Les élections régionales de 2022 en Basse-Saxe (en allemand : Landtagswahl in Niedersachsen 2022) se tiennent le , afin d'élire les 135 députés de la 19e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans. En application de la loi électorale, 146 députés sont finalement élus.
Grâce à la popularité personnelle du ministre-président, Stephan Weil, le SPD arrive en tête malgré son impopularité au niveau fédéral. La CDU, sa partenaire depuis cinq ans, réalise son plus mauvais résultat depuis , tandis que les Grünen, avec qui le SPD entend désormais s'allier, obtiennent leur meilleur score. L'AfD, victime de mauvais résultats au cours de l'année, double son score, et le FDP échoue, pour la première fois depuis , à franchir le seuil électoral.
Alors que plusieurs responsables du Parti social-démocrate et de l'Alliance 90/Les Verts (Grünen) se disent favorables à la constitution d'une « coalition en feu tricolore » avec le Parti libéral-démocrate (FDP)[3], ce dernier s'y déclare au contraire tout à fait opposé et refuse d'ouvrir des discussions préliminaires[4].
Le SPD et la CDU décident alors d'engager rapidement des entretiens exploratoires[5], qui se révèlent concluants deux semaines après le scrutin[6]. Les deux formations annoncent le être parvenues à un accord pour former une « grande coalition »[7]. Stephan Weil est réélu six jours plus tard pour un second mandat par 104 voix favorables[8].
Lors d'une réunion du conseil des ministres le , la date des élections est fixée au [9].
Chaque électeur dispose de deux voix : la première lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription, selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le land comptant un total de 87 circonscriptions ; la seconde voix lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du land.
Lors du dépouillement, l'intégralité des 135 sièges est répartie à la proportionnelle des secondes voix récoltées, entre les partis ayant recueilli au moins 5 % des suffrages exprimés au niveau du land. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci.
Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires et la taille du Landtag est augmentée par des mandats complémentaires distribués aux autres partis pour rétablir une composition proportionnelle aux secondes voix.
Campagne
La commission exécutive du Parti libéral-démocrate (FDP) investit sa tête de liste le lors d'une réunion à Brunswick, choisissant à l'unanimité le président du groupe parlementaire et de la fédération régionale du parti Stefan Birkner(de), déjà chef de file lors des deux scrutins précédents[11].
Le ministre-président sortant, Stephan Weil, est choisi par le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) comme candidat à sa succession et à un troisième mandat consécutif le . Ce jour-là, l'assemblée régionale des délégués approuve sa candidature par 188 voix pour et aucune opposition ou abstention, soit un soutien de 100 % des suffrages exprimés[15].
Die Linke désigne le Jessica Kaussen comme cheffe de file électorale, lors d'une réunion de son assemblée régionale à Hanovre. Celle-ci l'emporte par 68 voix sur 119, soit 57 % des suffrages exprimés, contre Franziska Junker, perçue comme la favorite jusqu'à la tenue du scrutin[16].
Lors d'une réunion à Dötlingen le , l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) porte son choix sur Stefan Marzischewski-Drewes pour conduire sa campagne. Le président régional du parti, Frank Rinck, avait décidé de ne pas présenter sa propre candidature. Bien qu'elle ait remporté neuf députés en 2017, l'AfD ne dispose plus de groupe parlementaire depuis , à la suite des dissidences de trois de ses élus[17].
En dépit de la perte de popularité du gouvernement fédéral, dirigé par le social-démocrate Olaf Scholz, le Parti social-démocrate arrive en tête, s'appuyant sur l'estime dont bénéficie le ministre-président, Stephan Weil[22]. Remportant 57 circonscriptions sur les 87 en jeu, les sociaux-démocrates ne pourvoient aucun siège avec leur liste de candidats, ce qui empêchent la réélection au Landtag de la ministre des Affaires sociales, Daniela Behrens, battue dans sa circonscription et en deuxième position sur la liste[23].
Les Verts rencontrent le succès. Ils obtiennent le meilleur score de leur histoire régionale, avec une pointe de déception étant donné qu'ils atteignaient 20 % d'intentions de vote au cours de l'été, et remportent pour la première fois trois mandats de circonscription, à Hanovre, Göttingen et Lunebourg. Ces élections sont également une réussite pour l'Alternative pour l'Allemagne, qui parvient à presque doubler son résultat de , alors que des tensions internes suivies de dissidences lui avaient fait perdre son statut de groupe parlementaire et que les précédents scrutins tenus en avaient apporté des résultats décevants[22],[23].
À l'inverse, l'Union chrétienne-démocrate pâtit de la campagne de son chef de file, Bernd Althusmann, dirigée contre la coalition au pouvoir au niveau fédéral et réalise son plus mauvais résultat depuis . Plusieurs ministres sortants sont battus au scrutin uninominal, mais conservent leur mandat grâce à la liste régionale. Le résultat du Parti libéral-démocrate est encore plus décevant, puisque pour la première fois depuis , il se trouve exclu du Landtag, faute d'avoir franchi le seuil électoral des 5 % des suffrages exprimés[22],[23].
Le président régional de la CDU, Bernd Althusmann, démissionne de ses fonctions, tandis que son président de groupe parlementaire remet ses fonctions à disposition de la direction du parti[22]. L'ensemble du comité directeur du FDP, à commencer par son président depuis plus de dix ans, Stefan Birkner, fait de même[25].
Dès le lendemain du scrutin, le SPD et les Grünen dit vouloir ouvrir des discussions exploratoires afin d'envisager un gouvernement conjoint[26]. Après deux semaines d'entretiens préliminaires, les deux partis ouvrent le des négociations de coalition[27]. À peine cinq jours plus tard, le Parti social-démocrate et Les Verts annoncent le succès de leurs échanges et avoir conclu un pacte de coalition[28].
Après que leurs congrès respectifs ont ratifié l'accord, les directions du SPD et des Grünen le signent formellement le [29]. Le lendemain, Stephan Weil est réélu ministre-président par le Landtag pour un troisième mandat, par 82 voix pour et 63 contre, un député étant absent, recevant une voix de plus que le total de sa coalition[30]. Il forme ainsi son troisième gouvernement.