Le rda est un péplos drapé d'origine berbère en soies légères unies ou fleuries[1]. C'est une pièce de quatre mètres de long, en mousseline de soie[2], de type mensoudj au fond clair, le plus souvent bleu, mauve ou rose, parcouru de rayures en or[3]. Le mensoudj est un luxueux tissu à rayures doré ou argenté fait à la main que la ville Tlemcen conserve son tissage[1].
Le rda a résisté face aux apports nouveaux. À l’instar de toutes les formes archaïques de costumes, il correspond à des rectangles d’étoffe tissés sur mesure qui, ne sont ni taillés, ni cousus. Son aspect désuet est toutefois compensé par le raffinement des matières sélectionnées[3]. Aujourd'hui, les fibules placées sur les épaules ne sont que décoratives puisque les plis du drapé sont cousus ensemble pour faciliter l'usage de la robe[1].
Le rda se porte le jour de fêtes dans l'Ouest algérien et notamment à Tlemcen[4] et Oran[5]. Il est porté sur une veste appelée qât, richement brodée d'or ou d'argent, très largement ouverte sur la poitrine, à manches longues et fendues aux poignets. C'est l'ancien djabadouli des Algéroises[2], seuls les manches sont visibles[4]. Lors des cérémonies, il est porté avec une coiffe conique (chéchia) d'origine médiévale[1]. La mariée de Tlemcen porte cette tenue le lendemain du hammam, à l'issue de la cérémonie de mariage[6]. Dans la ville d'Oran, la mariée porte le rda pour la cérémonie dite de hzam (« ceinture »)[5]
La mariée d'Annaba revêt parfois d'une melhafa analogue, de satin broché, de teinte claire[7]. Le rdâ est également le nom d'une pièce d'étoffe plus grossière qui drape les épaules des campagnardes[2]. Il enveloppait aussi les pèlerins en lui laissant le bras droit en partie découvert et les défunts[8].
Le rda figurait dans le premier ouvrage recensant les modes vestimentaires mondiales, publié en 1590 sous le titre De gli habiti antichi e moderni di diverse parti del mondo par le vénitien Cesare Vecellio. Il caractérise l'habit pour une « femme de Tlemcen » et s'étend sur une tunique aux manches ouvertes et amples[4].
Rda de Tlemcen exposé à la citadelle d'El Mechouar.
Rda de Tlemcen exposé à la citadelle d'El Mechouar.
Le Rda Oranais.
Gravure représentant une femme du royaume de Tlemcen, au XVIe siècle
Références
↑ abc et d(en) Gabriele Mentges et Lola Shamukhitdinova, Textiles as National Heritage: Identities, Politics and Material Culture, Waxmann Verlag, (ISBN978-3-8309-8609-6, lire en ligne), p. 301-302