Découverte par les médias à l'occasion d'une affaire de mœurs impliquant plusieurs footballeurs, elle profite de sa notoriété pour se reconvertir dans le domaine de la mode, tout en multipliant les collaborations avec des artistes.
Biographie
Jeunesse
En Algérie, à l'école c'est une élève qui a des résultats satisfaisants. Son père est ingénieur dans l'énergie[3] et sa mère ne travaille pas. Ils se séparent[4]. À l'âge de dix ans, Zahia Dehar et son frère s'installent en France avec leur mère. Elle ne parle alors pas le français. Elle déménage souvent dont à Champigny-sur-Marne ou encore à Marseille. Sa scolarité est difficile[3]. Elle aimerait faire des longues études et en même temps se sent suffisamment ambitieuse pour réussir autrement. Elle découvre le monde de la nuit et commence à se prostituer à l'âge de seize ans[5], en selon les informations du Monde. Elle évolue rapidement dans le monde de la prostitution haut de gamme[6].
Zahia Dehar accède à la notoriété par le biais d'une affaire de mœurs — dite « affaire Zahia » — impliquant des joueurs de l'équipe de France de football[7] qui ont eu recours à elle comme escort alors qu'elle était mineure[8]. L'affaire éclate à l'occasion d'une enquête de la Brigade de répression du proxénétisme sur les activités d'Abousofiane Moustaid, dit « Abou Sofiane », un ancien candidat à Nouvelle Star devenu animateur d'une émission « people » sur la TNT[9] ; dans ce cadre, les autorités s'intéressent tout particulièrement au Zaman Café, un bar parisien dont une partie du chiffre d'affaires découlait de la prostitution. Après la fermeture administrative de l'établissement, les policiers auditionnent les prostituées qui y évoluaient. Ils découvrent alors que l'une d'elles, Zahia Dehar, a commencé à y travailler alors qu'elle était encore mineure et a par ailleurs prodigué ses services à plusieurs footballeurs[10],[11]. La jeune femme déclare notamment avoir rencontré Karim Benzema en en marge de la cérémonie des « Oscars du foot », et avoir rencontré Franck Ribéry le , dans un hôtel de Munich où elle et une autre escort avaient été envoyées rejoindre le footballeur, en guise de « cadeau d'anniversaire » pour ce dernier[10],[2].
Zahia Dehar est auditionnée à trois reprises en . En juillet de la même année, Franck Ribéry et Karim Benzema sont mis en examen pour « sollicitation de prostituée mineure »[11], un délit passible en France de plusieurs années d'emprisonnement[12]. Un autre membre de l'équipe des Bleus, Sidney Govou, est lui aussi auditionné ; il évite cependant les poursuites, l'enquête ayant fait apparaître que sa rencontre avec Zahia Dehar avait eu lieu après que celle-ci eut atteint la majorité[13].
La médiatisation de Zahia Dehar commence avec cette affaire. Très rapidement, son visage est révélé par les médias et de nombreuses photographies d'elle circulent sur le Web, jusqu'à faire de la jeune femme un véritable « phénomène Internet ». C'est d'abord Le Monde qui révèle son prénom, en l'appelant simplement « Zahia D. »[6],[14]. En , elle accorde une interview à Paris Match, qui révèle à cette occasion son nom complet. Elle y livre sa version de l'affaire et déclare entre autres « je me considère comme une escort girl, mais pas comme une prostituée » — la nuance tenant à ses yeux au fait qu'il lui est arrivé de fournir des services d'accompagnement sans avoir de relations sexuelles avec le client —, niant au passage avoir un souteneur ou appartenir à un réseau[2].
L'affaire se prolonge jusqu'au milieu des années 2010. Fin 2011, le parquet de Paris requiert un non-lieu pour au moins deux des six protagonistes de cette affaire[15] ; mais en , neuf personnes sont renvoyées par le juge d'instruction devant le tribunal correctionnel afin d'être jugées, parmi lesquelles Benzema et Ribéry pour « sollicitation de prostituée mineure »[16],[17].
Le , Karim Benzema et Franck Ribéry sont relaxés par la chambre correctionnelle de Paris, la cour estimant que Franck Ribéry ignorait que Zahia Dehar était mineure et que Karim Benzema a nié toute rencontre avec elle[18]. Cinq des autres prévenus — parmi lesquels Abou Sofiane, qui avait fait office d'entremetteur entre la jeune femme et les footballeurs — sont par contre condamnés pour proxénétisme[19]. Abou Sofiane fait appel et publie un livre dans lequel il clame son innocence et accuse Zahia Dehar d'avoir profité de son carnet d'adresses, tout en s'étendant sur les relations tarifées de la jeune femme[20]. En , la cour d'appel confirme sa condamnation et alourdit sa peine[21].
En , l'avocat d'Abousofiane Moustaid remet au parquet de Paris le témoignage d'une ancienne prostituée, qui affirme qu'elle et Zahia faisaient partie d'un réseau de proxénétisme dirigé par le marchand d'art suisse Yves Bouvier[22]. Le , Abousofiane Moustaid, dans l'émission Touche pas à mon poste réitére ses accusations. Le , les deux hommes[Qui ?] sont condamnés pour diffamation à verser solidairement 2000 euros de dommages et intérêts et 2000 euros de frais de justice[précision nécessaire][23].
Entre-temps, avant même la conclusion judiciaire de cette affaire, Zahia Dehar met à profit sa nouvelle célébrité pour quitter la prostitution[5].
Collaborations artistiques
En , l'édition américaine puis l'édition espagnole[n 1] du magazine de mode américain V[24] publie, sur une douzaine de pages en hommage à Brigitte Bardot[25], plusieurs photographies de Zahia Dehar réalisées à New York, marquant ainsi son retour dans les médias en forme de reconversion vers le mannequinat[26]. Afin d'exposer ses photographies, son site internet[27] est lancé officiellement le .
Fin , le photographe et réalisateur Greg Williams la met en scène dans un court-métrage futuriste intitulé Bionic[28]. Le mois suivant, Pierre et Gilles réalisent un tableau la représentant en Ève[29]. « D’un coup de foudre artistique et amical est née notre nouvelle Ève, Zahia magique et belle, innocente et lumineuse, elle est le modèle rêvé » déclarent les deux artistes[30] à propos de cette image. En , Alix Malka photographie Zahia ; la série de clichés est publiée dans l'édition italienne du magazine de mode américain Vanity Fair[31] ainsi qu'une interview[32].
Dans le dernier trimestre 2011, ses apparitions dans les médias se font plus rares : on l’aperçoit alors qu'elle est photographiée avec Christian Louboutin et Farida Khelfa[33],[34] lors d'une soirée d'inauguration organisée par le chausseur français en à la galerie du Passage-Pierre Passebon où elle exposera finalement quelques mois plus tard[35] pour l'exposition « Zahia de 5 à 7 »[36], ce qui a pour effet de relancer l’intérêt que lui porte la presse[37].
Après une brève éclipse, Zahia Dehar connaît un regain d'exposition médiatique au début de l'année 2012 :
une nouvelle série de photographies, réalisée par Karl Lagerfeld en [38], est publiée juste après le premier défilé de sa marque de lingerie[39]. Elle est photographiée par Ali Mahdavi, directeur artistique du Crazy Horse, en février à l’occasion d'un article que Françoise-Marie Santucci[40] lui consacre dans Libération « Next »[41]. Puis le même mois, Isabelle Adjani annonce son intention de produire un documentaire sur Zahia Dehar[42], en collaboration avec Farida Khelfa[43].
Une autre série de photographies est réalisée par la photographe Ellen von Unwerth après le second défilé de [44].
En , Zahia Dehar revient devant l’objectif d’Alix Malka pour le magazine 7 Holywood, paru le 15 du mois[45].
Du au , les photographes Pierre et Gilles exposent, à la galerie des Gobelins à Paris, une installation servant d'« enveloppe richement parée à un portrait de Zahia Dehar », réalisée pour cette occasion[46],[47],[48].
En , quelques heures avant les attentats de Paris, le couple d'artistes Pierre et Gilles publie sur leurs compte Facebook une photographie prise quelques mois auparavant où Zahia Dehar pose — dévêtue en Marianne —. Cette photographie sera ensuite reprise sur les réseaux sociaux comme réponse aux actes terroristes qui surviendront le soir-même [50].
En 2019, son interprétation du personnage de Sofia dans le film Une fille facile de Rebecca Zlotowski est bien accueillie par la critique. Elle se reconnaît de commun avec ce personnage un « même goût pour l’aventure et la liberté. J’admire ces femmes qui se fichent de la morale ». La réalisatrice indique que son actrice s'exprime « d'une manière extraordinairement élégante », avec « le phrasé d'un personnage d'un film d'Éric Rohmer »[51],[52],[53],[54],[55].
En 2010, plusieurs marques sont déposées à l'Office de l'harmonisation dans le marché intérieur (OHMI), dont : Zahia, Zahia Dehar, Pretty Zahia[56], Zahiadora, Zahiadise et A dream by Zahia[57]. Le prénom Zahia et plusieurs mots dérivés sont ainsi réclamés comme une propriété privée, pour plusieurs secteurs d'activités[58] comme les huiles de massage, les cosmétiques, les sacs de voyages, les bijoux, les préservatifs, ou la production de films et émissions de télévision[56],[59] ; la plupart de ces dépôts de marque, selon le site officiel de l'OHMI, ne donnent cependant pas lieu à des utilisations[n 2].
La première présentation de sa collection de lingerie[60] et « ligne de tenues d'intérieur légères, raffinées »[61] à tendance majoritairement de couleur rose[62] a lieu le [63] au palais de Chaillot à Paris pendant la semaine des défilés, en présence de nombreux professionnels et artisans de la mode[64]. Zahia Dehar clôture elle-même le défilé demi-nue dans la traditionnelle robe de mariée[65] en tulle décorée de pétales de fleurs de cerisier et brodée de strass Swarovski. Une seconde collection est présentée quelques mois après[66].
Le lancement des deux collections de lingerie[67] est financé par First Mark Investments, un fonds d'investissement domicilié à Hong Kong[68],[69] qui soutient les jeunes stylistes[70].
Vie privée
En 2022, elle réalise une vidéo d'appel à l'aide à la suite d'une relation difficile et révèle avoir fait une tentative de suicide[71].
2023 : Chanson Cinéma sur l’album Rien de personnel d’Elephantz
Notes et références
Notes
↑Elle fera la couverture de l'édition espagnole du magazine V.
↑Le site officiel de l'OHMI, organisme officiel européen dont la gestion de l'enregistrement des marques à cette échelle est l'unique fonction, n'associant pas d'adresse internet spécifique à chaque document qu'il publie via Internet, il n'est pas possible de lier l'information à sa source via la technique de l'hypertexte.
↑ a et bPar Catherine BalleLe 18 août 2019 à 07h53 et Modifié Le 18 Août 2019 À 11h39, « Zahia Dehar, une fille pas si facile », sur leparisien.fr, (consulté le ).
↑Le Point, magazine, « Les confessions de Zahia Dehar, de l'Algérie à Lagerfeld », Le Point, (lire en ligne, consulté le )
↑David Le Bailly, « Françoise-Marie Santucci : la nouvelle Elle », O, vol. supplément de L'Obs, no 1, , p. 84 à 89, « […] dont le principal coup médiatique, jusque-là, avait été de propulser Zahia en couverture de Next. […] Santucci prend sa plume, brodant dans un article fleuve une mythologie barthienne autour de Zahia. »
↑La photographie, ainsi que sa genèse, sont abordés in : Chloé Devis, Derrière l'objectif de Pierre et Gilles : Photos et propos, Éditions Hoebeke, , 155 p. (ISBN2842304683), p. 34 à 35.
Paquita Paquin, figure incontournable du Palace des années 1980 et ancienne journaliste à Libération, écrit un article à propos de l'exposition ayant lieu en février 2012 à la galerie de Pierre Passebon.