À l’initiative des monarchistes et de certains bonapartistes, une proposition fut déposée appelant l’Assemblée à se prononcer « immédiatement au scrutin » sur le successeur de Thiers. Le député de gauche Émile Lenoël intervint pour déclarer que les députés ne pouvaient se prononcer sur un nom sans violer le règlement de l’Assemblée et qu’il fallait en conséquence passer par une proposition de loi comme lorsque Thiers avait été nommé en 1871 par l'Assemblée nationale réunie à Bordeaux[1]. Le légitimiste Audren de Kerdrel contesta cette analyse : il ne s’agissait pas d’une loi, mais d’une « élection » : « aujourd’hui l’institution est créée ; nous conservons les lois existantes », l’Assemblée n’ayant pas l’intention de créer un nouvel exécutif comme un « directoire » ou un « triumvirat »[2].
Le président de l’Assemblée nationale, Louis Buffet, expliqua qu'il s’agit simplement d'une « nomination ». En réponse au député de centre gauche Horace de Choiseul-Praslin, qui demandait « pour combien de temps sera-t-il nommé ? Sera-t-il irrévocable ? », Buffet indiqua que le successeur de Thiers « se trouverait exactement dans les conditions légales et constitutionnelles où se trouvait M. Thiers lui-même »[3].
Résultats
Résultats de l'élection présidentielle française de 1873[4],[2]
Mac Mahon fut élu grâce à la majorité monarchiste sortie des élections législatives de 1871 à la suite de la guerre franco-allemande. Son seul opposant fut l'ancien président de la Chambre des députés Jules Grévy, qui ne recueillit qu'une voix. Les députés de gauche (380 voix) ayant choisi de s'abstenir par rejet des deux candidats, Mac Mahon fut élu en un seul tour à une écrasante majorité (390 voix sur 391 suffrages exprimés).
Quand on vint informer le maréchal de Mac Mahon de son élection, son entourage n'eut aucun mal à le convaincre d'accepter sa nouvelle fonction. Il envoya sa lettre d'acceptation à l'Assemblée nationale le .
L'expression « élection de maréchal » est restée depuis lors pour désigner une élection à la quasi-unanimité.
↑Ludovic de Thy, L’écriture des lois constitutionnelles de 1875. La fondation de l’ordre constitutionnel de la IIIe République, Dijon, université de Bourgogne (thèse en droit public), , 411 p., p. 300-301.