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Pierre dit Fernand Forest est un inventeur français, né à Clermont-Ferrand le 13 octobre 1851[1] et mort à La Condamine (Monaco) le 12 avril 1914.
Spécialiste de la propulsion, il a joué un rôle important dans l'histoire de l'automobile. Il est notamment considéré comme l'un des précurseurs du moteur à explosion. S'il a lui-même principalement expérimenté ses créations mécaniques sur des bateaux, leurs applications ont concerné non seulement la navigation à moteur, mais aussi l'automobile et l'aviation.
Il est aussi l'inventeur de la roue à rayons tangents, même s'il n'a jamais pu tirer bénéfice de cette invention[2].
Fils d'Étienne-Félix Forest, un tapissier âgé de 23 ans, et de Marguerite Lamur[1], il devient très jeune ouvrier dans une coutellerie à Thiers. Il déclarera plus tard dans une interview au journal Lecture pour tous : « Je n'ai pas traîné sur les bancs où l'on étudie […] À 14 ans et demi, je quittai l'école primaire et entrai comme apprenti dans une coutellerie à Thiers […] la mécanique hantait mon sommeil[3]. » Quelques mois plus tard, il entame un apprentissage de mécanique à Clermont-Ferrand.
En 1868, il n'a que 17 ans et rejoint Paris, où il réussit à se faire embaucher comme ouvrier chez le constructeur de locomotives et de matériel agricole Cail. Talentueux, il se voit promu contremaître en seulement trois ans.
Vers 1871, il quitte Paris pour un tour de France, où il parfait son enseignement auprès d'artisans. En 1874, il revient à la capitale, où il suit les cours du Conservatoire national des arts et métiers. Il travaille le soir à ses inventions avec « le petit outillage de mécanicien [qu’il] avait conservé à grand peine[3] ».
S'il avait jusque-là travaillé indépendamment à ses inventions dans ses ateliers du quai de la Rapée à Paris ou à Maisons-Alfort[4], en 1874, il s'associe à Victorien Renard pour fonder une fabrique de cycles qui se révélera être un échec. C'est avec lui qu'il déposera son premier brevet le 2 octobre 1875 (addition du 31 décembre 1875), concernant un système de vélocipède géant à grande vitesse[5].
En 1880, il épouse Victorine Surugue, avec qui il a six garçons :
Tout au long de sa vie, Fernand Forest crée des inventions et dépose des brevets pour dix-sept d'entre elles mais, faute de pouvoir payer les redevances pour ceux-ci, il ne connaît jamais la fortune.
Il fonde en 1889 avec Stanislas Dominique Gillet l'entreprise de construction automobile Gillet-Forest.
En 1907, ruiné, il quitte ses ateliers parisiens[6] pour s'installer avec sa famille à Suresnes[7],[8], où ses meubles et outils sont saisis les 12 et 16 juillet 1909. Le 5 avril 1910, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[9].
Le 12 avril 1914, lors d'une démonstration de canot à Monaco, son embarcation La Gazelle heurte des rochers sous-marins. Fernand Forest meurt d'une attaque cérébrale causée par le choc émotionnel, à l'âge de 63 ans. Après des funérailles à Monaco, sa dépouille est transférée au cimetière Voltaire de Suresnes, où il repose[10], dans une concession à perpétuité offerte par la municipalité ; elle octroie aussi une rente à sa veuve[11],[8].
Si seules les dates des inventions pour lesquelles il a déposé un brevet sont connues, son dossier légionnaire[9] témoigne des inventions suivantes :
S'il n'a jamais connu la fortune, la diffusion de ses inventions connaît un succès impressionnant. 135 des 156 exposants du Salon de l'automobile à Paris en 1901 sont titulaires de licences Forest. Il est cependant peu reconnu par ses pairs.
En 1889, Fernand Forest obtient la médaille d’argent à l’Exposition universelle de Paris[9]. En 1890, on lui décerne la médaille de vermeil au Salon des arts décoratifs de Paris[9]. En 1891, hors concours, il est membre du jury de l’exposition du travail de Paris[9]. En 1904, Fernand Forest reçoit la Grande médaille du Yacht Club de France et la Grande médaille d’or de l’association Taylor, qui n’a été décernée que trois fois depuis la création de l’association[9]. Le 7 juin 1913, Fernand Forest reçoit le prix Corbay : il s’agit d’un prix annuel destiné à récompenser celui qui aura produit l’œuvre la plus utile dans l’ordre des sciences, des arts, des lois, de l’agriculture, de l’industrie ou du commerce[9]. Le 8 avril 1910, il est reçu chevalier de la Légion d'Honneur par le préfet de Police[9] Louis Lépine, préfet de la Seine et inventeur du concours éponyme, qui est à l'origine de sa nomination. De nombreux amis, même concurrents comme le baron de Dion, interviennent pour que son talent et son travail soient reconnus.
Aujourd'hui, des rues de plusieurs villes portent son nom (Suresnes, Mitry Mory, Limay, Perpignan). Une place de Paris porte son nom, dans le 15e arrondissement. Le lycée professionnel de Saint-Priest porte également son nom.
Un timbre postal a été édité à Monaco en 1974.
Un monument à sa gloire constitué d'un buste sculpté a été érigé à Clermont-Ferrand, aujourd'hui conservé au sein du musée Bargoin. Celui-ci a été financé par une souscription publique sous forme de vente de médailles, dont un exemplaire est aujourd'hui conservé dans les collections du musée d'histoire urbaine et sociale de Suresnes (MUS).
Un autre monument, réalisé par le sculpteur Georges Dubois, son ami, se trouve dans le hameau de Lozère à Palaiseau. Le buste est conservé par la Société des amis du vieux Palaiseau, tandis que le plâtre préparatoire appartient au musée d'histoire urbaine et sociale de Suresnes, qui lui a également consacré une exposition intitulée « Inventer l'automobile : Fernand Forest et les constructeurs de la boucle de la Seine », du 17 septembre 2015 au 27 mars 2016[16].
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