L'élection présidentielle slovaque de 2019 a lieu les 16 et afin d'élire le président de la Slovaquie. Le président sortant Andrej Kiska n'est pas candidat à sa réélection[1],[2].
Aucun candidat n'ayant recueilli plus de 50 % des suffrages au premier tour, un second est organisé deux semaines plus tard entre la candidate anti-corruption et pro-européenne du centre (PS) et de la droite (Sas, OĽaNO), Zuzana Čaputová, arrivée en tête du premier tour avec 40,6 %, et le candidat du gouvernement de centre gauche (SMER-SD) Maroš Šefčovič, ancien commissaire européen arrivé deuxième avec 18,7 % des suffrages.
Zuzana Čaputová remporte le second tour avec une large avance, réunissant plus de 58 % des suffrages. Le second tour connait par ailleurs la plus basse participation à une élection présidentielle qu'ait connu le pays, seuls 41,79 % des Slovaques s'étant rendus aux urnes. La passation du pouvoir le voit Čaputová devenir la première femme ainsi que la plus jeune personne à accéder à la présidence en Slovaquie[3].
Contexte
L'élection se déroule un peu plus d'un an après que d'énormes manifestations pacifistes, faisant suite à l'assassinat de Ján Kuciak et de sa fiancée Martina Kušnírová, aient fait tomber le Gouvernement Fico III. Ján Kuciak était un journaliste d'investigation qui enquêtait sur les liens entre la 'Ndrangheta (la mafia calabraise) et plusieurs hommes d'affaires et hommes politiques slovaques, dont le ministre de l'intérieur en poste début 2018 Robert Kaliňák. Son enquête était probablement la raison pour laquelle Kuciak et Kušnírová ont été assassinés chez eux fin . L'absence de réaction sincère de la part du président du gouvernement Robert Fico — connu pour ses déclarations extrêmement violentes et ses insultes envers les journalistes[4] — et des soupçons d'entrave à la justice de la part de Robert Kaliňák[5], ont provoqué de gigantesques manifestations pacifistes dans tout le pays, les plus grandes qui aient eu lieu depuis la Révolution de Velours de 1989[6]. Cela a amené la démission de Kaliňák le puis celle de Fico le suivant, et donc de fait la chute du gouvernement. Cela a très fortement accentué le discrédit du SMER, le parti politique de Fico, déjà usé par 10 ans de pouvoir[7].
Mode de scrutin
Le Président de la République slovaque est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans. Son rôle est largement symbolique, le pouvoir exécutif étant détenu par le premier ministre. Le président dispose cependant d'un droit de veto, ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées[3].
Maroš Šefčovič reconnait sa défaite dès l'annonce des résultats, déclarant « Je viens d’appeler Mme Čaputová pour la féliciter de sa victoire. Je lui envoie un bouquet de fleurs parce que la première femme présidente de la Slovaquie mérite un bouquet »[3].
Zuzana Čaputová, qui doit entrer en fonction le suivant, prononce quant à elle un discours dans lequel elle appelle les Slovaques à s’unir. « Cherchons ce qui nous unit, plaçons la coopération au-dessus des intérêts personnels ». « Pour moi, cette élection a prouvé que l’on peut gagner sans attaquer ses adversaires et je crois que cette tendance se confirmera lors des élections au Parlement européen et des législatives slovaques l’année prochaine ». La candidate avait lors de la campagne pris fermement position contre la corruption, ainsi que pour la protection de l’environnement, le soutien aux personnes âgées et une réforme de la justice qui priverait « les procureurs et la police de toute influence politique »[3].