La circonscription de l'Église catholique en Suède et des circonscriptions limitrophes
L'Eglise catholique en Suède (en suédois : « katolska kyrkan i Sverige ») est présente par un unique diocèse dont le territoire correspond à l'ensemble du pays : le diocèse de Stockholm.
Vers la fin du XIe siècle, la religion chrétienne s'est implantée sur les bords du lac Mälar et dans la région d'Uppsala, centre politique et religieux du royaume.
En 1350, l'intendante de Suède, Brigitte de Suède s'installe à Rome où elle meurt le . Elle est canonisée en 1391, puis proclamée en 1999 co-patronne de l'Europe.
En 1524, l'archevêque d'Uppsala, MgrTrolle, qui a été déchu par le parlement suédois (Riksdag) est remplacé par le prêtre catholique Johannes Magnus. Le roi Gustav Vasa demande au pape Clément VII de confirmer la nomination, mais, dans un premier temps, il souhaite le retour de MgrTrolle, puis un an plus tard, donne son accord.
En 1525, le pasteur luthérien Olaus Petri se marie, démontrant le consentement du roi Gustav Vasa à l'abolition du célibat de la prêtrise et violant l'interdiction du mariage des prêtres par l'Église catholique.
Le roi Gustav Vasa annonce son projet d'introduire la réforme en Suède(en). Il supprime la presse imprimée catholique en 1526 et prend deux tiers de la dîme de l’Église catholique, ce que désapprouve Magnus qui est envoyé en mission diplomatique en Russie.
En 1527, pour augmenter les revenus royaux, le roi Gustav Vasa nationalise les biens du clergé catholique (suppression des monastères, Réduction de Gustave Ier de Suède(en)). Les descendants des donateurs ont pu les récupérer gratuitement. Cela entraîne l’asphyxie économiques des monastères, puis leurs fermetures après l'interdiction qui leur a été faite d'accepter des novices.
Cependant, la sœur du roi, Anna, qui est religieuse à l'abbaye de Vadstena, bénéficie d’une exception : l'abbaye est autorisée à recevoir des novices après accord du roi. Les religieuses et religieux sont libres de rompre leurs vœux, de quitter l'abbaye et de se marier, comme l’abbesse Birgitta Botolfsdotter (Birgitta Botolfsdotter(en)).
Les catholiques se révoltent pour la première fois, sans succès. À chaque rébellion, il est question de problèmes religieux (bien que la charge fiscale de plus en plus lourde soit un problème beaucoup plus grave).
En 1529, le synode luthérien d'Örebro(en) tente de décourager sans les interdire, le rite catholique, le culte des saints et les pèlerinages qui sont déclarés comme symboliques. Les sermons des prêtres et des moines sont soumis au contrôle de l'État suédois.
La foi catholique demeure cependant très forte en Suède, Gustav décide donc d'aller doucement et de passer par l'éducation dans un premier temps, afin d'instaurer sa réforme[10].
La saisie et la dégradation de l'ensemble des propriétés de l'Église provoquent la colère des catholiques ainsi que leurs protestations contre l'introduction du luthéranisme (Réforme de Suède(en)). Le peuple demande la restauration des anciennes coutumes catholiques[11]. En avril 1529, l'huissier du roi à Nydala, dans le Småland, est assassiné. Peu après, le maire de Jönköping, Nils Arvidsson, enlève la sœur du roi, Margareta Vasa(en), mais elle est libérée et la rébellion est écrasée en juin 1529 avec l’exécution de deux chefs catholiques rebelles (voir Westrogothian rebellion(en))..
En 1531, lors du concile d'Uppsala, le roi Gustav Vasa propose de nommer le frère du pasteur Olaus Petri, le pasteur Laurentius Petri, comme archevêque luthérien d'Uppsala. Le , Laurentius Petri est sacré archevêque selon le rite catholique par l'évêque luthérien de Västerås, Peder Månsson, sans consentement ni confirmation du pape. Plus tard dans l'année, Laurentius Petri épouse une fille du cousin du roi, Elisabeth Didriksdotter.
L’opposition restant forte, Gustav n'ose pas faire passer de réformes radicales.
En 1531, pour payer sa dette aux marchands de Lübeck, le roi Gustav Vasa réquisitionne les cloches des églises catholiques, provoquant un soulèvement des paysans où plusieurs furent tués (troisième Révolte des dalecarliens(en)). Plusieurs dirigeants catholiques rebelles sont exécutés au début 1534. Le dernier diocèse catholique, le diocèse catholique de Västerås est dissous.
Le père Magnus voyage jusqu'à Rome et est consacré archevêque d'Uppsala en 1533, pour finir par ne plus jamais rentrer en Suède.
La Diète proclame la Suède « Royaume évangélique ». Le luthéranisme devient obligatoire et les catholiques se révoltent sans succès pour la cinquième et dernière fois. Plusieurs usages catholiques sont interdits comme l'eau bénite, l'encens, le culte des saints, la messe de requiem et de nombreux jours fériés sont abolis. Le roi Gustav Vasa et ses successeurs sont désignés comme étant le premier membre de Église luthérienne de Suède, mais pas le « summus episcopus » contrairement aux princes allemands[13]. Le roi autorise de nouveau les religieuses et religieux à rompre leurs vœux, de quitter leur abbaye et de se marier. Alors que les moines catholiques convertis au luthéranisme, deviennent médecins, pasteurs ou enseignants, les religieuses ont rarement un autre choix que de se marier et restent plus souvent que les moines. L'abbaye de Skänninge(en) est fermée. Certaines de ses sœurs vont à l'abbaye de Vreta.
En 1549, la majorité des moines sont expulsés de la partie masculine de l'abbaye de Vadstena qui ferme en 1555, ne laissant ouverte que la partie féminine.
En 1560, le roi Gustav meurt, laissant la place au règne d'Éric XIV qui suit la réforme de son père : les coutumes catholiques ne sont pas considérées comme contraires au luthéranisme.
En 1563, le concile catholique de Trente déclare la Bible comme source officielle de toutes les doctrines chrétiennes, le contraste entre l'ancien et le nouvel enseignement devient alors plus évident ; dans de nombreux pays un parti central émerge avec pour but un compromis afin de revenir vers l'Église catholique.
Le roi luthérien Jean III prend des mesures pour que l'Église de Suède redevienne l' « église apostolique » d'autrefois et remet au goût du jour la « foi catholique suédoise ».
En 1574, le roi Jean III organise un synode à Stockholm afin d'adopter certains articles qu'il encadre lui-même, mais les luthériens s'opposent, créant une lutte liturgique(en). En , lors d'un autre synode, le roi Jean III présente une nouvelle ordonnance ecclésiastique, la Nova Ordinantia, encore très proche de la liturgie de l’Église patristique, mais est acceptée avec beaucoup de mauvaise volonté. En 1575, les abbayes ont le droit de recevoir des novices.
En dépit de l'opposition du duc Charles et des luthériens, ces mesures sont adoptées par le gouvernement suédois en 1577. Elles encouragent grandement le parti catholique en Europe, et Jean III est plus tard convaincu d'envoyer une ambassade à Rome afin d'ouvrir les négociations pour la réunification de l’Église Suédoise avec le Saint-Siège.
Le jésuiteAntonio Possevino est envoyé à Stockholm pour compléter la conversion de Jean.
Celui-ci accepte d'embrasser la foi catholique uniquement sous certaines conditions, qui ne seront jamais remplies, et ces négociations caduques ont pour seul résultat la fureur des luthériens qui s'opposent encore davantage à la nouvelle liturgie, dont l'usage par toutes les congrégations du royaume sans exception, est néanmoins décrété par le Riksdag en 1582[11].
L'université d'Uppsalla est fermée quelque temps plus tard.
Durant cette période, le duc Charles et ses amis protestants sont en sous-nombre face aux promoteurs des médias (?).
L'ordonnance ecclésiastique de 1571 est définie par le parlement suédois (Riksdag) en 1591.
En 1592, le roi luthérien Jean III trépasse, laissant le trône à son fils, Sigismond, un catholique roi de Pologne.
Conformément au statut de Kalmar(sv) signé par Sigismond, la Suède luthérienne conserve ses lois et ses coutumes.
La Suède peut jouir de sa religion sous réserve des changements que le Conseil privé peut y apporter, mais ni le pape, ni le Conseil ne peuvent revendiquer ou exercer le droit de libérer Sigismond de ses obligations envers ses sujets suédois.
En l'absence de Sigismond, la Suède n'est pas administrée par des Polonais, mais par un Conseil de sept Suédois, six élus par le roi et un par son oncle, Charlesduc luthérien de Södermanland, et chef de la Suède.
Aucune nouvelle taxe ne peut être perçue en Suède pendant l'absence de Sigismond, et la Suède ne peut, à aucun moment, être administrée depuis la Pologne.
Toute altération de ces articles nécessite le consentement de Sigismond, du duc Charles, des États et de la bourgeoisie suédoise.
Lorsque le roi catholique Sigismond découvre le synode d'Uppsala, il considère ce rassemblement comme une atteinte à ses prérogatives. À son arrivée en Suède, il essaye d'abord de gagner du temps en confirmant ce qui avait été fait. En 1594, Sigismond promet que la Suède pourra continuer à garder sa confession protestante.
Déposé du trône suédois en 1599, le roi Sigismond tente de le récupérer par une guerre polono-suédoise (1600-1611), sans succès. Les catholiques suédois sont au mieux déportés, ou au pire exécutés.
En 1617, les derniers catholiques suédois refusant de se convertir au luthéranisme sont punis de mort[15]. La foi catholique quitte presque complètement la Suède contrairement à l'Angleterre, beaucoup plus tolérante, qui permet aux familles de conserver la foi catholique de manière semi-clandestine. De petits groupes demeurent fidèles à la foi catholique de leurs ancêtres et c'est pour eux que la congrégation de la Propaganda Fide institue en 1622 les Missions du Nord, confiées à trois nonces apostoliques, dont le nonce de Varsovie qui a le soin pastoral des missions de la Suède et du Mecklembourg.
En 1624, le maire Zackarias Anthelius et le secrétaire royal Göran Bähr sont tous deux condamnés à la peine de mort pour s'être convertis à la foi catholique.
En 1781, la « Loi sur la tolérance » (Acte de Tolérance(en)) du roi Gustave III accorde la liberté de culte aux étrangers catholiques et juifs qui viennent en Suède. Le Saint-Siège détache la Suède du vicariat et l'élève au rang de « préfecture apostolique », puis en 1783, de « vicariat apostolique de Suède ». Son premier évêque catholique est Nicolaus Oster.
D'après l'article IV de l'acte de succession de 1810, le roi et les membres de la dynastie doivent être protestants de « foi évangélique pure » (c'est-à-dire de l'Église de Suède). En 1860, la Suède décriminalise la conversion à la foi catholique.
En 1940, le droit de devenir fonctionnaire est ouvert aux non-luthériens. En 1951, une loi institue la liberté de religion : les Suédois ont le droit de quitter l'Église luthérienne.
La Suède est désormais fortement déchristianisée, elle compte 30 à 47% de sans-religions et les baptêmes sont en chute libre, tandis que la pratique de la confirmation luthérienne s'effondre.
En 2015, avec 113 000 catholiques (1,15 % de la population) dont seuls 10 000 catholiques sont d’origine suédoise, l'Église catholique en Suède est la quatrième confession religieuse après l'Église luthérienne suédoise (63,2 %), l'islam (5,1%) et les orthodoxes (1,2 %). L'Église catholique en Suède dispose d'un évêque, MgrAnders Arborelius (cardinal depuis le ), qui siège à la cathédrale Saint-Éric de Stockholm et de 73 prêtres qui portent leur ministère dans 45 paroisses et il y a plus de 300 religieux et religieuses presque tous d'origine étrangère, dont quelques cisterciens français.
Références
↑Annuario pontificio 2011, Città del Vaticano, 2011.
↑(en) Michael Roberts, The Early Vasas: A History of Sweden 1523–1611 (1968); Jan Glete, War and the State in Early Modern Europe: Spain, the Dutch Republic, and Sweden as Fiscal-Military States, 1500–1660 (2002)