L'Académie de France à Rome est une institution artistique française située dans la villa Médicis sur la colline du Pincio à Rome et destinée à l'accueil en résidence pour une période donnée, en son sein ou hors les murs, de jeunes artistes afin de développer leurs projets créatifs.
L’Académie est souvent nommée « Villa Médicis » par métonymie, en référence au palais l’hébergeant depuis 1803.
En 1803, Napoléon Bonaparte transfère l'Académie de France à Rome à la villa Médicis. L'intention du futur empereur des Français est de perpétuer une institution menacée un temps par la Révolution et, ainsi, de permettre aux jeunes artistes de continuer d'approcher et de copier les chefs-d’œuvre de l'Antiquité ou de la Renaissance puis de s'en inspirer pour leurs « envois de Rome ». Ces travaux annuels, envoyés et jugés à Paris, constituent des exercices obligés pour tous les pensionnés.
Au début, la villa et ses jardins sont dans un triste état et doivent être rénovés pour accueillir l'ensemble des lauréats du prix de Rome. Ces derniers y font alors un séjour de trois à cinq ans selon les disciplines.
Après une première interruption du concours pendant la Première Guerre mondiale, les activités reprennent alors que se succèdent à la direction de l'institution Denys Puech, lauréat du prix de Rome en 1884 et auteur d'un buste du Duce, le sculpteur Paul Landowski, puis le musicien Jacques Ibert. En 1941, Mussolini confisque le lieu à la France. L'Académie se replie à la villa Paradiso à Nice à partir de novembre 1941, puis à Fontainebleau de fin mai 1944 jusqu'en 1946[3].
Le bâtiment et ses dépendances ont fait l'objet d'une nouvelle campagne de réhabilitation et de modernisation dont la restauration de la façade sur les jardins constitue l'étape la plus spectaculaire. Ces travaux se sont déroulés entre 2004 et 2007 sous la direction de Richard Peduzzi.
Depuis quelques années, la villa Médicis s'ouvre sur l'extérieur et présente expositions et spectacles élaborés par ses pensionnaires. Il est également possible pour les visiteurs de louer des chambres de la villa[6].
Selon le journal L'Express, la rémunération mensuelle du directeur de l'Académie de France à Rome est de 5 000 € auxquels s'ajoutent 4 000 € de défraiements ainsi que la résidence[7].
Sociétés d'artistes fondées à l'Académie de France à Rome
Deux sociétés d'artistes plus ou moins confidentielles furent successivement constituées au sein de l'Académie de France à Rome. La première, dite « Grand Malheur » fut fondée en 1806 et dissoute en 1830[11]. Les statuts de la seconde, dite « La Cipolla[12] » furent rédigés le 20 juin 1818 et révisés le 7 juillet 1820. Le sculpteur Cortot et ses proches amis Louis Petitot et Jean-Baptiste Roman sont cités comme fondateurs. Seurre (l'aîné) fut nommé secrétaire en 1819[13].
Cuisine
Depuis janvier 2022, l'Académie accueille une résidence culinaire. Il s'agit d'y nourrir au quotidien l'équipe de l'institution (personnel et pensionnaires) ainsi que d'organiser quelques dîners, privés ou non, tel le Dîner des citrons, repas bi-annuel qui fait la part belle aux agrumes, dont la villa Médicis possède une collection, et aux agrumiculteurs. La villa alimente ses cuisines par son potager et par des producteurs locaux[14].
↑Françoise Taliano-des Garets, Villes et culture sous l'Occupation : Expériences françaises et perspectives comparées, Paris, Armand Colin, coll. « Recherches », , 184 p. (ISBN2200281811, lire en ligne), p. 120-126.
↑Malraux avait déjà envisagé, une première fois et sans succès, la suppression du concours du prix de Rome en 1962.
↑Michaël Moreau, « À quoi sert la Villa Médicis ? : Dans les coulisses d'une institution à bout de souffle », Revue du crieur, no 2, , p. 34 (ISBN978-2-7071-8798-7).
↑« Ces postes qui valent de l'or », L'Express n° 224-225 mai-juin 2008, p. 49.
↑« Sam Stourdzé nommé directeur de la Villa Médicis à Rome », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Claire Barbillon, Philippe Durey, Uwe Fleckner, Ingres, un homme à part? : entre carrière et mythe, la fabrique du personnage, actes du colloque de l'École du Louvre, 25-28 avril 2006, Paris, École du Louvre, p. 207.
↑Également connue comme « société cipolaisienne » (aussi orthographié « cipolésienne »).
↑Henry Lapauze, Histoire de l'Académie de France à Rome, t. 2, Plon-Nourrit, 1924, p. 1924.
↑Julien Amat (photogr. Paolo Di Lucente), « La Villa Médicis, pension romaine des jeunes chefs », M le magazine du Monde, Paris, Le Monde, no 24831, , p. 65 (ISSN0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
Annexes
Bibliographie
Alessandro Franchi-Verney, L’Académie de France à Rome, 1666-1903, Paris, Fischbacher, 1904
Louis Hautecœur, « L'Académie de France et le triomphe des Horaces », dans Rome et la Renaissance de l'Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Fontemoing et Cie éditeurs, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome no 105 », , VIII-316 p. (lire en ligne), p. 151-162
Marc Bayard, Émilie Beck Saiello et Aude Gobet (dir.), L’Académie de France à Rome. Le palais Mancini : un foyer artistique dans l’Europe des Lumières (1725-1792), Presses universitaires de Rennes, 2016 (ISBN978-2-7535-4287-7)
Jérôme Delaplanche (dir.), 350 ans de création : les artistes de l'Académie de France à Rome de Louis XIV à nos jours, catalogue d’exposition (Rome, Académie de France à Rome - Villa Médicis, -), Milano : Officina Libraria, 2016. (ISBN978-88-99765-08-8)
François Fossier, Le séjour des grands prix de Rome à la Villa Médicis, Paris, L'Harmattan, 2018, 234 p. (ISBN9782343141503)
L'Académie de France à Rome aux XIXe et XXe siècles - Entre tradition, modernité et création (actes du colloque, Rome, Villa Médicis, 25-27 septembre 1997), Somogy, 2002, (ISBN978-2-85056603-5) ; 268p.
Maestà di Roma da Napoleone all'unita d'Italia : d'Ingres à Degas, les artistes français à Rome exposition, (Rome, villa Médicis, exposition du 7 mars au 29 juin 2003), Electa, Milan, 2003, (ISBN978-8-83702157-3) ; 616p.