La diffusion de ce documentaire controversé a été annulée à plusieurs reprises, notamment sous l'impulsion de féministes.
Choix du titre
Le titre du film, qui se traduit littéralement par « la pilule rouge », fait référence à une scène emblématique du film Matrix dans laquelle le protagoniste (Thomas A. Anderson) doit faire le choix d'ingérer une pilule rouge ou une pilule bleue, la première représentant le choix d'une vérité lucide avec toute la dureté que cela implique en opposition à la seconde qui serait la préférence de l'ignorance dans un doux mensonge confortable[1].
Par analogie, le film affirme apporter une vérité et une compréhension nouvelle sur les relations entre les sexes au sein de la société. Peggy Sastre note cependant avec amusement que la référence à Matrix est également utilisée par les cercles féministes[2].
Synopsis
The Red Pill narre l'enquête de la réalisatrice Cassie Jaye, initialement féministe, au sein de ce qu'elle considère au départ être une mouvance masculine agressive et violente.
Le financement du film a été en partie possible par le biais de financement participatif. Selon la réalisatrice, le biais féministe des producteurs contactés n'était pas souhaitable puisqu'elle souhaitait réaliser un film neutre[13].
En dernier recours, Cassie Jaye a utilisé le site de financement participatif Kickstarter pour lever 211 260 $, dépassant l'objectif initial de 97 000 $[14]. Alan Scherstuhl, dans sa critique du film pour The Village Voice[15] , y voit cependant le risque d'un conflit d'intérêts puisque, selon lui, le film pourrait avoir été financé en grande partie par des associations liées à la condition masculine.
Katie Walsh, du Los Angeles Times, considère que le documentaire « manque d'un argumentaire cohérent parce qu'il est construit sur une incompréhension fondamentale des termes » et regrette que le film ne s'attarde pas sur la manière dont « le système patriarcal contrôle les ressources pour exploiter à la fois femmes et hommes ». Elle reconnait l'existence « de nombreuses problématiques graves et urgentes auxquels les hommes sont confrontés » mais considère que le documentaire « ne fait que diviser avec une présentation complaisante et biaisée, sans réussir à monter un argumentaire convaincant »[17].
John DeFore, de The Hollywood Reporter, note que The Red Pill« est maladroit et frustrant dans de nombreux aspects. Cependant il témoigne d'une sincérité et d'une ouverture d'esprit propre à questionner des idées établies — permettant aux représentants de ce mouvement problématique de présenter leurs arguments de manière claire et convaincante — et on souhaiterait que le documentaire puisse voir plusieurs facettes de ce débat en même temps ». Il en conclut que le documentaire est « une tentative admirable d'impartialité dont l'approche journalistique et esthétique dessert le propos »[9].
Alan Scherstuhl de The Village Voice, critique des mouvements de défense des hommes, considère que le financement opaque via Kickstarter soulève des questions sur la neutralité de la production. Il s'attarde sur le caractère « amateur » du film, dont l'esthétique est faible : « Le film, comme le mouvement échoue à prouver l'existence d'une cause systémique. À la place, un féminisme croque-mitaine est accusé de réduire au silence ses opposants »[15].
La critique de Cathy Young, pour Heat Street(en), est positive. Elle considère que le documentaire soulève des questions importantes et rarement traitées tout en effectuant une critique « méritée » du féminisme. En revanche, selon elle, le film n'aborderait pas assez les « aspects sombres du mouvement des hommes » et Cassie Jaye manquerait de mordant dans les interviews des responsables d'associations[18].
Corrine Barraclough, du journal australien The Daily Telegraph, remarque que « le message de The Red Pill est la compassion » et « s'interroge sur les raisons qui poussent les féministes à imposer l'omerta sur la thématique »[19].
L'essayiste féministe Pascale Navarro estime que le film de Cassie Jaye ferait preuve de « malhonnêteté intellectuelle », arguant que la réalisatrice n'apporterait pas de contradiction à ses interlocuteurs[7].
Annulations de diffusion et polémiques
La première diffusion du film en Australie, prévue le au Palace Kino(en) à Melbourne, a été annulée à la suite d'une pétition sur Change.org qui a rassemblé 2 370 signatures en assimilant le film à de la « propagande misogyne »[20],[21]. Une contre-pétition lancée dans les jours suivants a obtenu près de 5 000 soutiens en dénonçant une tentative de « limitation de la liberté d'expression en Australie »[20],[22].