Après son titre de championne du monde acquis en 1998, la France va confirmer son statut de meilleure équipe du monde à l'occasion de l'Euro 2000. Toujours aussi solide défensivement, elle propose un football plus offensif qu'en 1998 grâce à l'éclosion d'attaquants tels que Zinédine Zidane, Thierry Henry, David Trezeguet, Nicolas Anelka, Robert Pirès ou encore Sylvain Wiltord. Sur le banc, Jacquet a cédé sa place à son adjoint de 1998, Roger Lemerre.
Décevante lors de ses matchs préparatoires, les Bleus sont entourés d'un certain scepticisme au moment d'aborder la Coupe du monde, et la contestation médiatique autour du sélectionneur national Aimé Jacquet est à son comble. Mais la France ne va pas passer à côté de son rendez-vous. Après un premier tour rondement mené, les Bleus se défont dans la douleur du Paraguay, de l'Italie et de la Croatie, avant de finir en apothéose contre le Brésil.
Devenu héros national après avoir été tant contesté, Aimé Jacquet quitte ses fonctions de sélectionneur au soir de la finale. Il est remplacé par son adjoint Roger Lemerre, qui conduit donc l'équipe de France dans les premiers matchs des éliminatoires pour l'Euro 2000. On notera notamment en fin d'année la première victoire de l'histoire des Bleus en terre russe.
Les Français enchaînent ensuite avec les éliminatoires pour obtenir leur place à l'Euro 2000. Malgré quelques résultats décevants, les Français arrachent leur qualification.
L'UEFA, pour déterminer les quatorze qualifiés au Championnat d'Europe de football 2000, organise une épreuve, répartie sur deux années, qui met aux prises les membres de l'UEFA. Répartis dans huit groupes de six et un groupe de cinq, ces éliminatoires se jouaient en un tournoi sur la base des matchs aller-retour. Les neuf vainqueurs de groupe, le meilleur deuxième et les quatre vainqueurs des barrages entre les autres deuxièmes de groupe, se sont qualifiés pour l'Euro 2000 en Belgique et aux Pays-Bas, dont les équipes étaient déjà qualifiées d'office.
Au sein du groupe 4 des éliminatoires, l'équipe de France se qualifie dans la douleur pour l'Euro 2000. Accrochés par l'Ukraine, défaits à domicile par la Russie, le but de la victoire à quatre minutes de la fin contre l'Andorre, les Bleus doivent attendre le mois d'octobre et une courte victoire contre l'Islande, conjuguée à un match nul quasi-miraculeux de l'Ukraine à Moscou, pour se qualifier. À l'issue de cette soirée, Youri Djorkaeff déclara « il faut savoir passer du caviar au pâté ».
L'année 1999 est également marquée par une victoire historique au Wembley Stadium. Au terme d'un match parfaitement maîtrisé, l'équipe de France bat l'Angleterre chez elle pour la première fois de son histoire.
La France et les Pays-Bas apparaissent rapidement comme les favoris du groupe D[B 1]. Lors de son premier match face au Danemark, la France rappelle le score de l'été 98 (3-0) face à l'équipe supposée la plus faible du groupe[B 2]. Vient ensuite la République tchèque, Henry inscrit son second but en deux matchs et permet à l'équipe de l'emporter (2-1)[B 3]. Dans le dernier match face aux Pays-Bas, la finale pour la première place, les Bleus s'inclinent (3-2) malgré un bon Patrick Vieira qui muselle Edgar Davids[B 4].
En demi-finale, elle élimine le Portugal sur le même score (2-1), grâce au but en or, un penalty transformé par Zidane à la 117e minute.
Le match fut marqué par une incroyable performance de Zidane, multipliant les gestes les plus impressionnants avec une aisance remarquable, mais aussi par une polémique. Le penalty de la victoire fut concédé par les Portugais après une main d'Abel Xavier, la décision de l'arbitre fut vivement contestée, la main n'ayant rien d'intentionnel selon le défenseur fautif.
Le match commence par des occasions nettes de chaque côté avec Maldini qui intervient juste devant Djorkaeff sur un centre d'Henry dès la première minute, puis un corner de Fiore pour la tête mal ajustée de Totti (4e), et surtout, un ballon de Henry que Toldo croit anodin et laisse heurter la base extérieure de son poteau (6e). Après encore quelques occasions, la physionomie attendue de ce match prend forme, avec des Italiens soucieux de défendre à huit et rapides à la riposte en fonction des zones de récupération du ballon. Zidane bien pris par le milieu italien, Djorkaeff peu en vue sinon dans son replacement nécessaire face aux montées de Maldini, Henry souffre de solitude. Mais seul contre six, il trouve le moyen de prendre de vitesse la patrouille pour arracher un carton jaune à Di Biagio avant que le coup franc soit mal négocié (31e)[B 5].
Alors habituée à de gros débuts de secondes périodes, la France obtient deux occasions grâce à deux combinaisons de Henry et Zidane. À la 50e minute, Zoff réagit et remplace Fiore par Del Piero[B 5]. L'Italie pousse soudainement et provoque deux corners d'affilée. Sur l'un d'eux, Zidane et Lizarazu se font prendre par une talonnade de Totti qui isole Pesotto sur le flanc droit, le centre du Turinois ne peut être coupé ni par Desailly, ni par Blanc et Delvecchio plonge aux six mètres pour finir le travail (1-0, 56e). Trois minutes plus tard, Del Piero manque de doubler la mise sur une frappe trop croisée. Alors que Pirès attend de rentrer avant le but, c'est finalement Wiltord qui remplace Dugarry (58e). Del Piero manque une seconde occasion face à Barthez qui arrête sa frappe (84e). Lemerre et la France finissent le match avec Trezeguet-Henry-Wiltord devant, Pirès entrant à la place de Lizarazu (86e) et Blanc, sourd aux rappels de Desailly, investit le milieu de terrain. Alors que l'on joue la quatrième et dernière minute de temps additionnel, le banc italien est déjà debout, prêt à sprinter sur la pelouse pour sauter aux bras des héros de la Squadra. Il ne reste que quarante secondes à jouer et un dernier coup franc tiré depuis son camp par Barthez. Trezeguet dévie le ballon par delà Cannavaro, pour Wiltord à gauche des six mètres italiens. Il l’emmène de la poitrine, arme son pied gauche et égalise entre les jambes de Nesta et sous le ventre de Toldo[B 6].
Après cette égalisation inouïe, le rapport de force s'inverse. Henry se sert toujours de sa vitesse (95e), Zidane expédie son coup franc de peu au-dessus (101e), avant d'être contré sur une tentative de ciseau (102e). Puis, Pirès échappe à Cannavaro sur la gauche pour adresser un centre vers Trezeguet, dont la reprise de volée du pied gauche termine dans la lucarne de Toldo : but en or, le match est terminé[B 6].
Après la finale de la Coupe du monde 1998 et ses 20,6 millions de français devant TF1 (76 % de part de marché), record d’audience historique, on voit difficilement comment il serait possible de faire plus. En quart de finale face à l'Espagne, plus de 16 millions de français sont réunis devant leur télévision (64,6 % de part de marché). Dans les dernières minutes, ils sont plus de 19 millions à vivre le suspense de la fin du match (80,6 %). En demi-finale contre le Portugal sur France 2, la rencontre est suivie par 18,3 millions de fidèles (70,5 %), avec un pic d'audience à 20,5 millions pour le penalty victorieux de Zidane. C'est logiquement la finale face à l'Italie qui permet de dépasser l'audience de la finale France-Brésil ayant eu lieu deux ans plus tôt. TF1 retient 21 440 860 personnes (soit 77,5 % de part de marché), nouveau record de la télévision française, avec un pic à 24 873 510 pendant la prolongation[B 7].