Les souks de Tunis sont un ensemble de magasins, boutiques et ateliers situés dans la médina de Tunis et édifiés pour la plupart dès le XIIIe siècle.
Ils s'articulent dans un ensemble de rues et ruelles et sont regroupés par corps de métier.
Outre leur existence en tant que source de travail pour plusieurs artisans, les souks représentent désormais une attraction touristique à l'entrée de la médina de Tunis.
Histoire
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La vie artisanale de Tunis remonte bien avant le XIIIe siècle, qui coïncide avec l'arrivée des Hafsides au pouvoir. C'est pourtant grâce aux princes de cette dynastie que la plupart des souks sont mis en place et localisés définitivement dans la médina.
Organisation
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Les souks sont alors le cœur économique de la Tunisie, les activités de négoce avec l'étranger, la production artisanale mais aussi le commerce des produits agricoles provenant des campagnes ayant lieu en son sein. Très vite, selon les différentes nuisances inhérentes aux métiers, les souks sont organisés selon un schéma simple. Près du cœur de la médina, constitué par la mosquée Zitouna, ainsi que dans la partie haute et occidentale de la ville sont regroupés les métiers dit nobles car ne causant ni nuisance sonore ou odorante ; les autres métiers sont relégués dans la périphérie ou vers la partie basse (Bab El Bhar) et orientale de la ville. Apparaît alors ce qu'on nomme une hiérarchie des métiers au sein des souks de la médina.
Il est l'un des souks du faubourg sud de la médina de Tunis. Destiné à la classe moyenne voire pauvre, ses produits sont divers et destinés à une utilisation quotidienne. Ce souk est situé à l'extrémité sud du faubourg méridional de la médina.
Il tire son nom du siège de la commission financière internationale, qui s'est chargée en 1869 de gérer la dette de la régence de Tunis avant l'installation du protectorat français en 1881. Celui-ci se trouvait sur la même rue.
Il est spécialisé dans la vente de produits importés de Chine et d'Asie de l'Est.
Ces trois souks sont construits par le mouraditeMohamed Bey El Mouradi en 1691-1692[1],[2]. À cette époque, ce sont les immigrés andalous qui importent la technique de fabrication de la chéchia[1]. C'est une véritable industrie au vu du nombre de corps de métier impliqués dans sa fabrication. Au début du XVIIe siècle, c'est déjà la première industrie du pays en termes de quantités écoulées où exportées vers tous les ports du bassin méditerranéen. Les chroniqueurs de l'époque affirment que les marges bénéficiaires variaient entre 30 % et 100 % alors que la production avait atteint un niveau de près de 480 000 chéchias vendus par an en Tunisie ou exportés.
La chéchia est un bonnet en laine de couleur rouge et ornée, pour les plus luxueuses, d'un gland de soie bleue ou noire[1]. Sa confection, qui exige plus de deux mois de travail, est segmentée en tâches telles que le tricotage qui se fait à l'Ariana, la couture à Bab Souika, le lavage et le foulage à Tebourba sur le pont-barrage d'El Battan, la teinture à Zaghouan et enfin la mise en forme, le feutrage et la finition dans les ateliers des souks de Tunis[1]. Ces travaux sont effectués par des ouvriers et des apprentis (sanaa) alors que le patron ou mâalem se tient au comptoir pour accueillir la clientèle[1]. Les grossistes exportaient les chéchias principalement vers la Turquie, le Levant, l'Algérie et l'Égypte. Plusieurs compagnies ou cherikas, composées de fabricants et de négociants, ouvraient des bureaux à Istanbul où ils contrôlaient la vente sur ce marché très important. De plus, elles devaient acheter d'importantes quantités de matières premières comme la laine en Espagne et en Italie, la cochenille dans le sud de la France et la soie du Proche-Orient.
Les fabricants étaient organisés en corporation, comme tous les autres métiers des souks. L'amine était élu par ses pairs ou nommé par le bey régnant selon les époques, preuve de l'importance de cette activité pour la Tunisie. Il était d'office nommé amine de tous les commerçants de la capitale. Son rôle était d'organiser la corporation, de recommander des prix moyens, de définir des standards de qualité et de régler les contentieux entre membres de la corporation ou avec les intervenants extérieurs comme les fournisseurs ou les négociants.
Le souk Edabaghine ou souk des Tanneurs est appelé Edabaghine, terme arabe désignant les tanneurs parce qu'il était spécialisé dans le tannage du cuir. Après la disparition de cette spécialité, des vendeurs de livres anciens s'y sont installés.
Il relie de nos jours la rue Mongi-Slim, auparavant appelée rue des Maltais, et la rue de Rome.
Peu d'informations sont disponibles sur ce souk, certains rapportent qui'il était occupé par des vendeurs d'origine algérienne alors que d'autres indiquent que leurs produits étaient importés de ce pays.
Le souk El Asr est spécialisé dans la vente des produits antiques. Il est situé juste derrière Bab El Gorjani, l'une des portes de la médina.
Ce souk n’existait pas avant l’époque husseinite (1705-1957) contrairement aux autres souks dont certains ont vu le jour dès le règne des Hafsides (1228-1537)[3]. C'était un petit marché qui se tenait entre les prières de l'après-midi et du coucher de soleil[3].
On y trouve des ustensiles ménagers, des meubles antiques et des articles rares. Misérable en apparence, le marché regorge de pièces qui peuvent s’avérer particulièrement utiles et rares, des pièces qu’on ne risque pas de trouver ailleurs[3].
Construit vers 1240 par le sultan hafsideAbû Zakariyâ Yahyâ(ar)[4], le souk des parfumeurs est le plus ancien de Tunis. Ce souk se trouve dans l'immédiate proximité de la mosquée Zitouna[4]. En effet, les métiers nobles et propres sont les seuls à avoir le droit de côtoyer ce sanctuaire, le métier de parfumeur étant considéré comme l'un des plus raffiné. On y vend des parfums composés d'essences rares et précieuses mais on y trouve aussi de l'encens provenant d'Inde et du Yémen, ainsi que certains produits de beauté.
Les premiers marchands parfumeurs de Tunis sont issus de famille originaire de l'Orient arabe (Yémen, Égypte, Syrie, et Arabie) et gardent longtemps l'exclusivité de la production. Les devantures ainsi que les étagères et les comptoirs des magasins sont réalisés en bois sculpté ; ils attestent de la richesse de ce souk dont l'atmosphère suggère le luxe et la volupté des senteurs orientales. Ce métier est aussi organisé en corporation et son amine ou président du syndic est considéré comme un grand notable de la capitale.
Construit par Youssef Dey en 1612[1], c'est l'ancien souk aux esclaves noirs de Tunis devenu par la suite le souk des bijoutiers. Ce souk est de forme carré, avec une estrade en bois au milieu qui était le lieu ou les esclaves étaient présentés (d'où le nom de berka) et attendaient le dénouement de la vente. Le lieu était couvert par une coupole centrale et de plusieurs voûtes latérales.
Les esclaves se vendaient à la criée et les acheteurs potentiels s'asseyaient sur des banquettes installées autour de ce souk et participaient aux enchères. Les esclaves blancs, considérés comme plus rares et plus précieux, n'étaient pas vendus dans le souk mais dans des endroits plus retirés car la vente ne concernait que de riches acheteurs potentiels. L'abolition de l'esclavage, décrétée en Tunisie par Ahmed Ier Bey en 1846 cause sa transformation en souk des bijoutiers spécialisé dans l'orfèvrerie et l'argenterie.
Ce souk, fondé par Hammouda Pacha, est situé entre la kasbah de Tunis et le souk El Berka. Il est maintenant spécialisé dans la vente des métaux précieux.
Ce souk est spécialisé dans la vente des plantes médicinales[7]. En plus des herbes utilisées dans un but médicinal, on y trouve aussi des animaux destinés à protéger contre le mauvais œil ou l'infidélité dans le couple[7].
Cependant, le nombre de vendeurs a diminué avec l'usage croissant de la médecine moderne, poussant les marchands à se convertir à d’autres activités[8].
Le souk El Ghrabliyya est spécialisé dans la fabrication et la vente des tamis[10]. Il est situé au nord-est de la mosquée Zitouna, au cœur de la médina.
Le souk, situé dans le faubourg nord de la médina, dans l'arrondissement de Bab Souika, a été historiquement marqué par les Granas, des Juifs installés en Tunisie en provenance de Livourne au début du XVIIe siècle[11]. Il accueille la vente de draps, soieries, étoffes, vêtements et articles d'artisanat.
Le souk El Haddadine ou souk des Forgerons[12] est spécialisé dans la métallurgie. Le souk se trouve à l'extrémité sud de la médina, dans la rue des Forgerons.
Il est situé dans le faubourg nord de la médina, près de Bab Souika.
La dénomination d'El Halfaouine est en rapport avec les vendeurs d'alfa installés dans cette zone ; cette plante est utilisée pour la fabrication des couffins traditionnels (arabe : القفة).
Le souk El Kallaline ou souk des Potiers est spécialisé dans la poterie[13]. Il est situé dans le faubourg nord de la médina de Tunis, près de Bab Souika.
Le souk El Kébabjia accueille les artisans fabriquant les kbaïeb, pluriel de kobba (écheveau, pelote de fil ou de soie) et se spécialise dans le commerce des garnitures pour les costumes traditionnels.
Il est parallèle au souk El Berka et dessert le souk El Trouk d'une part et le souk Es Sekajine d'autre part[14]. Il est construit à la même époque que le souk El Trouk par Youssef Dey au cours du XVIIe siècle[14].
Longeant la façade occidentale de la mosquée Zitouna, le souk des étoffes est fondé au XVe siècle par le sultan hafsideAbou Amr Uthman[1]. Il est constitué de trois allées séparées par deux rangées de colonnes[1].
La large allée centrale est destinée à la circulation tandis que les allées latérales permettent l'accès direct aux magasins où l'on vend des étoffes et des tissus[1], qu'ils soient de fabrication tunisienne ou importés comme certains produits de luxe tels que la soie ou le lin. Les allées sont surplombées par des voûtes percées d'ouvertures permettant l'éclairage naturel des boutiques[1]. Le souk est fermé des deux côtés par de larges portes entourées de colonnes de styles andalouses ou hispano-mauresques.
Le souk El Leffa, appelé également souk des Djerbiens, est connu pour la vente des produits de laine grâce aux marchands originaires de l'île de Djerba, installés afin de vendre des produits tissés sur l'île ou en provenance d'autres régions, surtout Gafsa et Tozeur dans le Jérid[16]. Des artisans y fabriquent également le traditionnel sefseri[16].
L'origine du nom de ce souk est très débattue, mais l'on s'accorde à dire que le mot est le fait du rapprochement du mot tourk, « turc » en arabe, avec celui de trouk, pluriel du mot désignant une antiquité (tirka). Ce souk fait partie des souks construit vers 1620 par Youssef Dey, entre la mosquée Zitouna et les centres du pouvoir ottoman, la kasbah et le Dar El Bey, pour une clientèle turque ou pour les artisans turcs, fils de soldats ottomans de la régence de Tunis.
En effet, ce souk est à l'origine réservé aux tailleurs et brodeurs de vêtements à la turque, fournisseurs de la milice turque de Tunis mais aussi des dignitaires du régime beylical qui, pour marquer leur réussite sociale, portent des vêtements (principalement des gilets, des chemises et des pantalons bouffants) en tissus précieux, brodés de fil d'or et d'argent pour les plus riches. Des centaines d'ouvriers, qui sont remplacés peu à peu par des artisans juifs, s'activent dans les ateliers de ce souk sous le patronage de maîtres-artisans ou de patrons qui, souvent en même temps, sont des militaires en activité.
Leurs produits raffinés s'exportent souvent vers le Levant (Libye, Égypte, Syrie ou encore Turquie) où les patrons gardent certaines attaches et dont ils connaissent plus le goût de la population turque de ces pays. La corporation des terziya faisait l'attention de nombreux égards de la part du souverain, de par son attache avec le corps de la milice turque. Les réformes du début du XIXe siècle changent beaucoup les habitudes vestimentaires et nombre de vêtements de dignitaires et des militaires sont alors importés directement d'Europe. De plus, le contingent turc, de moins en moins nombreux, tend à se fondre dans la population tunisienne et adopte la plupart des codes vestimentaires du pays. La corporation reste néanmoins dirigée par des maîtres-artisans musulmans, avec à leur tête l'amine, représentant les intérêts de cette puissante corporation, mais les tailleurs et brodeurs sont presque tous des Juifs tunisiens avant la fin du XIXe siècle.
Ce souk devient le lieu de vente d'articles de brocantes et d'antiquités, d'où son nom.
Peu d'informations sont disponibles sur celui-ci, certains disent qu'il est dénommé Erbaa (quart) parce que le quart du prix des marchandises était payé comme impôt mais cette explication est à revoir car tous les souks en payent.
D'autres indiquent que les boutiques étaient situées en hauteur par rapport à la rue, ce qui oblige les marchands à s'asseoir les jambes croisées. Cette position s'appelle tarrbiaa (arabe : تربيعة), ce qui expliquerait l'origine de la dénomination.
Le souk Es Sabbaghine ou souk des Teinturiers est situé à la périphérie de la médina, loin du centre constitué par la mosquée Zitouna car la teinture est considérée comme une activité polluante. La dénomination Es Sabbaghine, soit « Teinturiers », a pour origine la teinture de la laine, du coton et de la soie[19] qui est effectuée près d'une fontaine qui existait là auparavant.
Il s'agit d'une ruelle du souk Es Sabbaghine, c'est pourquoi on l'appelle « Petit souk » par rapport au « Grand souk ». Il abrite encore quelques boutiques de teinture.
Le souk Es Sekajine ou souk Es Sarragine est spécialisé dans la fabrication des selles, harnachements et accessoires équestres ainsi que dans la maroquinerie[20].
Le souk Sidi Boumendil est l'un des souks populaires de la ville, situé à l'entrée orientale de la médina. Il est spécialisé dans la vente de produits importés de Chine et d'Asie de l'Est via la Libye ; ces marchandises se caractérisent par leur qualité et leur prix réduit.
Il est situé à l'entrée orientale de la médina de Tunis, dans une rue portant le même nom et parallèle à la rue El Jazira.
Il est l'un des souks du faubourg nord de la médina de Tunis. Daté du protectorat français[23], ses produits sont divers et destinés à une utilisation quotidienne.
Il est situé près de Bab El Khadra, l'une des portes de la médina.
Le souk Sidi Sridek, qui vend des produits divers et destinés à une utilisation quotidienne, est situé dans le quartier de la Hafsia. Il est édifié en 1940 sous le protectorat français[25], à l'initiative d'Ahmed II Bey.
Le souk est situé sur la rue Sidi Sridek, dans le quartier de la Hafsia.
↑Hédi Slim, Ammar Mahjoubi et Khaled Belkhodja, Histoire générale de la Tunisie, tome III « Les temps modernes », éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2007, p. 137