Professeur à la faculté de droit de Montpellier (1954-1997), il est le directeur et fondateur de l’Institut de préparation aux affaires de Montpellier en 1956 (IPA, devenu ensuite IAE)[3]. Une bourse Fulbright lui permet en 1959 de suivre une formation destinée au corps professoral à la Harvard Business School. Premier professeur français à enseigner à la Keio Business School de Tokyo-Yokohama (Japon) de 1983 à 1995, il est aussi professeur adjoint à l’université de Limerick (Irlande) de 1991 à 1997.
Pensée et parcours intellectuel
Économiste
Nouvelle approche de la science économique
Dès 1951, sa thèse de doctorat dirigée par François Perroux et intitulée « Essai sur l’introduction de la sociologie de la connaissance en économie politique » dénonce la place trop exclusive faite au seul individu, l’homo economicus, qui est défini en termes abstraits dans l’analyse économique. Il y décrit de manière approfondie et exhaustive les dérives de la science économique et les indispensables apports de la sociologie de la connaissance.
« On doit semble-t-il », écrit-il dans sa thèse « prendre en considération, non seulement la géographie psychologique qui modifie les habitudes d’activité et de consommation sous chaque latitude, l’évolution historique qui produit une mentalité économique spécifique pour chaque époque, mais encore l’influence sur le raisonnement économique, du cadre social et institutionnel dans lequel l’individu se trouve plongé ». Et encore : « La science économique nous paraît valable dans la mesure où elle ne sépare pas, fictivement, ces deux aspects d’une seule réalité que sont l’individu et son milieu ».
Cette approche annonce déjà sa vision « transversale » de l’analyse économique.
Dès le début des années soixante-dix, où il publie Pour comprendre la crise (1974) et La Société d’inflation (1975), il avait largement pressenti la fin des « Trente Glorieuses » et la crise durable qui allait en découler. De même d’ailleurs, que, quelques années auparavant, la révolution de mai 1968 au cours d’un colloque organisé en Mars 1968 à Marbella par quelques grands patrons de l’industrie française.
En économie, c’était un libéral pur, proche de l’école française des économistes classiques, peut-être plus particulièrement de Frédéric Bastiat, qui écrivait : « Chacun veut vivre aux dépens de l’État, mais c’est l’État qui vit aux dépens de tous ». Son livre L’État maquereau ou la perversion du système français (1992) développait la même thèse : « en prétendant apporter une protection à tous, l’État prospère d’abord pour son propre compte catégoriel et ruine la société ». Un des traits caractéristiques de René Maury était sa méfiance profonde des institutions qu’il jugeait fondamentalement trompeuses, mensongères et hypocrites. Il avait en contrepartie une foi sans limite dans l’initiative et la créativité individuelles dans lesquelles il voyait la seule source de richesse. Il croyait dans l’innovation.
Dans L’Homme mystifié (1966), l’un de ses premiers ouvrages, il affranchit l’individu des mensonges officiels ou des tromperies institutionnelles qui brident son énergie et sa créativité[2]. Il croit par-dessus tout dans la liberté et à son pendant indispensable, la responsabilité.
Il part de l’absurdité de la condition humaine (…), et il considère qu’à partir de là les hommes ont été amenés à créer des mythes, pour rendre la vie supportable et donner un sens à l’existence humaine. Des mythes qui, par définition, sont trompeurs mais qui recouvrent toutes les données de la vie sociale, jusqu’aux règles de vie, aux normes, aux lois, et qui sont donc le produit des rapports de force, notamment entre les dominants et les dominés.
Dans son ouvrage L'État maquereau (1992), il montre, en s'appuyant sur les travaux de l'industrie automobile allemande, que « le salaire horaire moyen brut de l'opérateur est dans l'automobile française de 40 % inférieur à celui du Japonais et de près de 50 % inférieur à celui de l'Allemand »[6].
Dans son livre J’accuse l’impôt sur le revenu –supprimons-le (1996), il proposait, à l’instar de plusieurs Prix Nobel, la suppression pure et simple d’un impôt qui bride la création de richesses. Il était persuadé que l’abolition de l’impôt direct et surtout de sa progressivité, serait le point de départ d’un formidable dynamisme économique et permettrait une véritable refondation de l’économie française.
Admirateur du modèle nippon
Dans son livre Marianne à l'école japonaise, il envisage le système éducatif japonais comme un modèle[7]. Fasciné par ce modèle nippon[8], le livre Les patrons japonais parlent étudie la dynamique de ce système. Dans cet ouvrage, René et Marie-Hélène Maury se sont appliqués à mettre à la portée du grand public les propos de quarante présidents de très grandes entreprises japonaises[9].
Européen
Il proclame son européanisme en 1958 dans son livre L’Intégration européenne[10]. « Ce livre est un acte d'espérance. René Maury croit que des tentatives dispersées ne peuvent réussir : les efforts pour unifier les systèmes monétaires, les politiques commerciales, les investissements ou la politique atomique doivent être coordonnés »[11]. Il restera toujours attaché à l’idée d’un fédéralisme européen centré sur les grands enjeux géostratégiques[2].
Historien
Il est un spécialiste de la mort de Napoléon Ier ; il estime qu’elle est la conséquence d’un empoisonnement à l’arsenic par le comte de Montholon dans trois ouvrages successifs : L’Assassin de Napoléon ou le Mystère de Saint-Hélène (1994), Albine. Le dernier amour de Napoléon (1998) et L’énigme Napoléon résolue (2000)[12].
Il est l'auteur de Prodigieux Hannibal (2004) sur Hannibal et de Agnès Sorel assassinée (2004).
Chroniqueur
Il collabore au Midi libre en publiant chaque semaine, une chronique économique de 1987 à 1998.
Les Leçons de l'économie américaine (Compte rendu de l'exposé inaugural du cycle de conférences données à l'Institut de préparation aux affaires, Montpellier, 1956-1957), s.l., s.n., (SUDOC128037601)
↑Jean-Michel Leclercq, « Le système éducatif français et le système éducatif japonais : vrais ou faux jumeaux ? », Revue française de pédagogie, vol. 121, no 1, , p. 39 (DOI10.3406/rfp.1997.1144, lire en ligne, consulté le )
↑Éric Seizelet, « Nationalisme et internationalisation au Japon », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 18, no 1, , p. 26 (DOI10.3406/xxs.1988.2913, lire en ligne, consulté le )
↑René Servoise, « René Maury. Les patrons japonais parlent [compte-rendu] », Politique étrangère, no 2, , p. 561 (lire en ligne)
↑Pierre Gerbet, « L'intégration européenne ; problèmes et institutions : État des travaux », Revue française de science politique, vol. 11, no 3, , p. 694 (DOI10.3406/rfsp.1961.392639, lire en ligne, consulté le )
↑Émile James, « Maury (René) - L'intégration européenne . [note bibliographique] », Revue économique, vol. 11, no 4, , p. 666 (lire en ligne)