Au XIXe siècle, le quartier au-delà de la place de l'Étoile est fait de terrains vagues et de vergers qui petit à petit s'urbanisent. Sous l'inspiration d'un homme, le pasteur suisse d'origine huguenoteEugène Bersier, un projet naît d'implanter une présence protestante dans le secteur. En 1866, il emménage 216 boulevard Pereire, et anime des réunions religieuses dans une petite salle de Neuilly. Début 1868, un local plus grand est aménagé au rez-de-chaussée d'une maison située au no 45, avenue de la Grande-Armée[1]. Est organisé un conseil presbytéral et dès l'année suivante une école du dimanche. Le local s’avère rapidement trop petit, et en novembre 1869, le conseil décide de faire construire un vrai temple dans ce secteur[2].
Eugène Bersier fait le tour de ses connaissances et obtient des dons nombreux de familles protestantes. La guerre franco-allemande de 1870, le siège de Paris (1870-1871) puis la Commune de Paris ralentissent les projets, mais la construction débute sur un terrain situé presque en face du local précédent (côté numéros pairs).
Eugène Bersier est attaché à la liturgie et, influencé par sa mère anglicane, veut redonner un peu de faste anglican à la liturgie et aux lieux de culte des Églises réformées (calvinistes). C'est ainsi qu'il fait construire un temple dans un style qui n'est pas très protestant, mais qui ressemble fort à une église anglicane high church. L’architecte suédois William Hansen dessine un bâtiment dans un style néogothique[3]. Le , le temple est inauguré par les pasteurs Victor Eugène Durand-Dassier, Edmond de Pressensé et Roger Hollard, avec une prédication sur l'Évangile selon Matthieu 28 « Allez, et enseignez toutes les nations ». L'année suivante est inauguré un orgue par le facteur Cavaillé-Coll. Le théologien Auguste Sabatier est nommé directeur de l'école du dimanche.
En 1897, l’Église de l’Étoile édifie une antenne à Levallois-Perret, qui est développée par le pasteur Henri Monnier. Le est inauguré le temple de la Petite Étoile, sur des plans de l'architecte Charles Letrosne. Après la Première Guerre mondiale, un monument aux morts est élevé dans une chapelle latérale du temple de l’Étoile par Charles Letrosne, en collaboration avec le peintre protestant Gustave Louis Jaulmes.
En 1877 est fondée dans un bâtiment contigu du temple de l’Étoile, à l'angle de la rue Denis-Poisson, l’École professionnelle de jeunes filles de Paris. En 1921, l'architecte Charles Letrosne couvre la cour d'un préau. En 1926 est élevé un nouveau bâtiment. L'association crée un restaurant féminin et un cercle culturel en partenariat avec le Foyer de l'Ouvrière, qui ferme en 1990. L'école, appelée cours Jeanne d'Albret, ferme en 1993. Le bâtiment héberge ensuite la fondation Bersier, qui anime les sites Campus protestant, Musée protestant, Forum protestant et Méromédia[4],[5],[6]. Au sous-sol se trouvent les locaux de la radio Fréquence protestante[7].
En 1970, le pasteur Richard Sautter fait remplacer les portes en bois plein de l'avenue par des portes vitrées. La barrière du chœur, à la manière de celui du temple protestant du Foyer de l'Âme, est retiré dans les années 1980. Dans les années 1990, le pasteur Alain Houziaux organise des conférences importantes, une chorale est créée[1]. En 2008, le pasteur Louis Pernot installe des ruches sur le toit du temple[8],[9]. La paroisse s'inscrit dans le mouvement du protestantisme libéral[10].
L'orgue de l'Étoile possède 32 jeux répartis sur trois claviers, à traction mécanique, dont seul celui du Grand Jeu est assisté par une machine Barker. Un premier instrument a été construit par Aristide Cavaillé-Coll vers 1875, et comportait dix jeux sur deux claviers et pédalier – quatre au grand-orgue et six au récit. Il a été reconstruit sur trois claviers par Charles Mutin entre 1914 et 1917. Il est restauré de 2010 à 2017 et relevé de nouveau en 2022.
Organistes titulaires des grandes orgues du temple de l'Étoile
1875-1909
Madame Weber
1910-1968
Alexandre Cellier
1968-1994
Denise-Françoise Rogé (suppléante depuis 1958)
Depuis 1994
Liesbeth Schlumberger
Les jeux d'Aristide Cavaillé-Coll sont signalés par un astérisque. Les jeux d'anche sont en italique.
I. Grand Orgue (GO)
Bourdon*
16'
Montre*
8'
Flûte harmonique*
8'
Salicional*
8'
Bourdon
8'
Prestant*
4'
Plein Jeu
III rgs
Trompette
8'
II. Positif (PO - Expressif)
Principal
8'
Cor de Nuit
8'
Viola*
4'
Flûte
4'
Nazard
2' 2/3
Quarte de Nazard
2'
Tierce
1' 1/3
Basson/Hautbois*
8'
Trémolo
III. Récit (Expressif)
Quintaton
16'
Flûte harmonique
8'
Gambe
8'
Voix céleste*
8'
Flûte*
4'
Octavin
2'
Plein Jeu
IV rgs
Basson
16'
Trompette*
8'
Cromorne
8'
Clairon
4'
IV. Pédale
Contrebasse
16'
Soubasse
16'
Flûte
8'
Bourdon
8'
Basson
16'
Accessoires
Accouplements
Récit/GO - Récit/GO (sub-octave) - Récit/PO
Tirasses
GO - PO - Récit
Appels
Fonds GO et Pédale, Anches GO, Récit et Pédale
Action
Mécanique claviers et jeux (machine Barker au GO)
Architecture
Le temple de l'Étoile est de style style néogothique. La façade accueille une rosace, ornée d'une étoile dans sa partie supérieure. Elle est couronnée d’un fronton, lui-même surmonté d’une croix latine.
L'intérieur suit un plan en croix latine, à nef et transepts, voûté d'ogive avec clefs pendantes. La décoration est sobre, avec aucune statue ou décoration, mis à part des versets bibliques et des vitraux représentant une croix, la colombe du Saint-Esprit et une références aux deux espèces de la communion : une vigne et une gerbe de blé. Le plafond du chœur est bleu, parsemé d'étoiles dorées, en référence au nom du temple mais aussi à la tradition anglicane, comme à la chapelle royale de château de Hampton Court, édifiée par Henri VIII en 1530.
Une chaire monumentale aux boiseries travaillées est accrochée à gauche du chœur, comme à la cathédrale Saint-Pierre de Genève, ville du réformateur français Jean Calvin. Un plaque en marbre rend mémoire au pasteur Bersier.
Bibliographie
Catherine Giorgi (dir.), 150 ans : L’Église de l’Étoile, 150 ans de vie spirituelle et d'ouverture, Paris, Église protestante unie de l’Étoile, .