Reduvioidea

Les Reduvioidea sont une super-famille de punaises (insectes hémiptères hétéroptères prédatrices, de répartition cosmopolite. Elle comprend deux familles actuelles, les Reduviidae (près de 7000 espèces) et les Pachynomidae (une vingtaine d'espèces). C'est l'un des groupes les plus diversifiés d'insectes prédateurs, avec près de 7 000 espèces[2].

Biologie

Les espèces de Reduvioidea sont toutes prédatrices d'autres arthropodes, avec certains groupes ayant des régimes alimentaires spécialisés. Ainsi, les Ectrichodiinae se nourissent principalement de mille-pattes[3], les Salyavatinae et certains Harpactorinae de termites[4], les Holoptilinae de fourmis[5] ou encore les Emesinae qui chassent les araignées[6].

Diverses adaptations morphologiques et comportementales facilitent la capture des proies[2], notamment des modifications des pattes antérieures, telles que des structures adhésives[7], des pattes préhensiles similaires à celles des mantes[8], une armature complexe et l'utilisation de substances collantes. Ces adaptations permettent de maintenir fermement les proies jusqu'à ce que leur salive toxique produise un effet immobilisant[3].

Systématique

Bien que la classification phylogénétique des Hétéroptères ne soit pas encore totalement aboutie, et que plusieurs conceptions restent discutées, diverses études récentes confirment la monophylie des Reduvioidea, les placent dans les Cimicomorpha, et dans cet infra-ordre, les considèrent comme leur groupe basal, c'est-à-dire comme le groupe-frère de tous les autres Cimicomorpha[9],[10].

Les caractères sur lesquels se basent ce groupement sont[9],[10] :

  • des trichobothries sur le pédicelle antennaire (second article antennaire) ;
  • la structure du rostre, court, robuste, fortement arqué et non flexible (le rostre arqué est également présent chez les Nabidae, mais selon un caractère dérivé indépendant ; et, à l'inverse, il est redevenu droit chez les Triatominae (Reduviidae)[11]) ;
  • la présence de glandes de Brindley sur le second segment de l'abdomen ;
  • un premier spiracle abdominal entre le métathorax et l'abdomen ;
  • la présence d'une paire de pseudo-spermathèques dans la partie médiane de l'oviducte de la femelle ;
  • la position des ocelles en arrière des yeux composés ;
  • le septième muscle aliforme est d'origine à la fois dorsale et ventrale, cas unique parmi les Hétéroptères (chez lesquels il est uniquement dorsal, sauf chez les Nepomorpha, chez lesquels il est ventral)[11].

La famille des Pachynomidae a été assignée aux Reduvioidea par Carayon et Villiers en 1968, se distançant de la conception de Harris et Cobben, qui leur voyaient plutôt une proximité avec les Nabidae[11]. Leur place dans les Reduvioidea est confirmée par les analyses morphologiques et génomiques récentes[11].

La famille des Phymatidae a également été parfois placée dans ce groupe, mais est considérée très largement comme une sous-famille des Reduviidae, les Phymatinae[12].

Une famille fossile est également placée dans les Reduvioidea, les †Ceresopseidae Becker-Migdisova 1958, avec trois espèces fossiles découvertes (ailes postérieures et antérieures) au Kyrgyzistan, datant du tout début du Jurassique (Hettangien-Sinémurien), entre il y a 201,4 et 192,9 millions d'années[13].

Liste des familles

Selon plusieurs auteurs[2],[14],[15], les Reduvioidea se répartissent en deux familles. Une famille fossile supplémentaire est également reconnue d'après Shcherbakov, 2007[16]:

Liens externes

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ITIS utilise par erreur la forme Reduvoidea :

Notes et références

  1. BioLib, consulté le 9 mai 2022
  2. a b et c (en) Junxia Zhang, Eric R. L. Gordon, Michael Forthman et Wei Song Hwang, « Evolution of the assassin’s arms: insights from a phylogeny of combined transcriptomic and ribosomal DNA data (Heteroptera: Reduvioidea) », Scientific Reports, vol. 6, no 1,‎ , p. 22177 (ISSN 2045-2322, PMID 26916580, PMCID PMC4768186, DOI 10.1038/srep22177, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Michael Forthman et Christiane Weirauch, « Toxic associations: A review of the predatory behaviors of millipede assassin bugs (Hemiptera: Reduviidae: Ectrichodiinae) », European Journal of Entomology, vol. 109, no 2,‎ , p. 147–153 (DOI 10.14411/eje.2012.019, lire en ligne, consulté le )
  4. S. Jaya Durkga, D.N.P. Sudarmani et A. Ganesh Kumar, « Mitochondrial genes and nuclear gene variation among seven species of the genus Lisarda of subfamily Salyavatinae (Heteroptera: Reduviidae: Salyavatinae) », Journal of Entomological Research, vol. 44, no 1,‎ , p. 7 (ISSN 0378-9519 et 0974-4576, DOI 10.5958/0974-4576.2020.00002.x, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Christiane Weirauch, Matthew Bulbert et Gerasimos Cassis, « Comparative trichome morphology in feather-legged assassin bugs (Insecta: Heteroptera: Reduviidae: Holoptilinae) », Zoologischer Anzeiger - A Journal of Comparative Zoology, vol. 248, no 4,‎ , p. 237–253 (DOI 10.1016/j.jcz.2009.03.004, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) S. Standring, D. Forero et C. Weirauch, « Untangling the assassin's web: Phylogeny and classification of the spider‐associated Emesine complex (Hemiptera: Reduviidae) », Systematic Entomology, vol. 49, no 1,‎ , p. 1–14 (ISSN 0307-6970 et 1365-3113, DOI 10.1111/syen.12603, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Christiane Weirauch, « Hairy attachment structures in Reduviidae (Cimicomorpha, Heteroptera), with observations on the fossula spongiosa in some other Cimicomorpha », Zoologischer Anzeiger - A Journal of Comparative Zoology, vol. 246, no 3,‎ , p. 155–175 (DOI 10.1016/j.jcz.2007.03.003, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Christiane Weirauch, Dimitri Forero et Dawid H. Jacobs, « On the evolution of raptorial legs - an insect example (Hemiptera: Reduviidae: Phymatinae) », Cladistics, vol. 27, no 2,‎ , p. 138–149 (DOI 10.1111/j.1096-0031.2010.00325.x, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Randall T. Schuh et Pavel S̆tys, « Phylogenetic Analysis of Cimicomorphan Family Relationships (Heteroptera) », Journal of the New York Entomological Society, vol. 99, no 3,‎ , p. 298–350 (ISSN 0028-7199, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en) Randall T. Schuh, Christiane Weirauch et Ward C. Wheeler, « Phylogenetic relationships within the Cimicomorpha (Hemiptera: Heteroptera): a total-evidence analysis », Systematic Entomology, vol. 34, no 1,‎ , p. 15–48 (DOI 10.1111/j.1365-3113.2008.00436.x, lire en ligne, consulté le )
  11. a b c et d (en) Christiane Weirauch, Randall T. Schuh, Gerasimos Cassis et Ward C. Wheeler, « Revisiting habitat and lifestyle transitions in Heteroptera (Insecta: Hemiptera): insights from a combined morphological and molecular phylogeny », Cladistics, vol. 35, no 1,‎ , p. 67–105 (ISSN 0748-3007 et 1096-0031, DOI 10.1111/cla.12233, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « Phymatinae », sur Heteropteran Systematics Lab (consulté le )
  13. « Ceresopseidae », sur paleobiodb.org (consulté le )
  14. (en) Alexander Knyshov, Eric R L Gordon, Paul K Masonick et Stephanie Castillo, « Chromosome-Aware Phylogenomics of Assassin Bugs (Hemiptera: Reduvioidea) Elucidates Ancient Gene Conflict », Molecular Biology and Evolution, vol. 40, no 8,‎ (ISSN 0737-4038 et 1537-1719, PMID 37494292, PMCID PMC10411492, DOI 10.1093/molbev/msad168, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Paul K. Masonick, Alex Knyshov, Eric R. L. Gordon et Dimitri Forero, « A revised classification of the assassin bugs (Hemiptera: Heteroptera: Reduviidae) based on combined analysis of phylogenomic and morphological data », Systematic Entomology,‎ (ISSN 0307-6970 et 1365-3113, DOI 10.1111/syen.12646, lire en ligne, consulté le )
  16. Dmitry Shcherbakov, « Mesozoic Velocipedinae (Nabidae sl) and Ceresopseidae (Reduvioidea), with notes on the phylogeny of Cimicomorpha (Heteroptera) », Russian Entomological Journal, vol. 16, no 4,‎ , p. 401-414 (lire en ligne)