En géomorphologie, un tor désigne un modelé de déchaussement de blocs ou de rochers dégagés par l'érosion. Ce relief ruiniforme correspond généralement à des affleurements rocheux d'échelle décamétrique ou hectométrique, constitués par un empilement géométrique de blocs aux arêtes émoussées ou de forme ovoïde. Enracinés à la base, tantôt perchés sur les interfluves (tors de sommets complètement dégagés de l'arène), tantôt émergeant le long des ruptures de pente (tors de versants plus ou moins démantelés des volumes d'arène), ils « alimentent les grandes coulées ou les tabliers de blocs et de boules qui voyagent sur les versants, et en contrebas, le long des talwegs, les chaos de blocs qui en dérivent débarrassés de leur fraction fine par lavage[2] ».
Ces formes font partie des produits de la météorisation comme les arènes et à une échelle supérieure les inselbergs. Elles constituent un volume rocheux résiduel, enraciné, provenant principalement du dégagement partiel des produits meubles. Elles sont associées à des formes mineures (micromodelés tels les taffoni, les vasques, les cannelures, etc.) dont la datation et l'interprétation sont parfois réalisées mais restent difficiles en raison de la multiplicité des facteurs qui conditionnent leur genèse et la vitesse de leur évolution (la vitesse de la désagrégation pouvant atteindre parfois plusieurs millimètres ou même plusieurs centimètres par millénaire au cours de l'Holocène dans les milieux tempérés océaniques)[3],[4].
Les paysages de tors s'expriment sous toutes les latitudes et dans des roches de nature très différentes. Ces blocs sculptés par les agents météoriques selon des systèmes de diaclases subhorizontaux et subverticaux, donnent des reliefs qui surprennent par leurs arrangements défiant les lois de l'équilibre (typiquement les pierres branlantes) et leurs formes qui ont fécondé l'imaginaire populaire, d'où leurs microtoponymes et leur association à des légendes locales. Ils ont de plus en plus une vocation touristique (paysage, escalade) voire à être classés comme géotopes[5].
Étymologie
Le terme dérive du vieux galloistwr ou twrr signifiant tas, empilement[6].
Notes et références
↑Les diaclases essentiellement verticales donnent au rocher l'allure d'une fortification hérissée de créneaux lorsque le ruissellement se produit sur des pentes fortes, cas fréquent dans les domaines méditerranéens et en climat tropical à saison sèche marquée. Cf Alain Godard, Pays et paysages du granite: introduction à une géographie des domaines granitiques, Presses universitaires de France, , p. 106
↑Alain Godard, Pays et paysages du granite: introduction à une géographie des domaines granitiques, Presses universitaires de France, , p. 99
↑Dominique Sellier, « Connaissance de l'érosion. Significations de quelques marqueurs des rythmes de la météorisation des granites en milieu tempéré océanique », Cahiers nantais, no 49, , p. 87-110
↑La première difficulté concerne le choix et l'utilisation des marqueurs chronologiques de la vitesse de l'érosion qui prennent comme point de départ des séquences de météorisation un événement produisant une rupture dans les conditions de la morphogenèse : « déplacement et renversement d'un bloc rocheux (menhirs, moraines, rochers initialement enracinés sur un platier), ou exposition de surfaces granitiques théoriquement saines aux agents météoriques (installation des pierres de taille d'un bâtiment, exhumation de surfaces d'abrasion glaciaire)… Une seconde série de difficultés tient aux conditions de mesure de la vitesse de l'érosion et à la signification des formes utilisées à cet effet ». Cf Dominique Sellier, op. cit., p. 103
↑François de Beaulieu, La Bretagne. La géologie, les milieux, la faune, la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 20.
↑(en) Andrew Goudie, Encyclopedia of Geomorphology4, Routledge, (lire en ligne), p. 1054