Troisième d'une famille qui comptera huit enfants, il est le fils de Jean-Louis Lenoir, un « marchand », et de Margot Magdelaine, son épouse[3].
En 1838, âgé de seize ans, il quitte son village natal et vient s'installer rue du Temple à Paris[4]. Il devient garçon de café à l'Auberge de l'Aigle d'or où, dans une cave, il réalise des expériences. Il fait breveter sa première invention – celle d'une hélice pour bateau – en 1845[5]. Engagé comme ouvrier chez un émailleur, il fait enregistrer, le , une patente concernant « l'application des métaux les uns sur les autres »[5]. Il dépose plusieurs autres brevets, relatifs à des inventions touchant à des domaines fort divers.
Il obtient la nationalité française en 1870 pour son aide pendant la guerre franco-prussienne et reçoit la Légion d'honneur en 1881 (non pas pour son moteur, mais pour ses développements en télégraphie). Il s'appauvrit dans ses dernières années malgré le succès de son moteur.
Le , Étienne Lenoir dépose le brevet n° 43 624 : « pour un moteur dilaté par la combustion du gaz de l'éclairage enflammé par l'électricité »[7],[8], un moteur à simple effet et à deux temps, dont le principe est le suivant :
Dans le premier temps, le piston s'éloigne du fond du cylindre, aspire le mélange de gaz d'éclairage et d'air ; vers le milieu de sa course l'ouverture d'aspiration est fermée, une étincelle éclate au fond du cylindre et produit l'explosion ; la fin de la course est motrice du fait de la détente des gaz brûlés. Dans le second temps, le piston, en revenant en arrière par l'effet d'une bielle, chasse dehors les gaz de combustion par une soupape d'échappement commandée mécaniquement par le moteur[9].
Le moteur consomme 3 000 litres par cheval-heure[9]. Lenoir le fabrique en 1860 en 400 exemplaires[10] qui servent notamment, l'année suivante, à faire fonctionner sur la Seine le premier bateau à moteur. Ce moteur consomme 3 166 l/h[11]de mélange gazeux pour développer une puissance de deux chevaux.
Le brevet 43 624 sera « amendé » à six reprises : les , 5 et , le et les et [7]. Lenoir réalise un moteur à quatre temps en se basant sur le principe du cycle de Beau de Rochas : son automobile à moteur à gaz parcourt 9 kilomètres de Paris à Joinville-le-Pont en trois heures (3 km/h).
Les voitures Lenoir
La première automobile de Lenoir, très audacieuse, est décrite dans la revue Le Monde Illustré du 16 juin 1860[12].
Les dates à laquelle Lenoir a construit ses automobiles varient de 1860 à 1863. Il est évident qu'il a construit une petite voiture avec son moteur vers 1860. Son automobile de 1862 était capable de rouler à 3 km/h.
En 1861, il met un de ses moteurs dans un bateau. En 1863, Lenoir fait la démonstration d'un deuxième chariot à trois roues, une sorte de wagon placé sur une plate-forme de tricycle. Il est propulsé par un moteur "hydrocarbures liquides" (pétrole) de 2 543 cc (155 in3 ; 180 × 100 mm) 1,5 ch, avec un carburateur rudimentaire qui est déposé en 1886. Il a parcouru avec succès les 11 km de Paris à Joinville-le-Pont et en quatre-vingt-dix minutes aller-retour, soit une vitesse moyenne inférieure à celle d'un marcheur, bien qu'il y ait sans doute eu des pannes. En 1863, il vend ses brevets à la Compagnie parisienne de gaz et se tourne vers les bateaux à moteur, construisant en 1888 un moteur quatre temps alimenté au ligroïne. Jules Verne écrit dans son roman de 1863 Paris au XXe siècle à propos de boulevards bondés de voitures sans chevaux, « la machine Lenoir appliquée à la locomotion. »
Brevets divers
Durant sa vie, Lenoir dépose de nombreux autres brevets :
Un timbre à l'effigie de Lenoir a été émis par la poste belge en 1955[15].
Le , peu avant sa mort, Lenoir reçoit un prix de l'Automobile Club de France, une plaque de vermeil portant l'inscription "En reconnaissance de ses grands mérites en tant qu'inventeur du moteur à essence et constructeur de la première voiture au monde"[16].
Une place porte son nom dans la commune de Schaerbeek (Bruxelles).
Eugène Armengaud, Publication industrielle des machines, outils et appareils les plus perfectionnés et les plus récents employés dans les différentes branches de l'industrie française et étrangère. Tome treizième. Paris, Armengaud, 1861, p. 62-63 et 230-253. – En ligne sur Google Livres.
Eugène Armengaud, Traité théorique et pratique des moteurs à vapeur… Tome 2, Paris, Armengaud, 1862. Chap. « Moteur Lenoir », p. 441-455. – En ligne sur Gallica.
Louis Lefebvre, « Étienne Lenoir, fils illustre de la Gaume », dans Bulletin trimestriel de l'Institut archéologique du Luxembourg, 1948, no 3-4, p. 64-66. 2 1/2 p. – Article repris entièrement dans J.-P. Monhonval.
Yves Le Gallec, « Les origines du moteur à combustion interne…, 4 : Le moteur à gaz de Lenoir », dans Techniques et Civilisations, 1951, vol. 2, fasc. 7, p. 30-38.
E.-P. Fouss, « Etienne Lenoir 1822-1900. Inventeur du moteur à gaz », dans Le Pays gaumais, 1959, no 1-4, p. 93-108. – Article repris en partie dans J.-P. Monhonval.
Recense notamment la plupart des inventions de Lenoir, une liste reproduite dans J.-P. Monhonval, p. 27-29, citant comme source à ladite liste Description des machines, 1850-1884, 1874-1889.
Jacques Ickx, Ainsi naquit l'automobile, Lausanne, Edita, 1971. 2 vol.
(en) David Burgess Wise, « Lenoir : The Motoring Pioneer », dans Ian Ward (dir.), The World of Automobiles, Londres, Orbis, 1974, p. 1181-1182.
Jean-Pierre Monhonval (préf. Christian Calmes, André Desvallées et Jacques Planchard), Étienne Lenoir : Un moteur en héritage, Virton, Musée Gaumais - Direction générale de la Culture du Ministère de la Communauté française, , 123 p.
Publié à l'occasion du 125e anniversaire du moteur Lenoir.