Rufin d'Aquilée (vers 345 à Concordia Sagittaria, Italie - vers 411 à Messine en Italie), dénomination devenue usuelle pour Tyrannius Rufinus (ou plutôt Turranius Rufinus), est un ascète chrétien, écrivain religieux et traducteur du grec au latin, historien ecclésiastique et admirateur de l'œuvre d'Origène. Il est un saint de l'église catholique, sa fête est le 27 Juillet.
En 397, Rufin retourne à Rome[2]. Il y traduit en latin le De principiis d'Origène, et l'Apologie pour Origène de Pamphile de Césarée. Il se brouille avec saint Jérôme à propos de ces traductions : dans une préface, il l'a présenté comme un admirateur (et traducteur) d'Origène. Jérôme écrit au moins trois textes très virulents contre Rufin, et il conteste notamment l'exactitude de sa traduction.
En 401, Rufin se retire dans un monastère, à Aquilée[3]. Il est un moment inquiété pour son militantisme origéniste sur l'intervention de l'évêque Théophile d'Alexandrie, mais le pape finit par condamner seulement certaines thèses d'Origène en renvoyant Rufin à sa conscience. En 408, fuyant l'invasion des Wisigoths, il part avec des amis d'abord pour le sud de l'Italie, puis pour la Sicile, où il meurt.
Œuvre
Il a traduit de nombreux autres ouvrages du grec vers le latin (et a joué un grand rôle pour la connaissance du christianisme oriental en Occident) :
Il a écrit lui-même une suite à l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée : il en a fusionné les livres 9 et 10 (en élaguant les discours trop favorables à l'arianisme du livre 10) et a ajouté deux livres qui prolongent le récit de 325 jusqu'à la mort de Théodose Ier en 395[3] (ce qui donne un ensemble en onze livres, présenté comme un tout, avec un court paragraphe au début du livre 10 pour signaler le changement d'auteur). Par ce travail, il fait figure de précurseur dans le domaine latin (et sa continuation a aussi servi de source aux auteurs grecs comme Socrate le Scolastique). L'ouvrage est dédié à l'évêque Chromace d'Aquilée, qui l'avait commandé, selon la préface, après l'invasion de l'Italie par Alaric Ier, roi des Wisigoths (401).
Avec Marcel d'Ancyre, il a laissé une version du vieux symbole romain. Rufin est aussi l'auteur d'ouvrages apologétiques et de traités dogmatiques, jugés mineurs.
↑ a et bCatherine Virlouvet (dir.) et Claire Sotinel, Rome, la fin d'un empire : De Caracalla à Théodoric 212 apr. J.-C - fin du Ve siècle, Paris, Éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 687 p. (ISBN978-2-7011-6497-7, présentation en ligne), chap. 9 (« L'illusion théodosienne (382-410) »), p. 436-437.