« Riciardo di Giovanni da Chastello fiorentino miniatore » est mentionné dans les textes pour la première fois le . Originaire de Castelfiorentino, il reçoit alors un paiement de l'œuvre de la cathédrale de Florence au nom d'un autre enlumineur, Battista di Niccolò da Padova (ca.1390/1395-1452). Il travaille alors probablement dans l'atelier de ce dernier, au sein duquel il pourrait avoir été formé, et contribue à la décoration de livres liturgiques pour la cathédrale. Dès cette époque, il décore aussi des livres pour la famille de Médicis et plus précisément Jean de Médicis (1421-1463). Ricciardo contribue ainsi à décorer plusieurs manuscrits pour ce prince jusqu'au début des années 1460[1].
En 1461, il est désigné comme prêtre pour la première fois. Il semble travailler en indépendant, à la tête d'un atelier, au sein duquel se trouvent deux adjoints : un certain Matteo et un autre du nom de Cosimo. Il collabore par ailleurs avec plusieurs enlumineurs florentins de son temps : Bartolomeo di Antonio Varnucci (ca.1412/1413–1479), Francesco d'Antonio del Chierico, Zanobi Strozzi, Mariano del Buono ou encore Filippo di Matteo Torelli dans les années 1465-1468. Il contribue avec eux à de nombreux livres liturgiques : ceux du monastère Badia Fiesolana, commandés par Cosme de Médicis ou encore ceux de la cathédrale Santa Maria del Fiore. Son dernier manuscrit attesté est un missel pour la cathédrale daté de 1477. Il est mentionné pour la dernière fois dans les rôles des impôts de la ville de Florence en 1480, habitant alors à l'extérieur de la Porta a San Pier Gattolino, dans le quartier de Santo Spirito. Il décède probablement quelque temps plus tard[1].
Style
Son style a été reconstitué à partir de l'unique manuscrit attesté par les textes, deux miniatures d'un graduel pour la basilique de la Santissima Annunziata pour lequel il a été payé le [1]. Dès le début de sa carrière, il se montre sensible à l'art antique et aux objets archéologiques comme le montre sa reprise des camées antiques de la collection Médicis dans les médaillons décorant ses frontispices de livres destinés à Jean de Médicis. Il se montre aussi sensible à la peinture de panneaux florentine de son temps, reprenant des motifs de retables de Domenico Veneziano, de Filippo Lippi et le style narratif typique des cassoni[2].
Son style se caractérise par une attention portée à la physionomie de ses personnages, des paysages en arrière plan comportant des collines et des mares d'eau. Ses décors sont toujours vivants à la fois dans leurs couleurs et dans ses représentations. Il porte toujours un soin à lier ce décors avec le contenu du texte, faisant preuve d'une recherche intellectuelle et non d'une simple reproduction de motifs standards[3].
Son style montre aussi une évolution au cours de sa carrière. Ainsi, ses œuvres de la fin des années 1460, plus expressionnistes, montrent un dessin plus rapide, fait de petites touches dans le rendu des volumes et du contour des figures. À la fin de sa vie, il semble avoir une prédilection pour les thèmes apocalyptiques, avec un traitement plus distancié des thèmes sacrés, mélangés avec des sujets profanes, comme dans ses manuscrits des Triomphes de Pétrarque[2].
Livre d'heures pour un membre de la famille Benci, en collaboration avec Bartolomeo di Antonio Varnucci (?), vers 1450-1455, Bibliothèque nationale centrale de Florence, B.R. 327
De civitate dei de saint Augustin, pour Jean de Médicis, 1460-1463, Bib. Laur., MS Plut.12.19[12]
Epistulae de saint Jérôme, pour Jean de Médicis, vers 1460-1463, Bib. Laur., MS Fiesolano 28
Livres liturgiques pour le monastère Badia Fiesolana, en collaboration avec Francesco d'Antonio del Chierico, 1463, Archivio Capitolare di San Lorenzo, Florence, G.206, H. 207, K. 206, L. 210, X. 220
Livre d'heures, décoration secondaire attribuée au maître, en collaboration avec Francesco d’Antonio del Chierico auteur des miniatures, vers 1470-1480, Bibliothèque de Genève, Comites Latentes 54[13]
Graduel D pour la Basilique de la Santissima Annunziata de Florence, en collaboration avec Francesco d'Antonio del Chierico, 1473, Archivio del Convento della Santissima Annunziata, Vol.694
Feuillets découpés provenant des livres liturgiques de la Badia de Fiesole : un feuillet passé en vente chez Christie's (David en prière) le (lot 29), un feuillet dans l'ancienne collection Breslauer (lettrine A avec deux saints)[18]
Feuillets provenant d'un graduel à l'usage augustinien pour le couvent Santo Spirito de Florence, vers 1470-1471, aujourd'hui dispersé entre un au Musée San Marco (Ms.567), un autre à la Villa I Tatti (Introit de la messe de saint Laurent) et 10 feuillet dans une coll. part. milanaise[19].
Un feuillet provenant d'un graduel, introit à la seconde messe de Noël, en collaboration avec Filippo di Matteo Torelli, Free Library of Philadelphia, Lewis E M 46:9[20]
Voir aussi
Bibliographie
(it) M.G. Ciardi Duprè Dal Poggetto, « Contributi a Ser Ricciardo Nanni », in Prospettiva, X (1977), pp. 54-57
(it) A. Garzelli, Miniatura fiorentina del rinascimento, 1440–1525: Un primo censimento, tome 1, Florence, 1985, pp. 55–66, 71–4
(it) A. Dillon Bussi, « Battista di Niccolò da Padova e Giovanni Varnucci: Lo scambio delle parti? (e alcune note su Ricciardo di Nanni) », Rivista di storia della miniatura, 5 (1998), pp. 105–14
(it) Milvia Bollati, « Ricciardo Nanni » in Dizionario biografico dei miniatori italiani, Milano 2004, p. 906-908
(en) Ada Labriola, « Ricciardo di Nanni da Castelfiorentino », dans C.B. Strehlke and M. Bruggen Israels, The Bernard and Mary Berenson Collection of European Paintings at I Tatti, Milan, Officina Libraria, (ISBN978-88-97737-63-6, lire en ligne), p. 541-547