Le plus célèbre des opéras du musicien, sans être le plus réussi[1], Tigrane est considéré comme l'un des plus beaux opéras de Scarlatti[2], et son chef-d'œuvre napolitain[3],[4]. Outre la gravité de la trame principale, il y a aussi des scènes comiques impliquant les serviteurs, Dorilla et Orcone, « conçu pour le divertissement du public napolitain » avec le dialecte local, un latin corrompu, de l'allemand et le bégaiement[1].
Dès la création, l'œuvre obtient un vif succès et la même année, il est repris à Innsbruck et au carnaval de Livourne l'année suivante[1].
L'ouvrage débute par une ouverture à l'italienne en trois mouvements, suivie d'une marche et d'un ballet et ponctué de pièces instrumentales, comme au second acte. En revanche, le dernier ne comporte ni ouverture, ni ballet[1]. L'accompagnement instrumental de Scarlatti innove dans les arias de cet opus, avec la diversité de la viole d'amour ou du violon, du violoncelle et du luth, du luth et du violone solo. Le chœur intervient rarement, jouant les acclamations de la foule. L'opéra est réputé pour l'une des premières utilisations des cors, que le musicien utilise aussi dans Telemaco en 1718. Ils sont présents notamment dans l'aria confiée à Tigrane, « All'acquisto di gloria ».
La reine Tomiri (Tomyris dans Hérodote) a deux fils. L'un a été enlevé et a grandi comme prince arménien, Tigrane. L'autre a été tué par Cyrus, roi de Perse. Pour venger sa mort, Tomiri a combattu et vaincu Cyrus avec l'aide de Policare et Doraspe. En échange de leur aide, elle a promis de se marier avec l'un d'eux, mais elle hésite à se décider, car elle est attirée par Tigrane, commandant de l'armée alliée, ignorant qu'il est son fils. Méroé, la fille de Cyrus elle aussi amoureuse de Tigrane, arrive à la cour de Tomiri déguisée et décidée à venger son père. Tomiri confie le choix de son mari à Tigrane, qui dit que celui des deux rois qui peut le battre au combat, gagnera la main de Tomiri. Policare et Doraspe complotent contre Tigrane.
Acte deux
Tomiri concilie les deux rois et Tigrane. Méroé est sur le point de tuer Tomiri pendant son sommeil, mais en est empêchée par Tigrane. Tigrane, surpris par Méroé dague dans sa main, est accusé d'avoir tenté d'assassiner Tomiri. Ne voulant révéler la vérité qui mettrait en danger la vie de Méroé, Tigrane garde le secret et est condamné à mort.
Acte trois
Face à l'exécution de Tigrane, Méroé révèle sa véritable identité. Elle est enchaînée et Tigrane est libéré. La véritable filiation de Tigrane est enfin découverte et Tomiri est réuni avec son fils. Elle pardonne Méroé et lui permet d'épouser Tigrane, tandis que la reine elle-même choisit Policare comme époux.
Édition moderne
Tigrane, éd. de Michael Collins, coll. « The operas of Alessandro Scarlatti » dir. Donald Jay Grout, Vol. VIII, Harvard University Press, 1983, (ISBN0-674-64034-9), (OCLC715571315)
Enregistrements
Sinfonia et arias : « Il fiero aspetto », « Reo mi credi », « All'acquisto di gloria », « Esser degg'io come un scoglio » — dans Il Primo Uomo : Arias pour Nicolini - Dmitri Egorov, contreténor ; La Stagione Frankfurt, dir.Michael Schneider DHM 2011
↑Julie Anne Sadie (dir.) (trad. de l'anglais), Guide de la musique baroque, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 736 p. (ISBN2-213-59489-9, OCLC34495042), p. 112.
(en) Edward J. Dent, Alessandro Scarlatti : his life and works, Londres, E. Arnold, (1re éd. 1905), 259 p. (lire en ligne).
(en) Reinhard G. Pauly, « Alessandro Scarlatti's Tigrane », Music & Letters, Oxford University Press, vol. 35, no 4, , p. 339–346 (ISSN0027-4224, lire en ligne).
(en) Michael Collins (éd), Tigrane, volume VIII of The operas of Alessandro Scarlatti (Donald Jay Grout, éd./dir.): 1983, Harvard publications in music, 13. (ISBN0-674-64034-9).
Gino Negri et Manola C. Steachi (trad. Sylviane Falcinelli, Dominique Férault et Mireille Zanutini Tansman), L'Opéra italien : histoire, traditions, répertoire [« L'Opera italiana »], Paris, Flammarion, , 347 p. (ISBN2-08-012059-X, OCLC319758592, BNF43175344), « Scarlatti, Alessandro », p. 298.
Nanon Bertrand, « Tigrane, ovvero L'egual impegno d'amore e di fede », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des œuvres de la musique vocale, t. III (P-Z), Paris, Bordas, , 2367 p. (ISBN2040153950, OCLC25239400, BNF34335596), p. 2053–2055.
(en) The Viking Opera Guide éd. Holden (Viking, 1993).