Après des études au collège Sainte-Marie à Montréal, il obtient en 1969 une maîtrise en philosophie à l'Université de Montréal avec un mémoire dirigé par Claude Lévesque intitulé Essai sur la symbolique et l’interprétation chez Paul Ricœur.
Titulaire d'une bourse, il part pour Paris en 1969 afin de poursuivre des études de doctorat sous la direction du philosophe et esthéticien Mikel Dufrenne. Sa thèse de troisième cycle en Esthétique, intitulée Interpréter et formaliser : comment parler de la littérature, est ensuite publiée sous le titre Comment parler de la littérature[2],[3].
Il entre, en juin 1972, au département histoire de l'art de l’Université du Québec à Montréal comme professeur puis, de 1973 à 1979, devient directeur du baccalauréat en Histoire de l’art. Dès 1984, il travaille à définir et mettre en place la première maîtrise en muséologie du Québec, qui ouvre en 1987[4]. Lors de la création de ce nouveau programme de maîtrise en Muséologie, il en est le directeur fondateur[5]. Il en reprend la direction de 1993 à 1999. En parallèle, il est de 1980 à 1984 puis de 2001 à sa retraite en 2007, directeur du département d’Histoire de l’art[5].
Devenu en 2014 professeur émérite[6], il poursuit ses activités d’expert-conseil en muséologie et patrimoine.
« La muséologie québécoise a connu un essor exceptionnel entre les années
1970 et 2000, essor qui s’est manifesté par la création de nouvelles institutions muséales, de programmes d’études et de publications importantes. Raymond Montpetit figure parmi les acteurs qui ont porté et accompagné ce mouvement à la fois comme professeur, commissaire, consultant en muséologie et auteur à partir du milieu des années 1980. »[7].
Muséologie et patrimoine
Les travaux de Raymond Montpetit portent sur la recherche, la conservation, la mise en valeur et la diffusion de divers patrimoines du Québec, conservsé in situ ou dans les collections des musées, avec une approche muséologique humaniste et interdisciplinaire, orientée vers les visiteurs[8],[9].
Raymond Montpetit a conçu, réalisé ou co-réalisé des expositions permanentes ou temporaires, dans divers musées québécois, diffusant ainsi des patrimoines auprès d’un large public[13].
Il a collaboré à l'exposition inaugurale Mémoires, au Musée de la civilisation[14] en 1988 et a pris part aux débats autour de la conception de ce nouveau musée.
Raymond Montpetit est le commissaire de l’exposition Je me souviens. Quand l’art imagine l’histoire[16], au Musée national des beaux-arts du Québec (à partir de 2002). Des dispositifs audiovisuels interactifs permettent de questionner les sujets représentés dans les œuvres exposées qui traitent de l'histoire du Québec.
Expertise-conseil en muséologie et patrimoine
Raymond Montpetit a produit de de nombreux rapports d’expertise pour diverses instances.
Musées
Pour le gouvernement du Québec, il est membre du Groupe-conseil Arpin, qui redéfinit le champ du patrimoine et trace les grandes lignes d’une politique du patrimoine culturel avec Notre patrimoine, un présent du passé[17]. En 2000, il produit le rapport intitulé Passion, professionnalisme, précarité : conserver, interpréter et mettre les patrimoines au service des communautés. Le réseau muséal subventionné du Québec.[18]
Pour la municipalité de Montréal, il rédige en 2016 avec Yves Bergeron le premier portrait de l’offre muséale complète (art, histoire, science) sur le territoire de la ville, Portrait et diagnostic du secteur muséal montréalais[19]. Il produit aussi l’étude qui redéfinit la mission du Centre d’histoire de Montréal et propose son déménagement au centre-ville pour devenir le Centre des mémoires montréalaises, le MEM (2023)[20]. Il collabore au texte intitulé Énoncé d’orientation pour une politique du patrimoine, qui propose des orientations pour la politique montréalaise du patrimoine, lesquelles sont adoptées[21].
Études sur des collections ou bâtiments patrimoniaux
En 2016, la Société Radio-Canada fait appel à Raymond Montpetit pour définir sa politique et ses pratiques envers l'ensemble des patrimoines qu’elle détient : Politique de gestion des fonds, des collections et du patrimoine de la Société Radio-Canada.[22]. Il lui est également demandé d'analyser la valeur patrimoniale d’objets concernant le joueur de hockey légendaire Maurice Richard[23]. Ces objets ont par la suite été acquis et conservés par le Musée canadien de l’histoire à Gatineau. Il évalue également la valeur patrimoniale d’une réplique de la première locomotive au Canada[24].
Il réalise des études dans le domaine du patrimoine bâti notamment sur l'ancien Hôpital Général de Montréal[25],[26]. Son texte Le patrimoine matériel montréalais de la Nouvelle-France. Inventaire sommaire[27] est le premier qui identifie et décrit tous les témoins matériels de cette période – documents, bâtiments, œuvres d’art, vestiges – présents sur le territoire de la ville.
Héritage et influence
Raymond Montpetit a été en 2005, avec Bernard Schiele et Jean Davallon, l’un des fondateurs du premier doctorat en Muséologie, médiation et patrimoine au Canada, associant l'UQAM et l'Université de Vaucluse à Avignon, en 2005[28].
Comme professeur-chercheur en muséologie et en culture populaire, il a ouvert deux nouveaux chantiers, l’un sur l’histoire des lieux et des formes de loisirs populaires urbains montréalais, créant le Groupe de recherche en art populaire (GRAP) en 1975, et le second en théorie et histoire des musées et des expositions[29]. En 2016, il crée le Prix Raymond-Montpetit, d'une valeur de 1 000 $, remis chaque année à une personne inscrite à la maîtrise de muséologie[30].
L’historien français du patrimoine Dominique Poulot résume ses apports : « Raymond Montpetit a joué un rôle pionnier dans les échanges académiques franco-québécois en matière de muséologie. […] Aucun collègue canadien n’a assurément occupé une place aussi centrale que la sienne dans les circulations transatlantiques de la discipline au cours des dernières décennies. Les liens avec ses collègues de par le monde ont été très importants pour le développement d’une sorte d’internationale francophone de la muséologie[13]. »
Il a reçu plusieurs prix et distinctions de ses pairs et d'instances gouvernementales, dont le prix Gérard-Morisset, la plus haute distinction attribuée en patrimoine et muséologie par l'État du Québec.
2009 : Prix Carrière de la Société des musées du Québec « pour sa contribution exceptionnelle de plus de 25 ans au développement de la muséologie au Québec[32]. »
2016 : Prix d’excellence rayonnement international de l’International Council of Museums ICOM-Canada lui attribua le « pour sa contribution remarquable au développement et au rayonnement de la muséologie canadienne sur la scène internationale[33],[34] »
Un recueil de ses textes marquants a été publié sous la direction d'Yves Bergeron et Violette Loget, Du sens et du plaisir. Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit[29]. Une journée d’étude a été organisée, en mars 2022, à l'occasion de cette publication[37].
Comme l’écrit dans la préface François Mairesse : « La plupart des muséologues francophones connaissent cet auteur [Montpetit] dont la production est régulièrement citée et dont plusieurs articles sont devenus des références[29]. »
Raymond Montpetit, Accéder à la culture et la diffuser. Mémoires d’un muséologue montréalais. Québec, Presses de l’Université Laval, 2025 (parution à venir)[38].
Raymond Montpetit, « Figuration et muséographie analogique dans les musées d’histoire », sous la direction de Dominique Poulot, L’effet musée. Objets, pratiques et cultures, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022, pp. 215-236[39].
Sous la direction de Serge Chaumier et Jean-Claude Duclos, « Georges Henri Rivière, la muséographie et le design d’exposition, 1930-1970 », Georges Henri Rivière, une muséologie humaniste, Éditions Complicités, Paris 2019, pp. 99-133.
Raymond Montpetit, « Postface. Une altermuséologie plurielle et participative », Serge Chaumier, Altermuséologie. Manifeste expologique sur les tendances et le devenir de l’exposition, Paris, Herman 2018, p. 205-217.
Raymond Montpetit, « Médiation et interprétation dans le champ muséal nord-américain », sous la direction de N. Casemajor, M. Dubé, J-M. Lafortune et È. Lamoureux, Expériences critiques de la médiation culturelle, Québec, Presses de l'Université Laval, 2017, p. 175-196.
Raymond Montpetit, « Roland Arpin : patrimoine et patrimonialisation », sous la direction de Yves Bergeron, « Diriger sans s’excuser ». Patrimoine, musée et gouvernance selon Roland Arpin, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 27-66.
Raymond Montpetit, « Objets in situ : thèmes et interprétation : l’expérience de visite », Béatrice Fleury, Jacques Walter, Vies d’objets, souvenirs de guerre, Université de Metz, Metz, France, 2015 p. 111-125[40].
Raymond Montpetit, « Les spectacles sur scène à Montréal, avant la Place des Arts » Louise Poissant (sous la direction de), 50 ans de la Place des Arts, Presses de l’Université du Québec, Québec, 2015, p. 10-29[41].
Raymond Montpetit, « Médiation », in Dictionnaire encyclopédique de la muséologie, André Desvallées, François Mairesse (sous la direction de), Armand Colin, Paris 2011, p. 215-233[42].
Bibliographie sur ses réalisations
Claude Panaccio, « Raymond Montpetit : Comment parler de la littérature? Montréal, HMH, Les Cahiers du Québec, collection « Philosophie », 1976, 195 p. », Philosophiques, vol. 5, no 1, (lire en ligne)
Jean Lauzon, « Gilles Lapointe, Raymond Montpetit, Paul-Émile Borduas, photographe, Un regard sur Percé Été 1938, Montréal : Fides, 1998. », Horizons philosophiques, vol. 9, no 2, (lire en ligne)
Jean-Marie Djoussou, « Yves Bergeron et Philippe Dubé (dirs), Mémoire de Mémoires. Étude de l’exposition inaugurale du Musée de la civilisation, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, 334 p., Recherches sociographiques, vol. 52, no 2, 2011, p. 429–431 », Presses de l’Université Laval, (lire en ligne)
Sous la direction de Cyril Simard et Yves Bergeron, « Histoire des musées au Québec. Repères chronologiques (1534-2016). Institut du patrimoine de l’UQAM, 2017, 183 pages. », Institut du patrimoine de l’UQAM, (lire en ligne)
Yves Bergeron et Violette Loget (préf. François Mairesse), « chapitres d'introduction », dans Du sens et du plaisir, une muséologie pour les visiteurs, L'Harmattan, , 270 p. (ISBN978-2-343-25032-8, lire en ligne)
↑« Lacroix, L. (2022). Compte rendu [Bergeron, Yves et Violette Loget (dir.). Du sens et du plaisir. Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit. Préface de François Mairesse. Paris, L’Harmattan, « Muséologies », 2021, 270 p.] (ISBN978-2-343-25032-8). Rabaska, 20, 278–281. », Rabaska, (DOIhttps://doi.org/10.7202/1093912ar)
↑ a et b« Expériences muséales », Le Devoir, (lire en ligne)
↑« Dans les entrailles de Montréal - Le nouveau spectacle de Pointe-à-Callière fait parler les vieilles pierres », Le Devoir, (lire en ligne)
↑ a et b« Dominique Poulot, « Yves Bergeron & Violette Loget (dir). 2021. Du sens et du plaisir : Une muséologie pour les visiteurs. Musée et exposition selon Raymond Montpetit », Culture & Musées, 40 | 2022, 287-291. », Culture & Musées, (lire en ligne)
↑Arpin, Roland, 1997, « Au Musée de la civilisation : une pratique ethnologique sans filet de sécurité » : 295-306, in A.-M. Desduits et L. Turgeon (dirs.), Ethnologies francophones de l’Amérique et d’ailleurs. Québec, Les Presses de l’Université Laval, p. 297.
↑Raymond Montpetit, Une muséologie dynamique et d’aujourd’hui : favoriser l’appropriation des collections par les publics de maintenant, (2013), 67 p.
↑Montpetit, Raymond [président du Comité d’évaluation des institutions muséales accréditées du Québec], 2000, Passion, professionnalisme, précarité : conserver, interpréter et mettre les patrimoines au service des communautés. Le réseau muséal subventionné du Québec, Québec, Ministère de la Culture et des Communications, 38 p.
↑Montpetit, Raymond et Bergeron, Yves, 2016, Portrait et diagnostic du secteur muséal montréalais, Montréal, Ville de Montréal [Service de la culture], 123 p.
↑Raymond Montpetit et Yves Bergeron, Diagnostic et plan de développement du Centre d’histoire de Montréal, Montréal, Ville de Montréal, Direction de la culture et du patrimoine, (2010), 63 p.
↑Raymond Montpetit et groupe Greta Chambers, Énoncé d’orientation pour une politique du patrimoine, Montréal, (2004), 43 p.
↑Raymond Montpetit, Synthèse des démarches proposées concernant les biens patrimoniaux dans les douze fonds et collections de la SRC, Service Médiathèque et archives, décembre 2016, 31 p. s.
↑Raymond Montpetit et Michel Vigneault, Culture, sport, patrimoine : rapport sur les quarante-sept objets de la succession Maurice Richard touchés par l’avis d’intention de classement, Québec, ministère de la Culture et des Communications, (2002), 42 p.
↑Raymond Montpetit et Yves Bergeron, Étude d’intérêt patrimonial de la réplique de la locomotive Dorchester conservée au Musée de Lachine, Service de la culture, Ville de Montréal, (2023), 49 p.
↑Raymond Montpetit, Beaupré Michaud et Associés Architectes, Étude préalable à l’évaluation de l’intérêt patrimonial du site de la Maison de Mère d’Youville, ancien Hôpital Général de Montréal, (2013), 103 p
↑Raymond Montpetit et autres, L’ancien Hôpital général des Frères Charon et des Sœurs Grises. Étude de potentiel pour sa conservation et sa mise en valeur, Montréal, 2011, 35 p.
↑Raymond Montpetit et assistants, De précieux témoins de notre histoire. Le patrimoine matériel montréalais de la Nouvelle-France. Inventaire sommaire, ministère de la Métropole et Pointe-à-Callière, (2001), 243 p.
↑Raymond Montpetit, « Figuration et muséographie analogique dans les musées d’histoire », dans L’effet musée : Objets, pratiques et cultures, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histo.art », , 215–236 p. (ISBN979-10-351-0848-9, lire en ligne)