La Vénus de Brassempouy, dite également « La Poire » du fait de sa forme, est une statuette préhistorique découverte en 1892 sur le site de Brassempouy, dans le département des Landes, en France. Elle ne doit pas être confondue avec la célèbre « Dame de Brassempouy ».
Historique
Pierre-Eudoxe Dubalen découvre cette petite statuette sur le site de Brassempouy[1] le 19 septembre 1892, lors d'une excursion de l'Association française pour l'avancement des sciences, qui tenait son congrès annuel à Pau[2],[3]. Mais Dubalen, chercheur pourtant intègre, s'attire quelque inimitié de ses collègues avec un geste malheureux : il dissimule sa trouvaille à ceux qui l'accompagnent[4],[5] et ne la montre qu'à trois ou quatre des excursionnistes à la fin de la journée[6]. Par ailleurs, la statuette est hélas brisée lors de sa découverte par les instruments agricoles utilisés lors des fouilles.
La statuette ayant été mal remontée, on observe un problème au niveau abdominal qui aurait dû se trouver à la place du sein[7],[n 1]. En effet, pour pouvoir adapter le morceau comme ventre, « il a fallu, tout en le plaçant trop à droite, interposer une pièce de bois et combler les vides avec une substance de remplissage[10] ».
Description
Seul le pseudo-ventre et la cuisse droite restent conservés. La cuisse droite est forte et bombée. On remarque également, proche de la ceinture pelvienne, de petits traits gravés représentant pour certains des poils et pour d'autres un bout de vêtement[11],[2].
Il est particulièrement difficile de donner un sexe à cette statuette sachant qu'aucun caractère féminin n'est présent si l'éventuel mauvais placement du sein n'est pas pris en compte.
Sa datation reste incertaine, à cause des mauvaises méthodes de fouilles employées. Cependant, les formes opulentes de la statuette correspondent stylistiquement aux figurines féminines du Gravettien (31 000 à 22 000 ans AP)[2].
Notes et références
Notes
↑La reconstitution a été effectuée par Passemard (1938[8]) et Champion (1951[9]).
↑[Magitot 1892] Émile Magitot, « Excursion géologique et anthropologique à la grotte de Brassempouy (Landes) », Annales du Congrès de l’Association française pour l'avancement des sciences, 21e session, 1re partie, , p. 250-254 (lire en ligne [sur Gallica]).
↑[Vergès 1987] Jean Vergès, « L'excursion préhistorique du 19 septembre 1892 à Brassempouy ou les tribulations de la vénus de Dubalen », Bulletin de la société de Borda, no 408, , p. 529-546.
↑[Barrouquère 2012] Hervé Barrouquère, « Dubalen archéologue : du terrain au musée », Bulletin de la Société de Borda, no 507, 3e trimestre 2012, p. 305-326 [309] (lire en ligne [sur archeolandes.com], consulté en ).
↑[Chollot 1964] Marthe Chollot, Collection Piette : art mobilier préhistorique, catalogue, éd. des Musées nationaux, .
↑[Passemard 1938] Luce Passemard (1896-1968), Les statuettes féminines paléolithiques dites venus stéatopyges (thèse de doctorat en Lettres, Faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse), Nîmes, libr. Tessier, , XVI pl. + 153.
↑[Champion 1851] Benoît-Claude Champion, « Restauration de statuettes aurignaciennes en ivoire », Revue archéologique, 6e série, t. 38, , p. 129-133 (présentation en ligne).
[Cohen 2003] Claudine Cohen, La femme des origines : Image de la femme dans l'art préhistorique occidental, Paris, Belin-Herscher, (ISBN2-7335-0336-7).
[Delporte 1980] Henri Delporte, Brassempouy : la grotte du Pape, station préhistorique il y a 20 000 ans... l'art, Contis, Association culturelle de Contis, , 74 p.
[Schwab 2008] Catherine Schwab, La Collection Piette : Musée d'archéologie nationale, château de Saint-Germain-en-Laye, Paris/Saint-Germain-en-Laye, RMN, , 126 p. (ISBN978-2-7118-5512-4).