On trouve ce nom sous les formes L'Euille, L'Ullie[3], L'Huïlle, L'Heuille ou encore l'Aiguille[4]. Huile vient du mot Hullie ou Hüille (en savoyard), signifiant « aiguille », même s'il n'existe qu'un relief de ce type au niveau de La Table[3].
Le pic de l'Huile, aussi appelé « montagne de l'Aiguille »[1] correspond à une « pyramide massive, isolée, noire de forêts […] pointe brisée au Nord-Est et se projetant en aiguille sur l'ouverture de la vallée »[5].
Au cours de la période médiévale, la vallée relève de la seigneurie de L'Huïlle[5], ou encore l'Euille ou de l'Ullie, dont La Table était le chef-lieu, avec son château, édifié au XIIe siècle[1]. Selon l'historien Félix Bernard, le nom d'origine de cette terre pourrait être Clarelli[5]. Il permet le contrôle de la route menant au col du Grand Cucheron[5], marquant la limite entre le val Gelon et la grande vallée de la Maurienne.
Ce fief appartient au cours de la période médiévale à différentes familles nobles. Le premier propriétaire mentionné est Pierre de l'Aiguille, puis les de Vados, les du Gua, et enfin la famille d'Arvillard, avant de passer aux Morestel/Morêtel/Moretel[5], originaires du Grésivaudan, en Dauphiné. En 1258, l'évêque de Maurienne, Pierre de Morestel, originaire de la Provenchère, achète la maison et une tour du château[5]. Il ne verse que la moitié de la somme, 27 000 sols viennois sur les 42 000 sols demandé, le restant correspondant à la dot de l'épouse, issue des Arvillard, de son neveu, Chabert[5].
Sur l'autre rive, Chabert acquiert Le Verneil et fait construire deux maisons-fortes afin de compléter le contrôle de la vallée[5]. Une descendante, refusant de prêter hommage au suzerain, la seigneurie passe aux vicomtes de La Chambre[5], en 1356[3]. Ces derniers obtiennent à la suite la seigneurie de La Rochette[5]. Ils sont à l'origine de l'édification de « quatre tours sur le pic de l'Huïlle »[5].
Lors de l'invasion des troupes françaises du duché de Savoie, le Château de Charbonnières, qui contrôle l'accès à la Maurienne, à Aiguebelle, est pris en 1595[5]. Les troupes de Lesdiguières se tournent vers le château de l'Huïlle qui tombe à son tour après quelques jours de résistance[5]. Lors du conflit suivant, en 1600, le château de L'Huïlle est pris et rasé par les armées du roi Henri IV[7].
Michèle Brocard, Maurice Messiez-Poche, Pierre Dompnier, Histoire des communes savoyardes : La Maurienne - Chamoux - La Rochette (vol. 3), Roanne, Éditions Horvath, , 558 p. (ISBN978-2-7171-0289-5).