Elle est d'une famille d'artistes : son père Ilan (actuel directeur du théâtre Habima) et son frère Michael, son cadet de 6 ans, aujourd'hui à Berlin, sont également créateurs de théâtre et sa mère, Rachel Hafler, est actrice. Depuis la saison 2013-2014, elle est régisseuse au Théâtre Maxime-Gorki de Berlin[2],[3]. Elle est divorcée de l'acteur Yousef Sweid[4].
Biographie et style dramaturgique
Les pièces de Yael Ronen parlent souvent de regards croisés et de souffrances croisées israélo-palestiniens, et font souvent preuve d'un humour grinçant.
Ainsi, dans sa pièce Plonter (hébreu : פלונטר, Le bourbier), coécrite avec toute sa troupe[5], une rencontre privée entre deux couples, l'un israélien, l'autre palestinien, se termine par un fiasco car les seconds ne correspondent pas aux clichés de victimes du premier : "Comment, vous ne trimez pas toute la journée dans vos oliveraies ? Et vous ne mangez pas mon hoummous, parce que votre physiothérapeute vous prescrit un régime ? Je ne savais pas que vous aviez des physiothérapeutes."[6].
Plonter représente une innovation considérable dans le théâtre israélien, avec une équipe constituée de comédiens juifs et arabes, jouant tour à tour l’un et l’autre camp, en hébreu et en arabe[7].
Depuis Dritte Generation (3G) (Troisième génération), elle travaille aussi avec des comédiens de la Schaubühne am Lehniner Platz à Berlin[9],[10].
Sa pièce Hakoah Wien, liée à l'histoire de sa famille, réunit des comédiens allemands et autrichiens du théâtre (Schauspielhaus) de Graz ainsi que son frère, Michael Ronen[11]. Le Hakoah Wien (de l’hébreuהכוח (ha-kōaḥ) : « la force ») était un célèbre club de footballjuifviennois dont sont sortis plusieurs des fondateurs d’Israël. La pièce met en scène un jeune homme de ce club qui vise à rejoindre Tel Aviv dans les années 1930 et son petit-fils qui, en 2012, tâche d’obtenir un passeport autrichien pour échapper au service militaire.
Dans la réalité, le grand-père de Yaeli Ronen était un athlète au Hakoah Wien (SC Hakoah Vienne) et est parti en Palestine mandataire en 1936. Yaeli, Michael et Ilan Ronen ont des passeports autrichiens et Michael réside depuis au moins 2013 à Berlin après avoir habité à Londres[12], il est marié à la comédienne Irina Szodruch.
La pièce Niemandsland (No man's land), créée également au Schauspielhaus Graz, mixe plusieurs histoires liées à des situations de guerre ou d’après-guerre d’actualité ou récentes ; parmi les acteurs figurent Jasmin Avissar (qui est également la chorégraphe) et Osama Zaatar, le couple héros du film Love during wartime, qui rejouent leur propre histoire dans la pièce[13],[14].
Dans The Situation, trois Palestiniens, un Syrien et une Israélienne suivent un cours d'allemand, qui devient le reflet de la situation politique dans ces trois pays.
Prix Europe pour le Théâtre - Premio Europa per il Teatro
Yael Roen, dramaturge et réalisatrice israélienne, travaille également en Europe centrale, surtout entre Berlin et Vienne. En observant le théâtre de Yael Ronen, particulièrement axé sur les conflits politiques et interculturels, on s’est demandé comment elle réussit à leur faire face et à les mettre en scène dans des productions qui proposent la réconciliation entre des gens séparés par la politique et leurs appartenances. En effet, le théâtre de Yael Ronen est un théâtre politique très particulier : il est souvent incroyablement humoristique et a recours à des dialogues, musiques et gags hilarants, néanmoins capables de rapprocher et de faire participer un vaste public vers la compréhension et la prise de conscience des grandes questions, urgentes et politiquement scandaleuses de notre époque, dont la ‘prise’ s’avèrerait au bout du compte moindre si elles étaient représentées sous des formes angoissantes ou rhétoriques et donc moins utiles qu’une approche dédramatisante et incroyablement efficace[16].