Cette élection présidentielle est organisée à l’issue du deuxième mandat du président sortant Alpha Oumar Konaré, dix ans après l’instauration de la démocratie au Mali. Ce dernier n'est pas candidat dans la mesure où, selon la Constitution, il ne peut briguer un mandat supplémentaire.
Si l'élection présidentielle de 1997 s'étaient déroulées dans un climat très tendu entre le parti au pouvoir, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-PASJ) et l’opposition (qui, regroupée au sein d’un collectif, décide de boycotter les élections), le climat politique quelques années plus tard s'est progressivement détendu avec notamment l’organisation du forum politique national en janvier 1999 et l’élaboration d’une nouvelle loi électorale.
Ainsi, pour les élections présidentielle et législatives de 2002, l’ensemble des partis prennent part au scrutin.
Au sein du parti présidentiel, la succession d’Alpha Oumar Konaré entraîne des divisions. Ainsi l’ancien Premier ministre et président de l’Adéma-PASJ, Ibrahim Boubacar Keïta, quitte le parti pour fonder le Rassemblement pour le Mali le . Puis, une fois que Soumaïla Cissé est investi candidat du parti, deux autres personnalités de ce dernier présentent leur candidature et sont en conséquence exclues : Mandé Sidibé, Premier ministre et Ahmed El Mandani Diallo.
La Cour constitutionnelle a enregistré 25 candidatures mais en a rejeté une, celle de Sidibé Awa Sanogo, unique candidate, pour défaut de paiement de la caution qui s’élève à 5 millions de francs CFA[2].
Les 24 candidats à l’élection présidentielle sont[3] :
Modibo Kane Kida, économiste et premier vice-président du Mouvement des populations libres, unies et solidaires/Rassemblement malien pour le travail et l'alternance (MPLUS/RAMATA).
Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre de 1994 à 2000, candidat du Rassemblement pour le Mali, soutenu par quatre autres partis politiques, la Convention Démocratique, la PMDD, le MPLO, le RDT.
Modibo Kane Kida, économiste, premier vice-président du Mouvement des populations libres, unies et solidaires/Rassemblement malien pour le travail et l'alternance (MPLUS/RAMATA).
Madiassa Maguiriraga, professeur d’Université, président-fondateur du Parti populaire pour le progrès
La loi électorale prévoit trois autorités compétentes pour l’organisation de l’élection[2] :
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui veille à la régularité du scrutin[2].
La Délégation générale aux élections qui est chargée « de l’élaboration et de la gestion du ficher électoral, de la confection et de l’impression des cartes d’électeur et du financement public des partis politiques »[2].
Le ministère chargé de l’Administration territoriale qui assure la préparation technique et matérielle, la centralisation et la proclamation des résultats provisoires[2].
D’autre part, le Comité national de l’égal accès aux média d’État (Cnéamé) veille, pendant la période de campagne électorale, à « l’égal accès aux média d’État des candidats, des partis politiques et des groupements de partis en lice »[4],[2].
Conformément à l'article 86 de la constitution, la Cour constitutionnelle statue sur la régularité de l'élection et proclame les résultats définitifs[2].
Déroulement de l'élection
Premier tour
Le premier tour a lieu le et a lieu dans le calme malgré l’ouverture en retard de certains bureaux de vote.
La publication des résultats du premier tour a été difficile, il a fallu plusieurs jours pour centraliser les résultats des bureaux de vote. Des irrégularités ont été contestées, anomalies constatées y compris par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) dans les méthodes de centralisation des résultats, notamment l’absence de procès-verbaux récapitulatifs et le traitement inéquitable des résultats entre les régions. Ce n’est que le que la Cour constitutionnelle proclame les résultats définitifs[5].
La Cour constitutionnelle invalide 541 019 bulletins évoquant « les compositions irrégulières, la distribution des cartes d’électeurs de manière frauduleuse, la non-sécurité des urnes, le vote par procuration illégal, le vote de personnes non inscrites, l’absence de signatures sur les procès-verbaux, l’influence sur le vote, l’existence de bureaux fictifs, et le fonctionnement irrégulier de bureaux de vote itinérant ». Elle considère cependant que ces irrégularités n’entraînent pas l’annulation du scrutin[5].
Résultat du premier tour de l’élection présidentielle[6]
Amadou Toumani Touré et Soumaïla Cissé sont qualifiés pour le second tour.
Ibrahim Boubacar Keïta, qui arrive en troisième position est donc éliminé. Il conteste ces résultats mais soutient Amadou Toumani Touré au second tour.
Second tour
La campagne est écourtée en raison de proclamation tardive des résultats définitifs du premier tour et en dure que deux jours[5].
Le scrutin se déroule le dans le calme mais avec une faible participation.
Les résultats connus le ne sont validés que le par la Cour constitutionnelle qui, après avoir annulé 268 216 suffrages, proclame Amadou Toumani Touré vainqueur avec plus de 65 % des suffrages[5].
Résultat du second tour de l’élection présidentielle
Le nouveau président Amadou Toumani Touré nomme un gouvernement de mission dirigé par le Premier ministre Ahmed Mohamed ag Hamani afin d'organiser « dans les délais constitutionnels et dans la transparence, les élections législatives »[7].
Des élections législatives ont lieu les et , où aucun parti ni aucune coalition n'obtient la majorité absolue.