La ville de Sighișoara est située dans le Sud du județ de Mureș, sur la rivière Târnava Mare et dans la vallée homonyme, à 55 km au sud-est de Târgu Mureș (le chef-lieu du județ) et à 110 km au nord-ouest de Brașov.
La partie la plus ancienne de la ville est située sur un plateau dominé par une colline qui surplombe une boucle de la rivière. Dès le Moyen Âge, l'expansion urbaine a rejoint la rive gauche de la Târnava pour s'étendre à l'heure actuelle sur la rive droite où se trouvent la gare et de grands quartiers modernes.
La municipalité est composée de la ville de Sighișoara elle-même et des sept villages suivants (population en 2002)[2] :
Au XIIe siècle, des artisans et des marchands d'origine allemande, appelés Saxons de Transylvanie sont invités par le roi de Hongrie, suzerain du voïvodat de Transylvanie, à coloniser et développer ce vassal oriental de son royaume. Le chroniqueur Krauss mentionne la colonie saxonne à Sighișoara en 1191. Le site où se sont installés ces colons saxons avait déjà été fortifié par les Sicules une cinquantaine d'années auparavant.
Après l'invasion mongole de l'Europe en 1241, des fortifications sont élevées autour de la ville. Celles-ci sont payées par les corporations d'artisans (elles sont vingt-cinq en 1376). La noblesse hongroise et la bourgeoisie saxonne habitent alors la ville haute, sur la colline originelle, tandis que des faubourgs, peuplés d'artisans saxons, se développent dans la ville basse, elle aussi protégée par des murailles et des portes défensives. Autour de la ville, hors les remparts, se trouvent les maisons et églises en bois des ouvriers et paysans « valaques » (comme l'on appelait alors les Roumains) qui, en cas d'invasion, ne sont pas admis dans la ville mais doivent se cacher dans leurs posade parsemant les collines alentour.
En 1280, Sighișoara est connue par son nom latin Castrum Saxorum, et en 1298 par son nom allemand de Schespurch. En 1337 Sighișoara devient une résidence royale, et obtient le statut de ville en 1367 sous le nom de Civitas de Segusvar. Pendant plusieurs siècles, la ville joua un rôle stratégique et commercial significatif aux limites orientales du royaume de Hongrie, devenant l'une des villes les plus importantes de Transylvanie.
Deux légendes relient des personnages historiques à Sighișoara. Selon l'une, Vlad II Dracul (Vlad II le Dragon), prince de Valachie se serait établi dans la ville de 1421 à 1436 et c'est là que serait né son fils qui règnera sous le nom de Vlad III l'Empaleur (dont la légende revue par l'écrivainBram Stoker met en scène le personnage de Dracula). En fait, c'est à Târgoviște en Valachie que se trouvait la résidence princière des voïvodes de Valachie, et c'est là que les deux Vlad sont, selon toute probabilité, nés. Selon l'autre légende, il y aurait un lien entre les noms de Transylvanie et Pennsylvanie, la région de Sighișoara étant le lieu de naissance en 1673 du mystique protestantJohannes Kelpius, qui émigre en Pennsylvanie sur le navire Sarah Maria Hopewell et y devient l'âme du groupe d'ermites appelés Mystics of the Wissahickon, ou encore Society of the Woman in the Wilderness.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Sighișoara souffre d'événements tragiques : incendies en 1676, 1736, 1788, épidémies de peste dont meurt la moitié de la population, inondations en 1771, séisme en 1838.
La ville reste à l'écart du développement économique du XIXe siècle, ce qui lui permet de préserver son centre historique médiéval de changements urbanistiques trop massifs. En 1867, lors de la réorganisation administrative de l'Autriche-Hongrie, Sighișoara devient une ville du royaume hongrois, et en 1876, lors de la réorganisation administrative de la Transylvanie, elle devient le chef-lieu du comitat de Nagy-Küküllő/Târnava-Mare.
La vieille ville de Sighişoara constitue un ensemble remarquable d'architecture civile et militaire du Moyen Âgegermanique transylvain, dont l'état de conservation a justifié son inscription sur la liste du Patrimoine mondial. Le centre historique est constitué par le site fortifié qui s'étend sur le plateau aux versants abrupts dominé par la colline de la Cité, la Ville Basse et les murailles qui enserrent l'ensemble.
Les monuments les plus remarquables sont :
la Tour de l'Horloge de Sighișoara (Turnul cu Ceas), tour défensive du XIIIe siècle et du XIVe siècle et porte d'entrée principale de la ville. Le Conseil Municipal de la cité se tenait à cet endroit jusqu'en 1456 ; elle a été transformée en Musée d'Histoire en 1899. Construction de 64 mètres de hauteur, la tour comporte une galerie surmontée d'un toit de tuiles vernissées et d'une flèche, l'emblème de Sighișoara.
l'église Saint-Nicolas, au sommet de la colline, de style gothique (1459-1495), avec un ensemble de fresques gothiques et plusieurs retablesRenaissance.
l'escalier des Écoliers, escalier à rampes de 175 marches avec une couverture en bois datant de 1642, permet d'accéder à l'église Saint-Nicolas sur la colline[4].
la place de la Citadelle et rues avoisinantes, ensemble de maisons d'artisans à deux ou trois étages aux crépis colorés et aux hautes toitures de tuiles.
l'église du monastère, ancienne église des Dominicains (XIIIe siècle), agrandie en 1515, de style gothique avec une décoration intérieure baroque, un remarquable retable, une collection de tapis turcs.
les nombreuses maisons médiévales.
les murailles de la Citadelle (930 mètres de long, huit à dix mètres de haut), construite du XIIIe siècle au XVIIe siècle. Neuf tours subsistent sur les quatorze originelles. Chaque tour porte le nom d'une corporation : tour des Fourreurs, des Bouchers, des Tailleurs, des Ferblantiers, etc.
Tours
Selon d’anciens écrits d’architecture militaire, les tours ont une fortification de défense mutuelle. Chacune est supposée être une forteresse indépendante ; casser l’une des bases de ces tours ne suffit pas à pénétrer dans la ville. Les tours sont creuses à l’intérieur et elles sont équipées d’ascenseurs et de galeries souterraines.
la tour à l'horloge (Turnul cu Ceas) : le monument mesure 64 m de haut et a été construit au XIIIe siècle. C’est aujourd'hui un musée historique ;
la tour des tanneurs (Turnul cositorarilor)
la tour des bouchers (Turnul măcelarilor)
la tour des cordonniers (Turnul cizmarilor)
la tour des tailleurs (Turnul croitorilor)
la tour des fourreurs (Turnul cojocarilor)
la tour des ferrailleurs (Turnul fierarilor)
la tour des cordiers (Turnul frânghierilor)
la tour des tanneurs (Turnul tăbăcarilor)
Églises
L’église sur la colline (Biserica din Deal) – est indubitablement l’un des plus précieux monuments architecturaux de la ville. Il fait partie des bâtiments les plus représentatifs du style gothique en Roumanie.
L’église du monastère dominicain (Biserica Mânăstirii Dominicane) – est un bâtiment de style gothique. Elle est située dans les environs de la tour d’horloge. L’église a été construite au XIIIe siècle, c’est l’une des seules qui n’a pas de cloche. La raison est que les saxons ne voulaient pas en installer alors que l’église située sur la colline en a bénéficié d’une. Il leur semblait que c’était suffisant pour toute la ville.
La plupart des 164 maisons de la ville n’ont pas moins de 300 ans d’histoires et elles sont considérées comme monuments historiques. La place centrale de la ville était autrefois habitée par les nobles familles de la ville. Bien que les maisons aient subies des changements au fil du temps, les plus jolies sont les seules qui ont conservé leur état d’origine.
La ville basse possède aussi quelques bâtiments intéressants du début du XXe siècle, notamment l'hôtel Steaua, de style art nouveau et de beaux immeubles baroques.
La composition démographique de la ville s'est profondément modifiée au cours du XXe siècle. La ville s'est « roumanisée » et a perdu peu à peu sa spécificité germanique.
En 1910, la ville comptait 6 092 Allemands (soit 47,61 % de la population totale), 3 580 Roumains (27,98 %) et 2 740 Hongrois (21,41 %)[7].
En 1930, on recensait 5 845 Allemands (41,08 %), 4 771 Roumains (33,53 %), 2 928 Hongrois (20,58 %), 504 Roms (3,54 %) et 146 Juifs (1,03 %).
En 2002, les proportions sont les suivantes : 24 751 Roumains (76,06 %), 5 934 Hongrois (18,36 %), 1 135 Roms et seulement 623 Allemands (1,92 %)[8].
Religions
Selon le recensement de 2011, la répartition religieuse de la population est la suivante[9] :
La ville possède des unités de fabrication de meubles, verreries, céramiques. L'industrie textile, la confection et les matériaux de construction sont également des secteurs actifs de l'économie locale.
Le commerce et le tourisme y jouent un rôle de plus en plus important.
↑Courrier international, « À travers la nouvelle europe. sighisoara, ville de mystères et de méditation », Courrier international, (lire en ligne, consulté le ).