Veit Wagner est le fils de Heintz (Heinrich) Wagner, menuisier, lequel s’est installé dans cette ville en 1464 ou 1465. Le nom de sa mère est inconnu. Veit (dans certains documents il est aussi mentionné par le prénom « Vito » ou « Vitus »[1], ou encore « Vite » [2]) achète le droit de bourgeoisie le à Strasbourg, où il ouvre un atelier de sculpture dans la Grand’Rue[3] et devient membre de la corporation « ZurStelzen » en 1500[1].
Son œuvre est abondante. Il reçoit de nombreuses commandes des dignitaires du clergé catholique. Mais durant la réforme protestante , nombre de ses sculptures sont détruites ou gravement détériorées, comme celles de l’Église Saint-Pierre-le-Vieux de Strasbourg, par le premier pasteur luthérien de la ville, nommé en 1524, Theobald Schwarz(de) dit Nigrinus (1485-1561)[4],[2]. D’autres subiront le même sort durant la Révolution française de 1789, comme le Mont-des-Oliviers de l’église Saint-Georges de Haguenau, commandé en bois mais finalement réalisé en pierre en 1504. Les registres font aussi état de deux crucifix en bois, dont l’on ne trouve plus trace aujourd’hui, destinés aux églises Saint-Nicolas et Saint Georges de Haguenau[3].
Parmi les œuvres qui sont parvenues jusqu’à nous, il y a : le maître-autel de l’église de Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg dont les quatre grands reliefs, actuellement placés sous l’orgue, ont survécu au zèle destructeur du pasteur Nigrinus dont il vient d'être question; le Saint-Sépulcre de l’église paroissiale d’Obernai (initialement installé à la Kapellkirche de cette ville) ; le retable de Bergheim conservé au Musée Unterlinden de Colmar[5] ; le Double buste d'évêques au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse; la tête du Christ couronné d’épines conservé à la Bibliothèque Humaniste de Sélestat. Les registres mentionnent aussi un retable consacré à la Vierge Marie, réalisé pour la chapelle de l’hôpital de Baden-Baden où il a été transporté par bateau[3].
Cette énumération est loin d’être exhaustive. Le nombre de commandes figurant dans les registres et les archives consultables, laissent supposer que Veit Wagner ne travaillait pas seul, mais qu’il dirigeait un important atelier[3].
Vie privée et mort
On ignore tout de sa vie privée. Il meurt à Strasbourg vers 1516, âgé de 45 ans environ.
Maître sculpteur
Le nombre importants des commandes reçues témoigne du fait que Veit Wagner était très apprécié et recherché. Il est présenté comme étant un artiste habile :
« Doué du don de concevoir et de combiner sous une forme successive et scénique les sujets de son travail, cet artiste était d’une prodigieuse adresse[2]. »
Comme les autres maîtres de son époque, il aimait sculpter le bois de tilleul, facile à travailler, résistant , alors abondant dans les forêts alsaciennes[6].
Œuvres
Quelques-unes des œuvres mentionnées ci-dessus, comptant parmi les plus connues, classées par ordre chronologique de réalisation.
Église Saint-Pierre-le-Vieux : scènes de la vie de St-Pierre, quatre panneaux gravés sur bois de tilleul, provenant du retable du chœur du XVe siècle[7].
Église Saint-Georges de Haguenau: le buffet d'orgue en 1492 et la chaire de l'église représentant Saint Georges tuant un dragon et le retable du Jugement dernier.
Église Saints-Pierre-et-Paul d'Obernai: le Saint Sépulcre daté de 1504. Prévu pour les cérémonies de la Semaine Sainte il se compose d’un autel et de son retable, dont les parties sont superposées sur trois niveaux[1].
Musée Unterlinden de Colmar: le retable de Bergheim, sur bois de tilleul ,entre 1515 et 1517, qui reprend l' l'Annonciation, l'Adoration des bergers et Saint Georges terrassant le dragon (attribué à V. Wagner)[9].
Galerie
Images des œuvres ci-dessus dans l’ordre où elles sont mentionnées.
↑Eva Zimmermann, « Saint Égide et saint Benoît, une œuvre de Veit Wagner », in « Le musée des beaux-arts de Mulhouse », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1988, p. 5-7 .
Victor Bayer, Encyclopédie de l’Alsace , 12 volumes, Strasbourg, Publototal, 1982-1986, passage consacré à Veit Wagner , volume 12, p.7760-7761.
La sculpture en Haute-Alsace à la fin du Moyen Âge, 1456-1521, Colmar, Les Editions d’Alsace, , 358 p. (ISBN2-904920-02-1, EAN9782307491484), passages consacrés à Veit Wagner, p. 330 et passim.
Charles Gérard, Les artistes de l’Alsace pendant le moyen-âge, volume 2, Colmar, E. Barth, , 491 p., le chapitre consacré à Veit Wagner figure pages 422-428. L’ouvrage a été rééditité par les éditions Berger-Levrault et numérisé en 2009 par l’université Columbia, lire en ligne sur Google Books : [1]. Consulté le .
B. Parent, Haguenau, page 189 et passim, Strasbourg, Art et architecture. Cahiers de l’Inventaire n° 16, .
Otton Pisot, Le Saint Sépulcre de Veit Wagner et les vitraux de Pierre d’Andlau dans l’église paroissiale d’Obernai, Rixhem, Sutter et Cie (conservé aux Archives de l’Église d’Alsace), , 372 p., le passage cité figure p. 323-326, lire en ligne sur Gallica : [2]. Consulté le .
Roland Recht, Nicolas de Leyde et la sculpture à Strasbourg (1460-1525), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 417 p. (EAN9782868202116), voir page de couverture su Google Livres : [3]. Consulté le .
Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. Tome 2. K-Z, Rixheim, Sutter et Cie, , 1114 p.|, passage cité p. 934-935, lire en ligne sur Gallica [4]. Consulté le .
D.Toursel-Harster, J-P. Beck, G. Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée bleue, , 662 p. (ISBN9782716502504), voir page de couverture sur Google Livres : [5]. Consulté le .