Le département de Maine-et-Loire possède un certain nombre de sites mégalithiques, témoins des premières occupations humaines du territoire.
Généralité
L'apparition des mégalithes en Anjou est sûrement contemporain de l'apparition du mégalithisme dans l'ouest de la France, avec le Dolmen de l'île de Carn, à Ploudalmézeau, érigé vers -3200. L'érection des sites mégalithiques en Anjou s'intègre entre -3200 et -1800 environ[H 1].
Dans le département de Maine-et-Loire, il existe encore 73 menhirs debout, plus 13 dorénavant couchés, ainsi que 42 détruits mais attestés. Pour les dolmens, 50 sont encore relativement en bon état, 19 plus ou moins dégradés, et 21 disparus attestés[G 1]. Si on y ajoute les éventuels menhirs disparus dont la trace n'est conservée que par toponymie, on arrive aux alentours de 160 menhirs, plaçant le Maine-et-Loire au vingtième rang des départements français pour ce qui est du nombre de menhirs[H 2].
La répartition des monuments mégalithiques ne se présente pas de manière homogène sur l'ensemble du département. La région des Mauges, par exemple, est vierge de tout dolmen. La rive droite de la Loire, à l'époque bien plus large et plus sujette aux crues, entre Angers et Tours, en est également dépourvue. En revanche, deux zones géographiques présentent une plus forte densité : le Saumurois, au sud de la Loire, d'une part, et le Baugeois d'autre part. Cependant, le nombre de dolmens, surtout en Saumurois, et leur relatif éloignement les uns des autres, ne permet pas d'envisager la présence d'une nécropole[G 2].
Caractéristiques
Menhirs
Contrairement aux dolmens, les menhirs se répartissent de manière plus uniforme dans le département. Le Choletais, bien que dépourvu de dolmens, compte 18 menhirs, plus 23 disparus. Le Saumurois totalise encore 23 menhirs debout et 10 disparus, le Segréen en possède respectivement 19 et 8, et enfin le Baugeois en compte respectivement 13 et 5[G 3].
Ces menhirs ne sont pour la plupart pas alignés. Seuls deux alignements sont certifiés : celui de Freigné dans le Segréen, avec 7 menhirs encore debout, et celui de Cholet, disparu, qui comptait 5 menhirs. De même, il ne semble pas y avoir eu de cercle de pierre, ou « cromlech »[G 4].
Sur les 73 menhirs encore debout, seule une vingtaine dépasse les 3 mètres, et 3 les 5 mètres : le menhir de la Bretellière de Saint-Macaire-en-Mauges avec 6,30 mètres, le menhir de Nidevelle de Saint-Georges-des-Sept-Voies avec 5,50 mètres, et le menhir de Pierre-Frite de Saint-Michel-et-Chanveaux avec une hauteur comprise entre 5,40 et 5,25 mètres[H 3].
Dolmens
De par son emplacement, l'Anjou fut une terre de carrefour d'influence mégalithique, puisque se trouvant entre l'Armorique (type Allées bretonnes) et le Bassin Parisien (type Allées S.O.M, Seine-Oise-Marne)[H 4]. On peut classer les dolmens de Maine-et-Loire en 6 grandes catégories:
Cairn à chambres multiples : En 1997, lors de fouilles préventives, un cairn a été mis au jour à l'ouest de la cour, sous les vestiges de l'ancien château comtal (Angers). Construit aux alentours de -4500, le cairn se composait de 4, peut être 5, chambres funéraires. Il faisait environ 17 mètres de diamètre, et était entièrement construit en dalles de schistes. Par ailleurs, le façonnage de ces plaques laisse percevoir la maîtrise de l'exploitation ardoisière dès le Néolithique[1],[2].
Dolmens simples : ils correspondent au dolmen de base, avec un tablier unique reposant sur quelques piliers. De forme simple, quasi-carrée, voire rectangulaire. Cinq dolmens correspondent à ce type en Anjou : la Pierre du Crapeau, à Baugé; le dolmen du Gué au Poirier, à Broc; le dolmen de l’Orrière, à Chigné; la Maison des Fées, à Miré et la Pierre du Ruau, à Saulgé-l'Hôpital[H 5].
Dolmens polygonaux : similaire aux dolmens simples, mais généralement plus grands, avec des supports plus nombreux formant des angles marqués, leur donnant un aspect polygonal. En Maine-et-Loire : La Pierre couverte de Montbenault, à Beaulieu; le dolmen des Mollières, à Beauvau; le dolmen de Chantepierre, à Broc et le Grand Dolmen des Varennes de Cumeray, au Thoureil[H 6].
Allées couvertes : constituées de plusieurs tables de couvertures, reposant sur des blocs dressés qui délimitent une chambre longue et étroite. Deux monuments de ce type sont présents en Maine-et-Loire : le dolmen du Champ-du-Ruisseau et celui de la Romme, à Champtocé-sur-Loire[H 7].
Hypogées mégalithiques : se définit comme un monument semi-souterrain, creusé dans la roche pour servir de sépulture collective. Les ossuaires de Brézé et de Courléon, ainsi que la crypte du Bois Brard à Saint-Hilaire-Saint-Florent en sont de parfaits exemples[H 8].
Dolmen de type angevin : se définit comme une « chambre rectangulaire large, précédée d'un portique plus étroit et plus bas [3]». Ils sont divisés en deux catégories : un type court (forme carrée, ou quasi-carrée), dit A, et un type long (forme rectangulaire), dit type B. Ils possèdent une entrée dirigée le plus souvent vers l'est, plus précisément vers le sud-est. C'est le type de dolmen le plus répandu dans la région : il représente 42 % des dolmens du département, dont 55 % dans la région de Saumur[G 5]. L'aire de répartition des dolmens de type angevin s'étend depuis le Sud de l'Ille-et-Vilaine (La Roche-aux-Fées) jusqu'au Talmondais (dolmen de la Frébouchère) et au nord des Deux-Sèvres ; le dolmen de la Grotte dans le Puy-de-Dôme constituant le spécimen le plus excentré.
Enfin, de nombreux dolmens de Maine-et-Loire sont inclassables en raison de leur état de conservation, ou de leur disparition totale. Sans compter ceux disparus, une quinzaine de dolmens restent de type indéterminé[G 6].
Matériaux
On observe une relation entre le nombre de dolmens d'un territoire et les matériaux disponibles. Ainsi, la très grande majorité des sites mégalithiques du département sont constitués de grès d'âge variable, du "Sénonien" à l'Éocène. Ces bancs de grès se retrouvent en hauteur des coteaux, notamment en bord de Loire, et débordent souvent sur le rebord de la pente du coteau. Ainsi, relativement aisés à extraire, ils permettent d'ériger des monuments comme des dolmens plus facilement. Ce serait la raison du nombre de dolmens se situant en pente de coteau (34 monuments au total). La formation géologique dite du "grès armoricain", datant de l'Ordovicien, a également été employée, surtout dans le Segréen. Dans les Mauges, ce sont les roches éruptives qui dominent. Enfin, dans le nord-est du Baugeois, on trouve des monuments en roche meulière[G 7].
↑Un mégalithe inédit sous le château d'Angers (Maine-et-Loire), Cyril Marcigny, Emmanuel Ghesquière, Cyril Hugot, Bulletin de la Société préhistorique française, 2002 ; Volume 99, Numéro 4 ; p. 821-824
↑Michel Gruet, « Dolmens angevins à portique », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 53, nos 7-8, , p. 397-401 (DOI10.3406/bspf.1956.3355, lire en ligne)
↑Cyril Marcigny, Emmanuel Ghesquière et Cyril Hugot, « L'ensemble mégalithique du château d'Angers (Maine-et-Loire) : résultats des premiers sondages », dans Roger Joussaume, Luc Laporte, Chris Scarre, Origine et développement du mégalithisme de l'ouest de l'Europe : Colloque international du 26 au 30 octobre 2002, vol. 2, Bougon, Musée des Tumulus de Bougon, , 516 p. (ISBN2911743229), p. 345-356