Sarcophage des Époux est le nom donné aux urnes funérairesétrusques monumentales en terracotta (initialement polychrome), représentant deux époux allongés ensemble dans la pose du banquet étrusque, et dont les cendres ou les corps inhumés sont contenus dans l'urne (suivant les tailles).
Une de type Caere en terracotta a été conservée quelque temps au British Museum de Londres mais elle s'est avérée être un faux étrusque[2].
Description
Ce type d'urne cinéraire est conforme aux traditions étrusques associées au culte de leurs morts : l'urne comporte un vase et un couvercle sur lequel est représenté, en sculpture, le défunt en position de banqueteur, allongé sur le triclinium et dans la pose du vivant, souriant, le coude gauche appuyé (sdraiato) sur des outres à vin, les jambes enveloppées. Le désintérêt du réalisme dans les proportions anatomiques non respectées entre le visage, le corps et les jambes est typique de l'esthétique étrusque, qui cherche davantage dans la représentation des personnages un aspect symbolique.
Dans le Sarcophage des Époux, la première particularité repose sur sa taille (celle du Louvre : 1,11 × 0,69 × 1,94 m)[3] qui lui a fait attribuer initialement, à sa découverte, le nom de sarcophage.
La deuxième particularité repose sur la présence des deux époux ensemble, allongés l'un contre l'autre, et dont les cendres sont mêlées dans l'urne ou dont plusieurs urnes sont rassemblées, l'épouse représentée versant du parfum (contenu dans une alabastre aujourd'hui disparue) sur une main que lui tend son époux, un des rituels des funérailles étrusques. Seule la femme porte des chaussures pointues, les calcei repandi.
Cela expose aussi l'importance de la femme dans les rôles de la cité étrusque, traduite ici dans des proportions et des poses similaires à celles de son époux.
Esthétique étrusque
C'est également une des preuves formelle d'une esthétique étrusque particulière et originale, où la symbolique s'impose sur la stricte représentation proportionnée du corps humain : l'intimité de la relation conjugale se traduit par un haut des corps distincts bien que proches, qui se fondent ensuite dans la partie inférieure de l'œuvre, « en une longue arabesque qui va en s'aplatissant »[4].
À noter également la citation de l'œuvre du Louvre dans une esquisse d'Edgar Degas intitulée Mary Cassatt au Musée du Louvre - la galerie étrusque, dans laquelle la peintre américaine s'arrête devant le Sarcophage des Époux.
Dans Le sourire étrusque de José Luis Sampedro, le héros est émerveillé par le couple sculpté du Sarcophage des Époux qu'il admire à la villa Giulia de Rome. Il l'évoque tout au long du roman.
À Rome
Le thème des époux se retrouve ainsi, par contamination culturelle, dans les sarcophages romains.
↑Jacques Heurgon, La Vie quotidienne des Étrusques, Hachette, 1961 et 1989, p. 33
↑Une autre urne cinéraire, de même pose (époux ensemble), et de dimensions plus réduites (H. : 56 cm ; L. : 28 cm ; l. : 58 cm) a été découverte également sur le même site Urne cinéraire avec des époux sur le couvercle
↑ a et bp. 232 in Les Étrusques et l'Europe, préfacé par Massimo Pallottino, à la suite de l'exposition éponyme du Grand-palais, Paris, entre le 15 septembre et le 14 décembre 1992, et à Berlin en 1993.
Voir aussi
Bibliographie
Marie-Françoise Briguet, Le Sarcophage des époux de Cerveteri du Catalogue du Louvre, Musée du Louvre, Ed. Leo S. Olschki, 1989 (ISBN88-222-3658-0)