L'Adagio pour cordes provient d'un mouvement du Quatuor à cordes no 1, op. 11 de Samuel Barber, composé en 1936. Il suit un premier mouvement, brutal et très différent, et précède une courte reprise de cette musique.
En , Barber envoie le morceau au chef d'orchestre Arturo Toscanini. Ce dernier rend la partition sans commentaire ; Barber, vexé, évite de le revoir. Toscanini lui envoie alors un mot par le biais d'un ami, disant qu'il envisageait de jouer l'œuvre et qu'il lui avait rendu la partition parce qu'il l'avait déjà mémorisée[1].
Le compositeur arrangea aussi le morceau en 1967 pour un chœur de huit chanteurs, sous forme d'Agnus Dei.
Analyse
L'œuvre utilise une forme d'arc : une mélodie ascendante semblable à une marche est inversée, étendue et soumise à des variations.
Le long flot de la ligne mélodique se déploie librement au sein de l'ensemble des cordes, par exemple, la première section de l'adagio commence par la cellule mélodique principale jouée par les premiers violons, mais s'achève avec sa reprise par les altos, transposée en quinte.
Les altos poursuivent une variation sur la cellule mélodique dans la deuxième section, les contrebasses restent silencieuses, y compris sur la section suivante. La section médiane étendue commence par le jeu principal des violoncelles dans une tessiture de mezzo-soprano.
Au fur et à mesure que la section se construit, l'ensemble des cordes monte dans la gamme jusqu'à son registre le plus élevé, culminant dans un pic fortissimo-forte, immédiatement suivi d'un silence. Une brève série de cordes élégiaques sert de coda pour cette partie de l'œuvre, et réintroduit les contrebasses.
La dernière section est une reprise du thème d'origine, avec une inversion de la deuxième partie de la cellule mélodique, jouée à l'unisson par les premiers violons et les altos. La pièce se termine avec les premiers violons rejouant lentement les cinq premières notes de la mélodie dans un registre d'alto, soutenant la dernière note après un bref silence et la diminution progressive de l'accompagnement.
On peut l'entendre l'Adagio pour cordes dans le jeu de simulation spatiale Homeworld (1999). Cette œuvre sert de fond musical pour la 3e mission du mode Histoire, lors du retour du vaisseau mère vers l'infortunée Kharak en proie à une « tempête de flammes. »
Théâtre
L'Adagio pour cordes est joué dans la pièce du même nom, Adagio, sur la vie de François Mitterrand (2011).
On entend également l'Adagio dans la pièce Le Journal d'Anne Frank, écrite par Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène par Steve Suissa et interprétée notamment par Francis Huster et Gaia Weiss (2012).
Dans un sketch d'Albert Dupontel (« La Plaidoirie »), le morceau est joué par l'avocat du prévenu pour émouvoir le jury d'assises dans le but de faire acquitter son client.
Une version Trance a été réalisée par Ferry Corsten, il s'agit d'un remix de l'interprétation de William Orbit parue sous le nom de Barber's Adagio for strings sur l'album Pieces in a Modern Style.
En 2003, le Chœur de chambre Accentus, sous la direction de Laurence Equilbey, interprète l'Agnus Dei, transcription de l'Adagio pour cordes due à Samuel Barber lui-même, dans l'album Transcriptions.
Un mix Trance en a été réalisé par Laurent Wolf en 2004 sous le titre anglophone de Adagio for strings.
La guitariste américaine Cailyn en fait une reprise mêlant rock progressif et musique classique sur son troisième album Four Pieces (Land of Oz Music, 2012).
Muse en a repris une partie à la guitare électrique sur le morceau Interlude dans l'album Absolution sortie en 2003.
Une version Speedcore a été réalisée par Middle M et No-Tek, sous le titre de Oedipe, sortie en 2007[5].
Un remix Trance est réalisé en 2019 par Magdelayna (Adam Rodziewicz).
↑Samuel Barber sur l'Internet Movie Database, une liste de films incluant l'Adagio pour cordes dans leur bande originale, comme musique à part entière ou comme musique de fond.