À la suite du sénatus-consulte, Louis-Napoléon Bonaparte demanda au peuple une ratification par un plébiscite le , afin d'accepter le « rétablissement de la dignité impériale ». Les résultats de ce plébiscite furent connus le mercredi 1er décembre : 7 824 000 « oui » contre 253 000 « non », soit plus de 96,7 % d'approbation. Aussitôt, le parlement vote le texte de promulgation de l'Empire. Son président, Adolphe Billault porte à Saint-Cloud le résultat officiel du plébiscite. Louis-Napoléon Bonaparte, habillé avec l'uniforme de général de division, lui répond : « Je prends dès aujourd'hui, avec la couronne, le nom de Napoléon III ».
La cérémonie d'investiture
Cérémonie
La journée d'investiture commença le jeudi à 6 h 45 par 101 coups de canon à l'Esplanade des Invalides. Elle dura toute une journée, et vue de la proclamation de Napoléon III, se termina le lendemain par la visite de l'empereur à l'Hôtel-Dieu, à Notre-Dame et au Val-de-Grâce. Il exprima alors que « les réjouissances publiques seront réservées pour le sacre ».
Le , le ministre de l'IntérieurPersigny dit que la proclamation de l'Empire « doit être faite avec le concours de toutes les autorités civiles et militaires, les cérémonies religieuses officielles étant réservées pour une autre époque ».
À 14 h 15, un coup de canon retentit, le drapeau tricolore se déploie sur le faîte du palais. L'empereur se montre au grand balcon, place du Carrousel où Saint-Arnaud lit le résultat du plébiscite à l'armée. De l'autre côté, sur la place de la Concorde, Persigny lit également le texte au peuple, proclamant l'empire : « Vive Napoléon III ! Vive l'Empereur ! » répond la foule[3]. Vers 19 h 0, toujours au palais des Tuileries, l'empereur dîne avec Mathilde Bonaparte, Élisa Napoléone Baciocchi, Jérôme Bonaparte, Joachim Murat, Lucien Murat, Louis-Lucien Bonaparte, et Pierre-Napoléon Bonaparte. Ils fêtent la mort de la Deuxième République et la naissance du Second Empire.
À 20 h 0, Napoléon III reçoit dans la salle du trône, les félicitations des ambassadeurs et de l'archevêque de Paris, Mgr Sibour.
Il signa : « Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français »[4].
Puis Napoléon III visite les malades, qui le reçurent au cri de « Vive l'Empereur ! ». Lors du sacre des rois de France, le prince ayant reçu l'onction de la Sainte Ampoule, devient thaumaturge : « Le Roi te touche, Dieu te guérit. » Mais Napoléon III n'ayant pas été sacré et n'étant pas roi de France ne peut guérir les écrouelles. Il distribue une croix d'honneur et une pension puis décore Eugène Bouchut[5].
À 12 h 30, prenant le bras de l'archevêque, Napoléon III quitte l'Hôtel-Dieu, traverse à pied le parvis Notre-Dame et entre dans la cathédrale.
Le couronnement est remplacé par une cérémonie religieuse où le Te Deum est chanté. Hector Berlioz est déçu car ce n'est pas son Te Deum qui accompagne la cérémonie, contrairement à ce que l'entourage de Napoléon III lui avait promis[6]. Napoléon III retourne au palais des Tuileries, où commencent à arriver les lettres de créance des autres États reconnaissant l'empire, puis il rentre à Saint-Cloud.
En , Napoléon III, refusant de se faire sacrer à Rome, le gouvernement ainsi que l'opinion publique n'acceptant pas les concessions demandées par Pie IX, les négociations du sacre sont abandonnées. Napoléon III n'a donc pas l'investiture de droit divin, car il n'a pas été sacré empereur par le pape, il a un simple mandat impérial, puisque sa légitimité est seulement donnée par le plébiscite du peuple. Il en gardera rancune : « Sa Sainteté se débrouillera seule avec les Italiens », « sa chute ne sera pas troublée par la mienne », « les prêtres ne pleurent que sur leurs propres malheurs »[7]. Émile Ollivier dira en : « À ce moment, je suis sorti de ma tentation catholique. C'était une maladie, une faiblesse d'esprit ».
En , lors du baptême de son fils dont le parrain n’est autre que Pie IX[8], Napoléon III dit de la cérémonie : « Un tel baptême vaut bien un sacre »[9], reprenant la célèbre phrase d'Henri IV : « Paris vaut bien une messe ».
L’Apothéose de Napoléon III par Guillaume Cabasson (1854, Compiègne, Musée national du château de Compiègne)[17] : Napoléon III est sur un char avec l'allégorie de la France, qui tient le drapeau tricolore. Devant lui, Hercule (Héraclès) et Minerve (Athéna). Napoléon III est suivi par trois déesses : la Peinture, la Sculpture et l’Architecture. À l’arrière, figurent trois autres déesses : la Justice, assise sur le lion de la Clémence, la Loi à sa gauche et l’Autorité à sa droite. Tout en haut, l’aigle impérial plane au-dessus d'une Renommée ailée qui sonne les trompettes et de la déesse de la Victoire qui tient une couronne de laurier et un rameau d’olivier (« L’Empire c’est la paix »). En haut et à droite, deux amours ailés tiennent l’urne du plébiscite, et son résultat sur parchemin : « Napoléon III Empereur ». Au paradis des braves, Napoléon Ier avec ses maréchaux salue en soulevant son chapeau. En bas, la déesse de l’Abondance (couverture bleue), Mercure (Hermès) et Cérès (Déméter). En bas et à gauche, deux putti portent les armoiries impériales[18],[19].
Cabanel
Portrait de l'Empereur Napoléon III[20], par Alexandre Cabanel (1865, Ajaccio, Musée Fesch)[21]. Il s'agit d'une esquisse préparatoire pour le tableau présenté au Salon de 1865.
Portrait en pied de Sa Majesté l'Empereur Napoléon III[22], par Alexandre Cabanel (1865, Compiègne, Musée national du château de Compiègne)[23] :
Dans ce portrait présenté au Salon de 1865, dernier grand portrait d'un souverain français, Napoléon III se trouve au palais des Tuileries, dans l'ancien cabinet de travail de Napoléon Ier. Il pose en civil, comme un homme d'État ou un gentleman et non pas en uniforme militaire impérial. L'impératrice Eugénie avait souhaité un portrait à la fois intime et officiel, bien différent de celui de Flandrin.
Les indications du statut de l'empereur sont le manteau rouge à hermine ; la couronne impériale ; la main de justice posé sur la table, sur laquelle Napoléon III repose sa main gauche.
Il ne porte qu'une seule décoration : la médaille de la Légion d'honneur à sa gauche, et son torse est barré en travers de son épaule droite du grand cordon de la Légion d'honneur. La critique dira de lui qu'il ressemblait à « un garçon prêt à servir le souper »[24], ce qui valut au tableau le sobriquet « portrait de maître d'hôtel »[25].