Dans les années 1980, la vie politique à Wallis-et-Futuna est structurée autour « autour du duel fratricide entre un RPR dominant et vieillissant et une UDF comportant tous les opposants au député Benjamin Brial »[1].
Candidats
Benjamin Brial est député de Wallis-et-Futuna depuis 1967 (21 ans). Âgé et malade, c'est une figure politique majeure du Rassemblement pour la République qui domine localement, mais il concentre une nombreuse opposition à son encontre.
Kamilo Gata est un « ancien conseiller technique du RPR déçu par l'immobilisme de son parti d'origine »[1], qui décide de se présenter contre Benjamin Brial. Kamilo Gata participe avec l'étiquette divers droite.
Enfin, Joseph Maisueche, commerçant, participe à l'élection pour le Parti socialiste. Il a déjà participé à celle de 1986 aux couleurs du PS[1].
Résultats
Analyse
En raison des particularismes locaux, notamment la prévalence de la religion catholique et de la coutume, mais également de l'éloignement de Wallis-et-Futuna de la métropole (« Walilsiens et Futuniens suivent de très loin la politique nationale »[1]), l'appellation « socialiste » est vue comme synonyme de « laïcité » et donc « susceptible d'attenter aux valeurs spirituelles et coutumières locales »[1]. Les responsables coutumiers et religieux sont plutôt conservateurs, et influent sur les mauvais résultats du candidat socialiste Joseph Maisueche. D'autre part, ce dernier est un métropolitain (papalagi) et « ne possède pas le réseau familial indispensable dans un système électoral insulaire basé sur le clientélisme »[1].
L'opposition à Benjamin Brial se scinde en deux, entre la candidature traditionnelle de l'UDF et celle de Kamilo Gata. Cette situation permet à Brial d'être réélu[1].
Annulation de l'élection et recompositions politiques
Après les résultats serrés entre Benjamin Brial et Kamilo Gata, le RPR décide de se rapprocher de l'aile droite de l'UDF. Brial fait ainsi élire Basile Tui à la présidence de l'Assemblée territoriale le 11 décembre 1988 pour en faire son allié.
L'élection est contestée par Kamilo Gata le 23 juin 1988[3]. En effet, une partie importante des électeurs sont des Wallisiens et Futuniens résidant en Nouvelle-Calédonie ayant quitté leurs îles d'origine, et plusieurs centaines de procurations ont été établies dans des conditions douteuses. « Considérant qu'eu égard à l'écart de 281 voix qui sépare les deux candidats restés en présence au second tour, les irrégularités susmentionnées, par leur diversité et leur importance, ont été de nature à influer sur l'issue du scrutin »[3], le Conseil constitutionnel annule l'élection le 23 novembre 1988. Une nouvelle élection législative partielle se tient le 15 janvier de l'année suivante, remportée par Kamilo Gata[1].
Notes et références
↑ abcdefg et hFrédéric Angleviel, « Wallis et Futuna, 1981-1988. Nouveaux dynamismes et permanences insulaires », dans Jean-Marc Regnault, François Mitterrand et les territoires français du Pacifique (1981-1988), mutations, drames et recompositions, enjeux internationaux et franco-français, , p. 441-444