Les questions de la mémoire et de l’oubli, de la beauté et de l’effroi, de la perte et de l’absence, mais aussi de l’ici et du maintenant constituent un fil conducteur du travail de Sophie Zénon[3],[4],[5],[6].
Elle aborde le passé dans sa dimension de présent et le vivant dans sa capacité de résilience. Image-palimpseste, empreinte, réactivation d’archives mais aussi technique du geste et matérialité font partie de son vocabulaire plastique.
Ses créations artistiques, conçues par cycles successifs, se déclinent sous la forme de séries photographiques, de livres d’artiste, d’éditions, de vidéos, d’installations.
Formation
Sophie Zénon est historienne et ethnologue de formation. Elle a suivi des études d'histoire contemporaine à l'Université de Rouen et a mené des recherches sur Les attitudes des Normands face à la mort aux XIXe et XXe siècles. Elle a étendu son champ de recherche en ethnologie à l'École pratique des hautes études (EPHE) de Paris au chamanisme en Mongolie et en Sibérie extrême orientale sous la direction de l'anthropologue Roberte Hamayon.
Premiers travaux (1996-2005)
À la fin des années 1990, Sophie Zénon se fait d'abord connaitre pour ses photographies en Mongolie, Haïkus mongols[7](1996-2004), en Sibérie extrême-orientale, Suite sibérienne (2000-2001[8]) et au Cambodge, Roads Over Troubled Waters (2005).
Publication en 2010 du livre d'artiste Roads Over Troubled Waters (éditions Schilt Publishing) avec des textes de Suzanne Meyers et de Laura Serani, acquis par la Bibliothèque du livre d’artiste Kandinsky / Centre Pompidou Beaubourg et la bibliothèque du livre d’artiste du Rijksmuseum.
In Case We Die (2008-2011)
Dans les années 2008-2011, elle réalise plusieurs travaux en relation avec les questions de la représentation du corps après la mort, un cycle en quatre volets intitulé In Case We Die. In Case We Die prend sa source dans une tradition à la fois picturale, celle de la peinture chrétienne, et photographique, celle de la photographie post-mortem.
In Case We Die s’étoffe en 2010 d’un deuxième volet à Naples, sur les squelettes peints à fresque des catacombes de San Gaudioso et au cimetière Fontanelle. Un travail au sein de plusieurs funerarium en 2011 termine le cycle.
In Case We Die est exposé dans son intégralité en 2011 à la Fondation Fernet-Branca[16],[17]. Publication d'un catalogue In Case We Die (éditions de Saint-Louis / Fondation Fernet Branca) avec un texte de Bogdan Konopka.
Arborescences (2010-2017)
À partir de 2010, elle commence un nouveau cycle Arborescences, un essai sur les questions du deuil, de l'exil et de la mémoire familiale. L'approche documentaire se nourrit d’une mise en fiction qui mélange archives et prises de vues in situ pour une approche plurielle des lieux. Abordant la question du paysage, Sophie Zénon souligne les liens unissant territoire, mémoire et construction de soi.
Le premier volet L'Homme-Paysage (Alexandre) invite à une relecture de la notion d’héritage intégrant l’homme au paysage mais aussi le paysage à l'homme. En quête de ses racines, elle cherche dans ses installations à retracer une histoire de l’immigration qui a nourri et enrichi l’identité française autour de l’effigie de son père, arrivé dans les Vosges dans l'entre-deux guerres. L'Homme-Paysage (Alexandre) est présenté en 2017 dans l'exposition collective Paysages français. Une aventure photographique à Bibliothèque Nationale de France qui en fait l'acquisition pour ses collections permanentes.
En 2015, le Prix Résidence pour la photographie de la Fondation des Treilles lui permet de continuer ses travaux en Italie dans les rizières de la plaine du Pô où, à travers l'évocation de la jeunesse de sa grand-mère italienne, elle revisite la figure de la mondina. Dans le miroir des rizières (Maria) est exposé à la galerie Thessa Herold en 2017 et au Salon Paris-Photo lors d'un solo show la même année. Publication d'un catalogue Dans le miroir des rizières par la galerie Thessa Herold en 2017 avec une préface de Laura Serani. Il reçoit en 2019 le Prix Eurazeo[18],[19].
Enfance (2017[20]) clôt le cycle familial par une mise en scène de la photographe dans la maison de son enfance et de son adolescence en Normandie.
Rémanences (depuis 2017)
Ses plus récents travaux aborde la mémoire des paysages et notamment des paysages de guerre sous l'angle du végétal (cycle Rémanences). Sophie Zénon conçoit le paysage comme un lieu d’expérience et de méditation. Le végétal y est présent, tour à tour supplicié, marqueur de l’histoire et de ses traces, fragile mais toujours nourricier et renaissant.
Son livre d'artiste Verdun, ses ruines glorieuses (2013[21]) s'inspire de l'iconographie des gueules cassées. Il fait dialoguer des visages de soldats allemands et français de la Première Guerre mondiale issus de cartes postales avec des gravures et des textes extraits de La Bataille d'Occident d'Éric Vuillard.
Pour vivre ici (2017[22],[23],[24]) s'intéresse au Hartmannswillerkopf (HWK) site vosgien de la première guerre mondiale sous l'angle de sa forêt reconstituée. Publication d'un livre Pour vivre ici[25] aux éditions Loco en 2019 et en 2002 d'un livre d'artiste Les Dormeurs de la forêt accompagné d'un texte de l'écrivaine Paola Pigani et d'une gravure de Bernard Alligand (éditions d'art FMA)[26].
En 2019, l'exposition organisée au centre photographique L'Imagerie à LannionCe que murmurent les fantômes met pour la première fois en relation des séries d'images et vidéos réalisées pendant une vingtaine d'années.
De 2020 à 2023, L'herbe aux yeux est une recherche sur les plantes obsidionales en territoire lorrain, réalisée en collaboration avec le botaniste nancéien François Vernier. Exposition à La Chambre à Strasbourg en 2023[30],[31],[32]
↑Christelle Cappelle, « Regards d'artiste, S. Zénon. », Les chemins de la mémoire. HS "Paysages en guerre, paysages de guerre". Interview avec Sophie Zénon, 2018.
Keeper of the Hearth, 2020. Collectif. Sous la direction d'Odette England. Textes de Douglas Nickel, Lucy Gallun, Phillip Prodger. Editions Schilt Publishing (Amsterdam).
Héloïse Conésa, Rémanences, in Pour vivre ici, éditions LOCO, 2019.
Paysages français. Une aventure photographique (1984-2017), 2017. Collectif. Catalogue d’exposition. Sous la direction de Raphaële Bertho et d’Héloïse Conésa. Avec des textes de Bruce Bégout et François Bon. Editions de la BNF. Pages 216-217.
Henri Cartier-Bresson e gli altri. I grandi fotografi e l'Italia, 2015. Collectif. Catalogue d’exposition. Textes de Giovanna Calvenzi. Editions Contrasto. Pages 266 à 269.
Vanité. Mort que me veux-tu?, 2010. Collectif. Catalogue d’exposition, Fondation Pierre Bergé / Yves Saint Laurent. Textes d'Alain Tapié et Régis Cotentin. Ed. de la Martinière.