Les Grecs (rapportés par les auteurs latins) y voient plusieurs des signes de la « truphè étrusque », leur décadence due à leur prétendue oisiveté et opulence (profil de « l'Obeso »). Ils y voient des mœurs dépravés (chez les Grecs anciens les femmes qui accompagnent les dîneurs ne peuvent être que des prostituées ou des courtisanes).
Les seules traces directes et formelles de la civilisation étrusque qui nous sont parvenus étant les seuls objets funéraires, cette représentation est souvent celle destinée au défunt pour l'accompagner dans son voyage vers l'au-delà. On la retrouve sur le mobilier funéraire (poteries, bas-reliefs...) et surtout, fait unique dans le monde antique, sur les couvercles figurés de leurs sarcophages en pierre ou en terracotta (matériau proche de la technique de la terre cuite), et ceux de leurs urnes cinéraires en marbre ou en albâtre (musée Guarnacci de Volterra).
Dans le cas de la représentation funéraire du mort héroïsé, plusieurs significations se dégagent :
Souvenir de la vie réelle (mémoire), ainsi le Sarcophage dell'Obeso exprime la dignité de magnate et la richesse, l'opulence du défunt avant sa mort
Image de la vie surnaturelle (« banquet de l'éternité »),
Reproduction du repas donné par les vivants à date fixe au souvenir du vivant (commémoration),
Sur les couvercles de sarcophages figurés la pose est intime et limité à un ou deux des défunts :
Le défunt, ou la défunte, adopte la pose semisdraiata (allongé, appuyé sur un coude, la main tenant une coupe de libation). Les couples sont plus ou moins enlacés. La disproportion voulue des différentes parties des corps exprime le besoin plus symbolique que réaliste de la représentation.
Moins intimes, les scènes du banquet des fresques des tombes comportent plus d'indications sur la vie des Étrusques puisqu'ils festoient à plusieurs dans le principe du triclinium, entouré de familiers, de serviteurs, et le repas est égayé par des danseurs et des musiciens.
↑p. 300 in Les Étrusques et l'Europe, préfacé par Massimo Pallottino, à la suite de l'exposition éponyme du Grand-palais, Paris, entre le 15 septembre et le 14 décembre 1992, et à Berlin en 1993
Bibliographie
S. de Marinis, Tipologia del banchetto nell'arte etrusca arcaiaca, Rome, l'Erma di Bretschneider, 1961.