La Société des aquafortistes est une maison d'édition française fondée en 1862 à Paris, spécialisée dans l'impression, la vente et la diffusion d'estampes à l'eau forte. Dirigée principalement par Alfred Cadart, elle disparaît en 1867.
Pratiquant l'édition d'estampes depuis les années 1850, Alfred Cadart s'associe en 1862 à un certain Félix Chevalier, photographe pour le Salon de Paris, pour lancer la Société des aquafortistes au 60 rue de Richelieu à Paris : son ambition est de redonner sa place à l'eau-forte de peintres, éclipsée depuis la fin du XVIIIe siècle par le burin et la lithographie. Cadart est un défenseur du procédé de l'eau forte et du réalisme, illustré par l'œuvre de Gustave Courbet. Après le départ de Chevalier, Cadart s'associera en à Jules Luquet (1824-?), propriétaire de l'hôtel de la Grande-Bretagne et peintre amateur[2].
Pour faire connaître son entreprise il édite, chaque mois, à partir de , un cahier contenant cinq eaux-fortes « modernes, originales et inédites » exécutées et signées — dans le cuivre —, par les membres de cette société de graveurs. Le premier portfolio comprend des œuvres de Félix Bracquemond, Charles-François Daubigny, Alphonse Legros, Édouard Manet (la gravure intitulée Los Gitanos) et Théodule Ribot. Le contrat entre la Société et l'artiste prévoit la livraison pour chacun de cinq planches.
Les presses sollicitées pour les tirages sont celles d'Auguste Delâtre. Le prix unitaire à la vente est de 2 francs en moyenne. Manet, qui est au catalogue, est mentionné comme l'auteur de huit gravures, vendues pour la somme de 12 francs[3].
En , un premier recueil reprenant les 60 eaux-fortes originales éditées depuis douze mois tout au long de l'année, fruit du travail d'artistes tous membres de cette association, est proposé à la vente, précédé d'un texte signé Théophile Gautier[4]. Ce principe fut poursuivi jusqu'en 1867, soit cinq volumes totalisant 329 eaux-fortes exécutées par 133 artistes. Entre-temps, l'associé de Cadart, Luquet jette l'éponge fin 1867 et est remplacé par un certain Léandre Luce ; le siège de la maison d'édition était passée au 79 rue de Richelieu, dans une boutique nommée « Aux Arts modernes » : il s'agit d'un grand local, au croisement avec la rue Ménars, qui comprend une galerie d'exposition (peintures, gravures, sculptures), une librairie d'art et du matériel pour dessiner, peindre et graver.
En 1868, Cadart se lance dans une autre entreprise éditoriale fondée sur les mêmes principes, L’Illustration nouvelle, suivie par L'Eau forte en..., que continuera sa veuve.
Postérité
La Société des aquafortistes a relancé l'intérêt des publics pour l'eau-forte et à participer à sa renaissance.