Le prix fut donné pour la première fois à Isabel Miller pour son roman, Patience et Sarah, qui raconte une histoire d’amour entre les deux narratrices.
À cette époque lors de sa première édition en 1971, seulement deux ans après les événements de Stonewall, le prix s’appelait le Gay Book Awards [1].
À l’origine, le Gay Book Awards était une reconnaissance informelle qui avait pour objectif de soutenir les communautés LGBTQ+ le prix a été officialisé par l’ALA en 1986 [1].
En 1987, le nom a été remplacé pour devenir le Gay and Lesbian Book Award [1],[2].
À partir de 1987, le prix a été soutenu par la Gay, Lesbian, and Bisexual Task Force qui aujourd’hui a pris le nom de Rainbow Round Table (RRT)[1]. Depuis 1987, le prix est inclus à l’American Library Association Awards program, qui aujourd’hui est désormais l’ALA Book, Print & Media Awards[1].
En 1990, le prix se transforme pour reconnaitre deux catégories soit les œuvres de fictions et les essais [2]. En 1994, le nom du prix change à nouveau et devient le Gay, Lesbian, and Bisexual Book Award[2].
Le nom change à nouveau en 2002, la catégorie œuvre de fiction devient le Stonewall Book Award – Barbara Gittings literature Award et la catégorie œuvre non fictive devient le Stonewall Book Award – Israel Fishman Non-Fiction Award [2].
En 2010, le prix change à nouveau pour reconnaitre une nouvelle catégorie c’est-à-dire la littérature jeunesse et celle pour jeunes adultes. Deux ans plus tard, en 2012, en guise de remerciement pour la réception d’un don à sa fondation, le prix remis pour la catégorie littérature jeunesse prends le nom de Stonewall Book Award – Mike Morgan and Larry Romans Children’s and Young Adult Literature Award [2].
Fonctionnement
Via un formulaire qui se trouve sur son site web l’ALA récolte les suggestions du public pour chacune des trois catégories de son prix littéraire [3]. Le choix des œuvres gagnantes de chacune des catégories du Stonewall Book Award est fait par un comité formé d’un nombre égal de bibliothécaires s’identifiant au genre masculin et au genre féminin[2].
Les membres de son comité choisissent 5 œuvres pour chacune des trois catégories, les œuvres gagnantes sont ensuite choisis parmi ces œuvres[3].
Les récipiendaires sont annoncés au mois de janvier ou février puis le prix constitué d’une plaque commémorative et d’un montant de 1000.00$ est remis à ceux-ci lors de la conférence annuelle de l’ALA en juin[3].
Critiques
Laura M. Jiménez affirme dans son article paru dans le Journal of Lesbian Studies en 2015 que seulement deux prix littéraires étaient remis aux auteurs et autrices de littérature jeunesses qui font partie de la communauté LGBTQ+ ou qui en abordent les réalités : le Lambda Literary Award et le Stonewall Book Award[4].
Dans son étude, Laura M. Jiménez étudie la représentation des communautés LGBTQ+ selon une méthode de recherche mixte c’est-à-dire à la fois qualitative et quantitative[4].
Pour son étude, Laura Jiménez a demandé à un groupe de lecteurs de répondre à deux questionnaires, le premier au sujet des populations représentées dans les œuvres et le second contenant des questions ouvertes au sujet de l’intrigue[4]. Le premier questionnaire était composé de questions à réponses quantitatives portant sur le genre, l’origine ethnoraciale et l’orientation sexuelle de l’auteur et de ses personnages[4]. Pour sa part, le second questionnaire aborde les thèmes de l’intrigue et comment les conflits ainsi que les résolutions choisis par les personnages permettent au lecteur d’imaginer la vie du personnage au-delà de la fin du roman[4].
Les résultats de l’étude de Laura Jiménez montrent qu'entre 2000 et 2013 sur les 18 auteurs et autrices qui ont été récipiendaires de ces prix 12 sont des hommes et seulement 6 sont des femmes[4]. Les 6 femmes ont décroché le Lambda Awards et seulement des hommes ont été récipiendaire du Stonewall Book Awards[4].
Quant à la représentation démographique des personnages, dans les 14 romans étudiés par Laura Jiménez et son équipe, 21 personnages ont été identifiés de ceux-ci : 15 sont caucasiens, 5 d’origine latine et seulement 1 d’origine asiatique[4]. Sur les 14 livres étudiés, seulement 4 présentent des personnages d’une origine ethnoraciale autre que caucasienne[4]. Sur les 21 personnages 13 sont des personnages masculins gays, 5 sont des femmes cis lesbiennes, seulement un personnage est une femme trans et deux personnages hétérosexuels[4].
Quant à l’étude qu’elle fait des thèmes et de l’intrigue, Jiménez souligne que 12 des 14 romans étudiés présentent des histoires de « coming out »[4].
De son études, Jiménez tire trois conclusions. La première est la majorité de personnages masculins blancs, l’absence complète de personnage bisexuel et que contrairement aux personnages ayant pour caractéristique l’homosexualité masculine les personnages lesbiennes n’ont pas droit à une relation saine ou un dénouement positif[4]. D’ailleurs Jiménez souligne que le seul roman où une lesbienne est le personnage principal, celle-ci est punie pour sa sexualité[4].
Pour ces motifs, Jiménez tire pour conclusion qu’il y a une surreprésentation des hommes gays blancs dans ces œuvres si on compare à la représentation qui est faite des autres identités incluses dans la communauté LGBTQ+[4].
Pour sa part, Caroline T. Clark et Mollie V. Blackburn, qui ont étudié les œuvres récipiendaire du Stonewall Book Award – Mike Morgan and Larry Romans Children’s and Young Adult Literature Award de 2010 à 2014, soulignent que la représentation n'y est pas homonormative, du fait de l'intégration du personnage de Sage, une jeune femme trans, à l'intérieur de leur échantillon[5]. Cependant, ceux-ci nuancent cette apport à la représentativité puisque le personnage de Sage dans le roman, Almost Perfect, n'est pas la narratrice de sa propre histoire[5].
Les deux autrices de l'étude, Caroline T. Clark et Mollie V. Blackburn, déplorent qu'une grande part des œuvres récipiendaires du prix mettent le focus sur les violences vécues par les communautés LGBTQ+ et non pas sur les scènes d'amour et de sexualité[5]. Les autrices argumentent que trois types de violence sont présentes dans les œuvres de leur échantillon : les violences provoquées par l'homophobie internalisée, les violences homophobes et les violences en réponse à des violences homophobes[5]. Les autrices de l'étude soutiennent que les représentations de violence font en sorte que la vie des personnes LGBTQ+ peut être perçu comme celle d'une victime et que la représentation de scènes d'amour et de sexualité donnent une meilleure image des personnes issues des communautés LGBTQ+[5].
Censure
Le roman gagnant du prix Stonewall Honor Books dans la catégorie littérature pour enfants et jeunes adultes en 2013, Drama, de Raina Telgemeier a été retiré des bibliothèques des écoles élémentaires du Conseil scolaire catholique anglophone d’Ottawa[6]. Pour que le livre reste accessible, la conseillère Catherine McKenney fait don de 10 exemplaires du roman de Raina Telgemeier à la Bibliothèque publique d’Ottawa[6].
Christianisme, tolérance sociale et homosexualité : les homosexuels en Europe occidentale des débuts de l'ère chrétienne au XIVe siècle (titre original : Christianity, Social Tolerance, and Homosexuality: Gay People in Western Europe from the Beginning of the Christian Era to the Fourteenth Century)
↑ abcd et e(en) Caroline T. Clark et Mollie V. Blackburn, « Scenes of violence and sex in recent award-winning LGBT-themed young adult novels and the ideologies they offer their readers », Discourse: Studies in the Cultural Politics of Education, vol. 37, no 6, , p. 867–886 (ISSN0159-6306 et 1469-3739, DOI10.1080/01596306.2014.936713, lire en ligne, consulté le )