Riccardo Freda est un des maîtres du cinéma populaire italien, avec Carmine Gallone, Alessandro Blasetti et une poignée d'autres, reconnu comme un authentique auteur par la critique la plus exigeante. Il réalise pendant trois décennies, parfois sous le pseudonyme de Robert Hampton, aventures historiques, mélodrames, action et horreur.
Freda donne coup sur coup trois chefs-d'œuvre : les péplumsSpartacus (1953, avec Massimo Girotti dans le rôle-titre) et Théodora, impératrice de Byzance (1954), le fantastique Les Vampires (1956), tous avec Canale. Pour Freda, le cinéma c'est avant tout « l'action, l'émotion, la tension, la vitesse » et ce qui l'intéresse, ce n'est pas « l'homme banal, l'homme de tous les jours » mais « le héros », « l'homme qui vit de grands moments, de grands conflits »[2]. Contrairement à d'autres réalisateurs de cette période, comme Antonio Margheriti et Mario Bava, Freda a eu l'occasion de travailler sur des films aux budgets plutôt élevés, obtenant d'excellents résultats techniques. Freda a déclaré que le négatif de son Spartacus avait été acheté pour 50 000 dollars par les producteurs du Spartacus de Stanley Kubrick afin d'empêcher sa réédition pour qu'il ne fasse pas concurrence au film américain[3].
Dans ses mémoires, Divoratori di celluloide, il donne sa définition du film d'épouvante :
« Rien à voir avec la représentation objective d'un monstre. C'est un gadget que je considère de qualité inférieure, un peu comme le papier mâché au carnaval de Viareggio qui sert à effrayer les plus naïfs. [L'épouvante, selon Freda,] est ce qui est ancré en nous dès la naissance. Il s'agit d'une terreur atavique qui remonte probablement aux débuts de l'homme des cavernes, lorsque les êtres qui formaient la transition entre le singe et les premiers humanoïdes se cachaient au fond de leurs grottes, faiblement éclairés par la lueur de quelque foyer, tandis qu'au dehors, dans l'immense obscurité de ces nuits sans fin, se déchaînaient des tempêtes d'une violence apocalyptique ("déluge universel") et que résonnaient les aboiements et les rugissements effrayants de bêtes gigantesques. »