La Rhénanie-du-Nord-Westphalie (en allemand : Nordrhein-Westfalen, abrégé en NRW) est une république parlementaire et un État membre partiellement souverain de la République fédérale d'Allemagne. Avec environ 17,9 millions d'habitants, c'est le Land le plus peuplé d'Allemagne. La capitale du Land est Düsseldorf et la ville la plus peuplée est Cologne. La ville fédérale de Bonn est aujourd'hui le deuxième siège du gouvernement de la République fédérale d'Allemagne.
Avec une superficie d'environ 34 100 km2, la Rhénanie du Nord-Westphalie est le quatrième plus grand Land allemand. 30 des 81 grandes villes allemandes se trouvent dans sa zone fortement urbanisée. La région métropolitaine Rhin-Ruhr, située au centre du Land, est l'une des trente plus grandes agglomérations du monde avec environ dix millions d'habitants et constitue la partie centrale de la région la plus densément peuplée d'Europe, la mégalopole européenne.
La partie nord de l'agglomération Rhin-Ruhr est constituée par la région de la Ruhr, fortement urbanisée, avec les centres de Dortmund, Essen, Duisbourg et Bochum. Son essor économique s'est basé au début du 19e siècle sur l'industrialisation et l'industrie minière, en particulier l'extraction de minerai et de charbon. Depuis le recul de l'exploitation minière à partir des années 1960, une mutation structurelle vers une économie de services et de technologies s'y déroule jusqu'à aujourd'hui, accompagnée de projets tels que « RUHR.2010 - Capitale européenne de la culture ». Avec une part d'environ 22% du produit intérieur brut allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie est le Land dont la performance économique est la plus élevée. Il s'agit également du Land le plus riche.
Jusqu'en 1999, Bonn était le seul siège du gouvernement de la République fédérale. À la suite du déménagement du Gouvernement fédéral et du Bundestag à Berlin, les ministères fédéraux ont conservé leurs sièges à Bonn, à qui la loi Berlin/Bonn garantit des fonctions gouvernementales importantes en tant que ville fédérale. Ainsi, Bonn accueille de nombreuses autorités fédérales et organisations non gouvernementales. En tant que siège allemand des Nations Unies, elle présente un degré élevé d'interdépendance internationale avec un grand nombre d'organisations des Nations unies.
Sur le plan culturel, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie n'est pas un espace homogène ; en particulier entre la partie du Land située en Rhénanie d'une part et les parties du Land situées en Westphalie et en Lippe d'autre part. Il existe de nettes différences, notamment dans les coutumes traditionnelles. Le Land est par ailleurs la région européenne qui abrite le plus grand nombre d'établissements d'enseignement et de recherche (70 universités et écoles techniques supérieures, 76 instituts, 760 000 étudiants).
Géographie
Situation
La Rhénanie-du-Nord-Westphalie se situe à l'ouest de la République fédérale d'Allemagne et partage ses frontières, dans le sens des aiguilles d'une montre, avec la Basse-Saxe, la Hesse, la Rhénanie-Palatinat, la Belgique et les Pays-Bas. Du sud-ouest au nord-est, le Land s'étend sur environ 260 kilomètres. Le nord du pays se situe dans la plaine d'Allemagne du Nord et se divise grossièrement en la baie de Westphalie, traversée par les fleuves Lippe, Ems et Ruhr, et la plaine du Bas-Rhin, de part et d'autre du Rhin, qui est le plus grand fleuve du pays (et en même temps d'Allemagne), ainsi que la plaine de Westphalie, tout au nord, au nord du seuil des montagnes moyennes, où le pays s'étend à deux endroits jusqu'à une distance relativement importante dans la plaine d'Allemagne du Nord proprement dite. C'est là, dans le "grand nord", que se trouve également le point nord de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le point le plus bas se situe à 9,2 m au-dessus du niveau de la mer, au nord-ouest du pays. Les autres régions du Land font partie des régions de moyenne montagne allemandes. Le Weserbergland, situé sur la partie supérieure de la Weser, caractérise l'est du pays. Les montagnes du Massif schisteux rhénan occupent le sud. Le Massif schisteux rhénan se divise grossièrement en l'Eifel, sur la rive gauche du Rhin, au sud-ouest, et le Pays de Berg et le Sauerland, à l'est du Rhin. Le Langenberg, situé dans le Rothaargebirge, qui fait partie du Sauerland, est le plus haut sommet du Land avec une altitude de 843,2 m au-dessus du niveau de la mer. Le centre géographique du Land se trouve à Dortmund, dans l'Aplerbecker Mark ; le point le plus à l'ouest de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de l'Allemagne se trouve à Selfkant.
Le climat de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie présente des cycles de températures et de précipitations équilibrés. Les températures annuelles moyennes varient entre 5 °C et 10 °C en fonction de l'altitude. Les précipitations annuelles varient entre 600 millimètres dans les plaines et 1400 millimètres dans les montagnes moyennes.
Principales villes
Le Land compte 30 villes de plus de 100 000 habitants () [3]:
Mais il a une politique énergétique[7] qui compte sur une rapide transition énergétique et a aussi été le 1er en Allemagne à légiférer sur la protection du climat (Loi de 2015) en visant une réduction d'un quart de la production de GES en 2020 puis de 80 % en 2050. Il a construit un Plan climat régional (validé en 2014) et une politique énergétique et climatique s'appuyant sur un substrat industriel de qualité (par ex. le barrage du Diemelsee), une Agence régionale de l’énergie via 8 priorités[8] : 1) efficacité énergétique & énergies renouvelables pour les entreprises et les collectivités[9],[10] ; 2) efficience énergétique et construction solaire et bioclimatique[11] ; 3) centrales de production d'énergie innovantes, réseau électrique intelligent et ingénierie de puissance[12] ; 4) biomasse[13] ; 5) carburants et systèmes de propulsion de l'avenir[14] ; 6) piles à combustible et technologies de l'hydrogène[15] ; 7) changement climatique et marché du carbone et des émissions de gaz à effet de serre[16] ; 8) énergie solaire photovoltaïque[17].
Un Institut pour le climat, l'environnement et l'énergie existe (à Wuppertal) et un important réseau d'acteurs du solaire, ainsi que de l’énergie éolienne (plus de 800 experts et structures) appuient l'objectif d'approvisionnement énergétique de la région à 100 % basé sur des sources renouvelables notamment grâce aux smart grids (pour lesquels une étude a chiffré un potentiel de « bénéfices totaux » de « 55,7 milliards d’euros par an. Par ailleurs, d'ici à 2022, les bénéfices cumulés de la mise en place et l’utilisation des réseaux intelligents s’élèveraient à 336 milliards d’euros »[18].)
Histoire
Les anciennes principautés d'origine médiévale
La principauté ecclésiastique médiévale de Cologne est l'une des grandes composantes historiques du Land actuel. Le siège de la principauté, qui n'avait pas les mêmes limites que le diocèse, était officiellement dans l'ancienne ville romaine de Cologne mais le prince-archevêque étant souvent en butte à l'hostilité des habitants de sa ville, sa résidence se trouvait plus au sud à Bonn (où son palais est devenue université). Au moment de la réforme protestante, cette région est naturellement restée catholique et le prince était l'un des trois archevêques parmi les sept électeurs (Kurfürst) d'Empire.
L'autre composante historique de la région est la Westphalie, vaste plaine fertile à l'ouest de la Weser, d'où son nom. Contrairement à la région de Cologne qui avait été une province romaine dans l'Antiquité, la partie orientale de la Westphalie est pacifiée par Charlemagne qui y implante le christianisme ; l'empereur crée la ville de Paderborn où il établit l'une de ses résidences et son fils Louis le Pieux fonde sur la Weser la grande abbaye de Corvey. Depuis le Moyen Âge, la ville principale de Westphalie est Münster, siège d'un évêché, mais on peut distinguer la principauté de l'évêque de Münster, d'une part, du duché de Westphalie, d'autre part. Entre les deux, la région industrielle de la Ruhr s'est particulièrement développée à l'époque contemporaine autour des villes médiévales de Duisbourg, Essen et Dortmund.
En 1945, la province de Westphalie et le Nord de la province de Rhénanie avec les districts d'Aix-la-Chapelle, Cologne et Düsseldorf furent occupés par le Royaume-Uni. La partie méridionale de la Rhénanie était, elle, sous occupation française. Le , l'administration britannique unifiait la Westphalie et sa partie de la Rhénanie en Land de Rhénanie-du-Nord - Westphalie. Un Landtag provisoire fut nommé le et renouvelé le après les premières élections municipales.
En 2022, près de 2,8 millions d’étrangers vivent dans le Land[20].
Subdivisions administratives
Le Land est subdivisé en cinq districts (Regierungsbezirke) d'Arnsberg, Cologne, Detmold, Düsseldorf et Münster. Le préfet (Regierungspräsident) est nommé par le gouvernement du Land.
Au niveau communal existent les deux provinces ou unions régionales : Landschaftsverband Rheinland de Rhénanie et Landschaftsverband de Westphalie-Lippe. La première comprend les districts de Cologne et de Düsseldorf, et la seconde les districts d'Arnsberg, Detmold et Münster. Les assemblées provinciales (Landschaftsversammlungen) sont élues par les conseils des arrondissements ruraux et arrondissements-villes.
Depuis la réforme des territoires municipaux des années 1967 à 1974, il y a 31 arrondissements ruraux (Kreise) comprenant 373 communes (Gemeinden) dont 267 villes (Städte), et 23 arrondissements-villes (kreisfreie Städte).
Districts (Regierungsbezirke)
Les 5 districts (ou régions administratives) de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, appartenant à 2 Landschaftsverbände :
L'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) gagna les premières élections au Landtag de Rhénanie-du-Nord-Westphalie du et forma une coalition avec le SPD, le Zentrum et jusqu'au le Parti communiste d'Allemagne. La constitution fut adoptée par référendum du et entra en vigueur le . Du fait de l'importance de la population catholique du Land et grâce au soutien de l'Église, la CDU resta au pouvoir jusqu'en 1966. Cette année-là et pour la première fois, l'Église catholique n'apporta pas son soutien à la CDU. Le SPD obtint la majorité relative et gouverna en coalition avec le Parti libéral-démocrate (FDP).
Dès lors, la Rhénanie-du-Nord - Westphalie est devenue un fief du SPD. Le parti socialiste allemand resta en effet au pouvoir jusqu'en 2005. Toutefois, dès les années 1990, les résultats aux différentes élections marquaient un recul progressif du SPD en raison notamment du nombre décroissant d'ouvriers syndiqués qui représentaient les électeurs traditionnels du parti.
Lors des élections de 2005, le SPD est battu par la CDU, qui s'allie avec le FDP. Pour la première fois depuis 1966, le SPD n'est plus au pouvoir en Rhénanie-du-Nord - Westphalie.
Néanmoins, lors des élections suivantes, en , la CDU recule d'une dizaine de pourcents pour faire jeu égal avec le SPD à 34 % qui subit cependant lui-même une nouvelle érosion, les deux partis obtenant chacun 67 sièges au parlement régional. Le scrutin est marqué par une forte poussée écologiste (+ 11 sièges) et l'entrée au parlement du parti de gauche Die Linke avec 11 sièges et 5,6 % des suffrages[21]. Lors des élections de 2012[22], la CDU subit une importante défaite, perdant 8,3 % (26,3 %), tandis que le SPD reprend 4,6 % (39,1 %) et que le parti Grüne subit une légère érosion (11,3 %). Ce scrutin marque l'entrée du Parti pirate au parlement régional, ayant obtenu un score de 7,8 % tandis que Die Linke en disparait. Les analystes considèrent que ce « pire score [de la CDU] depuis la seconde guerre mondiale », marque un « déclin de la CDU bien pire que ce qui était prévu »[23].
Cinq ans plus tard, les élections du marquent un renversement de la situation. La CDU retrouve sa place de premier parti du Land avec presque 33 % des voix, tandis que le SPD réalise son plus mauvais score historique avec moins de 32 %. Une éventuelle coalition noire-jaune disposerait de 100 députés sur 199, opérant un nouveau basculement du Landtag vers le centre droit.
Lors des élections du 15 mai 2022, la CDU du ministre-président Hendrik Wüst remporte la majorité relative, tandis que Les Verts réalisent un résultat historique, faisant élire 39 députés écologistes contre 14 en 2017. Le Parti libéral FDP perdant 16 de ses 28 députés, une nouvelle majorité doit être bâtie[24]. Le 23 juin 2022, une coalition noire-verte avec les écologistes est constituée[25].
La Rhénanie du Nord – Westphalie est une région à la pointe de la technologie et de la recherche scientifique : elle compte 69 établissements d’enseignement supérieur, 12 instituts Max-Planck, 11 instituts Fraunhofer, 12 instituts de la communauté Leibniz, 9 instituts de recherche fédéraux, plus de 60 centres de technologie ainsi que trois grands centres de recherche de la communauté Helmholtz répartis sur tout le Land. Les domaines représentés (biotechnologies, microélectronique, analyse sensorielle et intelligence artificielle, technique des matériaux et technologies environnementales) posent les bases pour le développement des technologies clés qui vont donner de l’essor à une dynamique industrielle, qui se fait en étroite coopération avec la science. La recherche de base pratiquée dans les écoles techniques supérieures ou dans les instituts Max-Planck et Fraunhofer est le moteur de l’avancée technologique. En outre, les liens étroits avec l’industrie dans le transfert de technologie rendent cette recherche très fructueuse. Le Centre de recherche de Juliers (FZJ - Forschungszentrum Jülich) et l’Agence spatiale allemande (DLR – Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt) à Cologne – Porz effectuent par exemple des travaux de recherche de renommée internationale. Des réseaux de compétence permettent ensuite de relier les savoir-faire et proposent des plates-formes technologiques permettant d’échanger les expériences et de mettre en place des coopérations.
↑SiebeL, W. (1993). L’IBA ou l’exposition internationale d’urbanisme d’Emscher Park: une stratégie pour le renouveau économique, écologique et social d’une ancienne région industrielle. Espaces et Sociétés, 72, 65-76.
↑1re partie d’une étude « Réseaux intelligents : potentiels et défis » faite avec le Cercle de Munich (ONG supranationale de recherche en communication) et commandée par l'Association allemande des technologies numériques (BITKOM), rendue le 13 novembre 2012 à Essen (Rhénanie du Nord-Westphalie), dans le cadre du Sommet national sur les technologies de l’information organisé par le Ministère fédéral de l’économie et de la technologie (BMWi)
↑Polonais d'Alsace: pratiques patronales et mineurs polonais dans le bassin potassique de Haute-Alsace, 1918-1948, par Yves Frey, aux Presses universitaires de Franche-Comté, 2003, page 220 [1].
↑Valentine Pasquesoone, Régionales en Allemagne : "un revers considérable" pour la CDU mais relatif pour Merkel , in Le Monde, 14 mai 2012, article en ligne