Robert Le Ricolais, né le à la Roche-sur-Yon (Vendée) d'un père avocat et d'une mère enseignante, décédé le à Neuilly-sur-Seine[1],[2], est un ingénieur français considéré comme l'un des créateurs du principe de structure spatiale, faite de logique mathématique et d’observation de la nature[3].
Ingénieur autodidacte[2] et n'était titulaire d'aucun diplôme d'ingénieur, d'architecte ou de mathématique[4]. Ce n'est en effet qu'à partir de la loi du que le titre d’ingénieur se justifie par un diplôme dispensé par une école certifiée[3].
Biographie
Il obtient son baccalauréat ès sciences après des études secondaires à Angoulême et s’inscrit en 1912 à la Sorbonne mais est mobilisé pour la Première Guerre mondiale le et doit arrêter ses études sans jamais être diplômé[2]. Il est démobilisé le [2] et, gravement blessé, il reviendra de la guerre avec croix de guerre, médaille militaire, trois blessures, deux citations et une pension d'invalide[5].
Il vit à Paris de 1918 à 1931 puis s'installe à Nantes[4] où il exerce une activité salariée au sein d’entreprises hydrauliques pendant treize ans, travail qui lui permet en parallèle d'approfondir ses connaissances dans le domaine des structures[5]. Au cours de cette période il développe des systèmes constructifs, il dépose des brevets et produit des publications scientifiques.
Il publie notamment en 1935 un article intitulé "Les Tôles composées et leurs applications aux structures métalliques légères" introduisant le concept des parois minces structurelles appliqué au domaine du bâtiment[6] qu'il décline également pour le secteur de l'aéronautique[7]. Il invente notamment un principe de panneaux rigides baptisé "Isoflex" composé de deux feuilles de tôle ondulée rivetées et croisées[8]. Il obtient la médaille de la Société des ingénieurs civils de France pour ses recherches et ses idées novatrices sur les structures légères[4].
En 1943 il brevette "Aplex", un système de structure tridimensionnelle formé d'éléments préfabriqués en bois, adapté à la construction d'ouvrages de grande portée sans point d’appui intermédiaire tels que hangars, halls ou marchés couverts. Ce système permet des économies de matière et de main d’œuvre en favorisant la légèreté de la structure et la simplicité de montage[2].
Au sortir de la guerre il démissionne de son poste chez Air Liquide, où il était directeur adjoint de l'agence de l'Ouest, et se lance comme ingénieur conseil[5].
En 1945 il est sollicité par les architectes Paul Dufournet et Jean Bossu pour contribuer à la reconstruction du village du Bosquel dans la Somme, au sein d’un « Service architectural du Bosquel »[3]. Ce village, presque intégralement détruit par l’avancée de l’armée allemande le , est choisi par le Commissariat à la reconstruction immobilière pour faire l'objet d'une reconstruction expérimentale et rationnelle. Le Ricolais y définit un système spectaculaire de couverture des bâtiments d’exploitation et des hangars en utilisant son système de charpente tridimensionnelle Aplex, conception finalement refusée par le commissaire à la Reconstruction sous prétexte qu’on ne pouvait pas le calculer[9], argument qu'il balayera en publiant un article intitulé "Structures comparées en deux et trois dimensions" [Note 1] destiné à démontrer que cette structure est parfaitement calculable[3].
Des grands ouvrages qu'il a conçus avec le brevet « Aplex », il ne subsiste aujourd'hui que le garage administratif de Yaoundé, au Cameroun, redécouvert en mai 2017, structure tridimensionnelle bâtie en 1947 couvrant 3400 mètres carrés [3].
Souffrant d'un manque de reconnaissance en France, il choisit en 1951 d’immigrer aux États-Unis où il est invité à enseigner à l'université d'Illinois à Urbana, puis devient professeur d’architecture à l'université de Pennsylvanie à Philadelphie de 1956 à 1974, où il crée un laboratoire lui permettant de poursuivre ses recherches structurales[4],[2]. Il y rencontre notamment Louis Kahn[3]. Ses recherches se focalisent alors sur des sujets tels que les structures répétitives, les structures tendues, les surfaces à double courbure ou encore l'automorphisme et le dualisme des structures[5].
En 1965 le Palais de la Découverte tient l'exposition "Le Ricolais, Espace, Mouvement et Structures" à l'occasion de laquelle il tient une conférence intitulée À la recherche d'une mécanique des formes le [10].
Il est nommé président d'honneur de l'IRASS (Institut de recherches et d’applications des structures spatiales) qui deviendra le , après son décès, l'institut Le Ricolais[2]. Il avait épousé Marguerite Duverel (1894-1981).
Publications
Publications scientifiques
Robert Le Ricolais, Les Tôles composées et leurs applications aux structures métalliques légères, Bulletin de la Société des ingénieurs civils de France n°5-6,
Robert Le Ricolais, Les tôles composées et leurs applications à la construction aéronautique (Revue), Paris, Gauthier-Villars, coll. « L'Aéronautique » (no 201), (lire en ligne), p. 25
Robert Le Ricolais, Systèmes réticulés à trois dimensions, Annales des Ponts et Chaussées (7 aout 1940 et 9 aout 1941)
Robert Le Ricolais, Structures comparées en deux et trois dimensions, Techniques et Architecture n°9-10, , p. 418
Robert Le Ricolais, Charpente tridimensionnelle pour hangars, Techniques et Architecture n°7-8, , p. 406
Robert Le Ricolais, USA. Recherches expérimentales à l’Université de Pennsylvanie, Techniques et Architecture (no 5), , p. 56
Robert Le Ricolais, 1972-1973. Recherches structurales, université de Pennsylvanie, Techniques et Architecture (no 294), , p. 48
Poèmes
Robert Le Ricolais, À toute vapeur, Cahiers de l’école de Rochefort
↑ abcdefghij et kChristel Frapier, Les ingénieurs-conseils dans l'architecture en France, 1945-1975 : réseaux et internationalisation du savoir technique, (lire en ligne)
↑ abcdefg et hGilles-Antoine Langlois, À Yaoundé, la halle APLEX ultime de Robert Le Ricolais, (lire en ligne)
↑ abc et dDictionnaire des Architectes : Les Dictionnaires d'Universalis, Encyclopaedia Universalis France, , 2366 p. (ISBN978-2-85229-141-6, lire en ligne)
↑ abcde et fDonner des idées... Robert Le Ricolais 1894-1977, vol. 2, Paris, les amis du Carré Bleu, coll. « Le Carré Bleu », , 58 p. (lire en ligne)
↑ a et b(en) Visions and Paradox : An Exhibition of the work of Robert Le Ricolais, Lower Gallery, Meyerson Hall, University of Pennsylvania, (lire en ligne)
↑Robert Le Ricolais, Les tôles composées et leurs applications à la construction aéronautique (Revue), Paris, Gauthier-Villars, coll. « L'Aéronautique » (no 201), (lire en ligne), p. 25
↑Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne, Paris (no 846), (lire en ligne), p. 8
↑(en) Xavier Dousson, La reconstruction du village témoin du Bosquel dans la Somme après 1940 : Récit, ambitions et paradoxes d’une opération singulière, In Situ. Revue des patrimoines (lire en ligne)