Au début de la Première Guerre mondiale, René Cresté s’engage dans l’armée et participe activement aux combats. Blessé et démobilisé, il reprend du service chez Gaumont fin 1915. Il retrouve Léonce Perret pour quelques productions, puis Louis Feuillade lui offre le rôle de Jacques de Trémeuse dit Judex, un justicier vêtu de noir, dans un sérial en douze épisodes. Ses partenaires sont Yvette Andréyor, Louis Leubas, Musidora, Édouard Mathé, Marcel Lévesque et le petit René Poyen, tous des habitués des films de Feuillade. Le succès est considérable. René Cresté, déjà très prisé par le public féminin, devient une immense vedette en incarnant ce héros positif qui vole au secours des opprimés. Une suite est tournée l’année suivante avec la même équipe, La Nouvelle Mission de Judex, moins réussie que la précédente mais qui va faire entrer définitivement l’acteur dans le Panthéon du cinéma.
Par la suite, René Cresté retrouve des personnages intéressants dans deux cinéromans de Louis Feuillade, celui du jeune aventurier dans Tih Minh (1918) et celui du soldat Bertin réformé de guerre dans Vendémiaire (1918), mais pour le public son nom reste irrémédiablement associé à celui de Judex. Soucieux de son image, il décide alors de prendre en main sa carrière. Il fonde sa propre maison de production, les Films René-Cresté, pour laquelle il réalise et interprète, sans grand succès, Le Château du silence (1919) et L'Aventure de René (1921). En , ruiné et déçu par le frileux accueil du public, il se reconvertit pour diriger le Cocorico-Cinéma, dans le quartier parisien de Belleville[3], et rejoue son célèbre personnage de Judex dans un spectacle à la Gaîté-Rochechouart.
En 1922, René Cresté réalise son dernier film, Un coup de tête, mais gravement malade de la tuberculose, il ne verra pas le film sortir en salles. Il meurt prématurément le à Paris.
Il est inhumé au cimetière de Montmartre avec sa fille Renée, dans la 26e division, avenue Berlioz, derrière la tombe de la cantatrice Laure Cinti-Damoreau (une ligne de tombes les séparent).
Postérité
En février 1929, pour subvenir aux besoins financiers de sa veuve et de sa fille infirme[4], un gala de bienfaisance, le Gala Judex, est organisé par leurs amis à la Salle Pleyel[5]. Il était initialement prévu qu'André Breton et Louis Aragon y présentent une pièce écrite pour l'occasion, Le Trésor des Jésuites avec Musidora dans le premier rôle, mais cette pièce sera finalement déprogrammée par les organisateurs. Ce gala n'apportera qu'un bref répit à la fille de René Cresté qui suivra son père dans la tombe trois mois plus tard[6].