Le terme de « royaume de Bourgogne » est employé pour désigner divers États médiévaux. La Bourgogne (Burgundia) historique, qui est au départ le pays des Burgondes (Burgundiones), correspond à une zone géographique qui se situe aujourd'hui aux frontières de la France, de l'Italie et de la Suisse, comprenant notamment les villes historiques de Dijon, de Besançon, d'Autun, de Lyon, de Vienne, de Saint-Maurice et de Genève.
Deux royaumes portent le nom de royaume de Bourgogne (regnum Burgundiae) au cours du haut Moyen Âge. Le premier est formé à la suite de la conquête du royaume des Burgondes (regnum Burgundionum) par les Francs en 534 : ce royaume de Bourgogne existe de 534 à 843. Le second, généralement appelé royaume d'Arles, existe de 933 à 1378.
Les différentes entités bourguignonnes peuvent être résumées comme suit :
Au XVe siècle, la dynastie des Valois-Bourgogne, acquiert plusieurs fiefs français et impériaux, notamment les duché et comté de Bourgogne ainsi que la majorité des Pays-Bas : cet ensemble forme les « États bourguignons », que Charles le Téméraire tente, sans y réussir, de transformer en royaume en demandant le titre de « roi de Bourgogne » à l'empereur du Saint-Empire Frédéric III. En 1512 prenant la suite des états bourguignons, se constitue le Cercle de Bourgogne, entité administrative regroupant les dernières possessions bourguignonnes.
Origines : le royaume des Burgondes (Ve siècle – 534)
La Bourgogne doit son nom à la tribu germanique des Burgondes, originaire de la Scandinavie continentale, puis installée sur l'île de Bornholm, dont le nom en vieux norrois était Burgundarholmr (« île des Burgondes »)[note 1]. De là, ils ont migré vers le sud à travers les terres germaniques vers la Gaule romaine et se sont installés dans la partie occidentale des Alpes, dans la vallée du Rhône, établissant ce qui deviendra le royaume barbare des Burgondes.
Le premier roi des Burgondes documenté, mais pas historiquement vérifié, fut Gjúki (Gebicca), qui vécut à la fin du IVe siècle. Au cours de la traversée du Rhin en 406, les Burgondes s'installent comme foederati dans la province romaine de la Germania secunda le long du Rhin moyen[1]. Leur situation se dégrade aux environs des années 430 : leur roi Gondicaire a commencé plusieurs invasions dans la Gallia belgica voisine, ce qui a conduit à une défaite écrasante contre les troupes romaines et huns réunies par Aetius (Flavius Aetius) en 436 près de Worms (le centre du poème médiéval Nibelungenlied).
Le déclin du Royaume a commencé lorsqu'ils ont été attaqués par leurs anciens alliés Franc. En 523, les fils de Clovis Ier firent campagne dans les terres burgondes, à l'initiative supposée de leur mère Clotilde[2], dont le père le roi des Burgondes Chilpéric II de Burgondie avait été tué par Gondebaud. En 532, les Burgondes furent vaincus de manière décisive par les Francs à Autun[3], après quoi le roi des Burgondes Godomar III fut tué et les terres burgondes furent annexées par l'Empire franc en 534.
Le royaume franc de Bourgogne (534–843)
Les Mérovingiens intègrent le royaume des Burgondes à leurs différents royaumes, mais conservent son individualité. La Burgundia (« Bourgogne »), apparaît comme une entité politique pourvue d'un roi (mérovingien), aux côtés de la Neustrie et de l'Austrasie. Les plus connus de ces rois sont le roi Gontran (VIe siècle) et le roi Dagobert Ier (602–639).
En 613, après la mise à mort de la reine Brunehaut, il n'y a plus de roi résidant en Bourgogne. Le roi de NeustrieClotaire II réunit la Bourgogne à ses États. En 687, au lendemain de la bataille de Tertry, le royaume de Bourgogne-Neustrie disparaît à son tour. Le vainqueur, l'Austrasien Pépin de Herstal fait l'unité des royaumes francs.
En ce qui concerne le royaume de Bourgogne, la frontière entre les territoires de Charles et de Lothaire est établie sur la Saône, de sorte que le royaume se trouve scindé en deux parties : à l’ouest de la Saône, la Bourgogne franque ; à l'est, la Bourgogne impériale. Cette scission est définitive : alors que la Francie médiane et la Francie orientale sont réunies par la suite dans le cadre du Saint-Empire romain germanique (1032), la Francie occidentale, dirigée par la dynastie des Capétiens, reste à l'écart, devenant le royaume de France.
Le royaume de Francie médiane, attribué à Lothaire comprend des territoires allant de la mer du Nord jusqu'au centre de l'Italie. Il inclut une grande partie du territoire du royaume de Bourgogne d'avant 843, sauf la partie située à l'ouest de la Saône, incluse dans le royaume de Francie occidentaleen tant que duché de Bourgogne[réf. nécessaire].
Peu de temps avant sa mort en 855, Lothaire Ier divise la Francie médiane entre ses trois fils : la Lotharingie (de la mer du Nord à la Savoie) est attribuée à Lothaire II (roi de Lotharingie), l'Italie à Louis II le Jeune et la Basse-Bourgogne-Provence à Charles de Provence. Cette nouvelle partition suscite de gros problèmes, car les frères de Lothaire Ier, rois de Francie occidentale et de Francie orientale, se considèrent comme les véritables héritiers de la Francie médiane. Comme Charles de Provence est trop jeune pour régner, le pouvoir est exercé par le régent, le comte Gérard II de Paris, dont l'épouse est la belle-sœur de Lothaire Ier. Gérard est un régent fort, défendant le royaume contre les Vikings, qui remontent le Rhône jusqu'à Valence.
En 858, le comte Gérard fit en sorte que si Charles de Provence mourait sans héritiers, le royaume de Provence reviendrait au frère aîné de Charles, Lothaire II, qui régnait alors en Lotharingie. À la mort de Charles en 863, son frère aîné Louis II le Jeune revendiqua la Provence pour lui-même, ainsi le royaume fut partagé entre les deux frères restants : Lothaire II reçut les évêchés de Lyon, Vienne et Grenoble, pour être gouverné par Gérard; et Louis II reçut Arles, Aix-en-Provence et Embrun.
À la mort de Charles de Provence, le royaume est partagé entre ses frères survivants :
Entre 931 et 933, Hugues d'Arles semble avoir « cédé » le royaume à Rodolphe II de Bourgogne en échange de l'abandon de ses prétentions sur le trône d'Italie.
Le royaume de Haute-Bourgogne
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À partir de ce moment, il est fait la distinction entre « Bourgogne franque (ou française) » et « Bourgogne impériale ». Cette dernière appellation finira par ne désigner plus que le comté de Bourgogne, actuelle Franche-Comté.
Bien que le royaume arlésiens soit une terre d'empire, l'autorité de l'empereur (et donc du roi) reste relativement faible par rapport à celle de l'aristocratie locale. C'est notamment à partir de Frédéric II que les souverains se désintéressent du royaume, trop lointain pour leurs affaires. Le royaume s'est progressivement fragmenté au fur et à mesure il a été divisé entre les héritiers, ou alors des territoires ont été perdus et acquis par la diplomatie et les mariages dynastiques.
En 1378, lorsque le royaume d'Arles cesse d'exister, de grandes parties étaient déjà détenues par le comté de Savoie. Les terres restantes ont été cédées au dauphin de FranceCharles VI par l'empereur du Saint-Empire Charles IV, créant ainsi le Dauphiné.
Le « royaume de Bourgogne » de Charles le Téméraire
À la fin du XVe siècle, Charles le Téméraire, précédé par ses aïeux la Maison de Valois-Bourgogne, tente de réaliser le projet de combiner ses territoires en un « troisième royaume de Bourgogne » où il figurerait lui-même en tant que monarque indépendant.
Charles a même persuadé l'empereur Frédéric III de le couronner roi à Trèves et d'ériger ses possessions relevant de l'Empire en un royaume de Bourgogne. Le nouveau roi aurait été nominalement vassal de l'empereur, à la manière de celui du royaume de Bohême. Frederic III avait accepté également d'inféoder à ce royaume de Bourgogne le duché de Lorraine, le duché de Savoie (qui incluait alors le Piémont, la Bresse, le Bugey, le Pays de Vaud, Genève, le duché de Clèves, les évêchés d'Utrecht, Liège, Toul et Verdun[7],[8]. Les ducs de Savoie, de Lorraine, de Clèves et les quatre évêques seraient devenus les vassaux du roi de Bourgogne. Charles exigea également la souveraineté de la Bourgogne sur les cantons suisses[9]. Les terres du ressort de la couronne de France (Flandre, Artois, Bourgogne ducale) n'étaient pas directement concernées par ce projet. La cérémonie prévue n'a pas eu lieu car l'empereur s'est enfui dans une nuit de , mécontent de l'attitude du duc. Le rêve des ducs-comtes de Bourgogne de fonder un royaume indépendant s'est effondré avec la défaite et la mutilation de Charles à la bataille de Nancy.
Ce « troisième royaume de Bourgogne » dépassait largement les frontières des précédents royaumes. En effet, le royaume qui aurait pu être constitué à la suite des pourparlers avec Frédéric III, ressemblait plus certainement aux royaumes de Lothaire II (Lotharingie). La capitale envisagée par Charles le Téméraire pour ce nouveau royaume, n'étant autre que Nancy[10], ce royaume comme les états bourguignons, ne correspondent donc ni à la « Bourgogne » historique, ni actuelle.
Notes et références
Notes
↑Le nom de cette île, peut-être à l'origine Burgundarholm, pourrait signifier « îlot des Burgondes ». Cf. Favrod, page 18.
↑L'étymologie est souvent dérivé du nom d'homme Sapaudus, plusieurs fois attesté ; ou des termes celtiques, sapa, « résine », et vidu, « bois », ce qui se rapporterait aux forêts de sapins de ces contrées. La Sapaudia, n'est pas la Savoie et son nom signifie le « Pays des Sapins » et ce mot a donné en français Savoie
↑« il ne faudrait pas mes très chers, que je me repente de vous avoir nourris tendrement, manifestez, je vous prie, de l'indignation pour l'outrage que j'ai subi, et vengez la mort de mon père et de ma mère avec une sagace ténacité » Ce sont les termes que Grégoire de Tours met dans la bouche de Clotilde pour raconter l'origine de la conquête du royaume burgonde. Grégoire de Tours, Historia Francorum, Livre III, paragraphes VI et XI, traduction Robert Latouche, Les classiques de l'histoire de France au Moyen Âge, volume 27, p. 146-147 et 152, dans La Bourgogne au Moyen Âge, Académie de Dijon, Centre régional de recherche et de documentation pédagogique, Dijon, 1972, p. 17.
Grégoire de Tours, Histoire des Francs, trad. par R. Latouche, Paris, Les Belles Lettres, 1963 (2 vol.).
Ouvrages anciens
Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, Dijon, .
Dominique-François-Louis Roget, Questions bourguignonnes, ou Mémoire critique sur l'origine et les migrations des anciens Bourguignons, et sur les divers peuples, royaumes ou contrées qui ont porté leur nom, Dijon, .
Travaux récents
Sur les Burgondes
Katalin Escher, Genèse et évolution du deuxième royaume burgonde (443–534) : les témoins archéologiques, Oxford, British Archaeological Reports Ltd, coll. « British Archaeological Reports British Series », , 1101 p. (ISBN978-1-84171-841-5 et 1-84171-841-6).
Justin Favrod, Les Burgondes - Un royaume oublié au cœur de l'Europe, Lausanne/Paris, Presses polytechniques et universitaires romandes, , 142 p. (ISBN2-88074-596-9, lire en ligne).
Jean Prieur, Aimé Bocquet, Michelle Colardelle, Jean-Pierre Leguay, Jean Loup, Jean Fontanelle, Histoire de Savoie - La Savoie des origines à l'an mil : Histoire et archéologie, Rennes, Ouest France Université, , 442 p. (ISBN2-85882-495-9, lire en ligne).