Wolff qui est Ă  Berlin.

En 1879, Ă  la retraite d'Auguste Havas, l'entreprise perd son caractère familial. Elle est acquise par le baron Émile d'Erlanger et transformĂ©e en sociĂ©tĂ© anonyme au capital de 8,5 millions de francs. Les actions de 500 francs, au nombre de 17 000, sont vendues Ă  la Bourse[2].

C'est l'époque où la presse connaît un développement rapide, notamment en France grâce aux Lois sur le télégraphe de 1878, qui permettent à l'agence d'ouvrir des bureaux télégraphiques en province, alors que c'était jusque-là réservé au monopole d'État. Puis c'est la loi du 29 juillet 1881, qui consacre la Liberté de la presse en France. Les moyens techniques qui permettent d'acheminer l'information progressent aussi. Havas investit dans le téléphone, le téléscripteur et les ondes longues radio. En 1896, l'agence Havas s'installe place de la Bourse, à Paris, à l'emplacement de l'immeuble occupé aujourd'hui par l'Agence France-Presse.

Plusieurs petites agences disparurent : en 1883 l'Agence Ewig et en 1893 l'Agence Libre, mais d'autres se crĂ©ent comme L'Agence de presse Fournier fondĂ©e en 1879 et spĂ©cialiste des informations Ă©conomiques, qui sera rachetĂ©e [rĂ©f. souhaitĂ©e] dans les annĂ©es 1930 par l'Agefi (France) et l'Agence tĂ©lĂ©graphique rĂ©publicaine[4], crĂ©Ă©e en 1885. L'agence La Presse Nouvelle, au capital de 2,7 millions de francs, crĂ©Ă©e en 1905 par des journaux catholiques, est restĂ©e pour sa part marginale[5]. Tout comme La Presse rĂ©gionale, du trust de presse crĂ©Ă© par Paul FĂ©ron-Vrau, hĂ©ritier de Philibert Vrau[6].

En 1904, l'Agence Havas intente un procès Ă  l'Agence de presse Fournier pour concurrence dĂ©loyale, en l'accusant de piller ses dĂ©pĂŞches, et fait valoir qu'elle dispose de plus de 500 correspondants en France, mais l'avocat de l'Agence de presse Fournier apporte la preuve que celle-ci est parfois en avance sur sa rivale, et parfois mĂŞme la corrige[6].

Dans les annĂ©es 1930, une nouvelle rĂ©volution technologique, les ondes courtes amĂ©liorent encore les communications, Ă  tel point que les accords entre agences de presse sont rompus, chacune dĂ©veloppant son propre rĂ©seau. Les investissements sont lourds, et le gouvernement français trouve son intĂ©rĂŞt Ă  en financer une partie estimĂ©e Ă  plus de 47 %, car le rĂ©seau de Havas participe Ă  la prĂ©sence française Ă  l'Ă©tranger dans un contexte international tendu.

Nationalisations, compromissions et transformations

Lorsque la France est envahie par l'Allemagne en 1940, l'agence perd son indépendance. La branche publicité reste dans le privé, sous le nom d'Havas, et la branche information, nationalisée, passe dans le giron du régime de Vichy sous le nom d’Office français d'information (OFI).

Sous l'Occupation, son prĂ©sident, LĂ©on-Prosper RĂ©nier, prĂ©fère s'adresser directement aux Allemands au moment de la nationalisation. Il nĂ©gocie avec eux la nouvelle rĂ©partition du capital de Havas-publicitĂ© : les anciens actionnaires privĂ©s conservent 32 % du capital, contre 48 % au groupe allemand Mundus GmbH der Informationsabteilung dirigĂ© par Klaus Mehnert, un proche de Goebbels, et le restant (20 %) Ă  l'État français. RĂ©nier reste prĂ©sident et affirme que « l'entrĂ©e des reprĂ©sentants allemands marquera le dĂ©but d'une collaboration cordiale et fructueuse pour la sociĂ©tĂ© Â»[7].

Lors de la Libération de Paris, le , des journalistes membres de la Résistance s'emparent des bureaux de l'OFI. Ils émettent la première dépêche d'une agence libre qui prendra le nom d'agence France-Presse (AFP) le .

De son côté, l'agence Havas de publicité est nationalisée, l'attitude de Rénier est sanctionnée. Le Gouvernement français récupère les deux tiers du capital de la branche publicité d'Havas, le tiers du capital restant est réservé au marché boursier, auquel il est par la suite régulièrement fait appel[8]. Jean Schloesing est nommé président de mars 1945 à juillet 1948, il y embauche Jean Merlin, avant de prendre la direction de la filiale Havas Exprinter[9].

De 1948 Ă  1957, y travaille LĂ©on Gaultier, ancien officier de la Waffen-SS, futur membre fondateur du Front national[10].

Elle se lance dans le tourisme et étend ses activités à différentes formes de communication avant d'être totalement privatisée le pour prendre la dénomination de Havas S.A.[11].

Les archives de l'Agence Havas sont conservées aux Archives nationales sous la cote 5 AR[12].

Directeurs généraux

Présidents du conseil d'administration

Notes et références

  1. ↑ Jean-Marie Charon, Le journalisme, Milan, , 63 p. (ISBN 978-2-7459-2598-5), p. 24
  2. ↑ a et b Histoire de la Société générale: 1864-1890, la naissance d'une banque moderne, par Hubert Bonin
  3. ↑ « Des petits journaux au grandes agences Â», par MichaĂ«l Palmer, p. 253
  4. ↑ Des petits journaux aux grandes agences, par Michael B. Palmer, page 247, chez Aubier, 1983
  5. ↑ La lumière de Paris â€” Les usages de la photographie â€” 1919-1939, par Françoise Denoyelle, p. 155
  6. ↑ a et b Des petits journaux aux grandes agences, par Michael B. Palmer, p. 247, Aubier, 1983
  7. ↑ Nathalie Raulin, Renaud Lecadre, « Havas, cet obscur objet du pouvoir. 166 ans après sa crĂ©ation, le groupe est absorbĂ© par la GĂ©nĂ©rale des eaux Â», LibĂ©ration, 9 mars 1998
  8. ↑ Palmer, Michael, « Havas, les arcanes du pouvoir (Antoine LefĂ©bure) Â», RĂ©seaux. Communication - Technologie - SociĂ©tĂ©, vol. 11, no 57,‎ , p. 159-163 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. ↑ Le Monde, nécrologie par Thomas Ferenczi, 4 juin 1996 — en ligne.
  10. ↑ LĂ©on Gaultier, Siegfried et le Berrichon : parcours d'un "collabo", Perrin, 1991 — extraits sur Gallica.
  11. ↑ ' Arrêté du 22 mai 1987 fixant les modalités de la privatisation de l'Agence Havas ',sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 23 décembre 2013
  12. ↑ Notice du fonds de l'Agence Havas conservé aux Archives nationales
  13. ↑ a et b « L’agence Havas : L’ancĂŞtre de l’AFP Â», sur expositions.bnf.fr (consultĂ© le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes