Le ray-grass d'Italie est une plante herbacéeannuelle ou bisannuelle à tiges dressées de 60 cm à 1,2 m de haut formant de grosses touffes, aux feuilles très allongées, à pointe aiguë, de couleur vert clair.
La préfoliaison des feuilles est enroulée, ce qui permet de le différencier du ray-grass anglais dont les feuilles ont une préfoliaison pliée.
La floraison a lieu au printemps, de mai à juillet dans l'hémisphère nord. Les fleurs verdâtres sont regroupées en épis de 20 à 25cm de long formés d'un grand nombre d'épillets, chaque épillet comptant une vingtaine de fleurs.
Elle s'est largement naturalisée dans toute l'Europe et dans les régions tempérées du globe.
C'est une espèce de plaine et de collines, jusqu'à 800 m d'altitude environ, qui nécessite un climat doux.
Taxinomie
L'espèce Lolium multiflorum a été décrite en premier par Jean-Baptiste de Lamarck et publiée en 1779 dans Flore françoise, ou Description succincte de toutes les plantes qui croissent naturellement en France (Lamarck) 3: 621. 1779[4].
Lolium perenne var. multiflorum (Lam.) Parn., nom. superfl.
Lolium scabrum J.Presl
Lolium siculum Parl.
Lolium temulentum Bertero ex Steud.,
Lolium temulentum var. multiflorum (Lam.) Kuntze, nom. superfl.
Lolium temulentum var. ramosum Guss.
Lolium westerwoldicum Breakw.,
Liste des sous-espèces et variétés
Selon Tropicos (25 mai 2018)[6] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :
sous-espèces :
Lolium multiflorum subsp. gaudini Schinz & Keller
Lolium multiflorum subsp. italicum (A. Braun) Schinz & R. Keller
Lolium multiflorum subsp. ramosum Guss. ex Arcang.
variétés :
Lolium multiflorum var. diminutum Mutel
Lolium multiflorum var. italicum (A. Braun) Beck
Lolium multiflorum var. laeviculme Maire
Lolium multiflorum var. latifolium Maire
Lolium multiflorum var. multiflorum
Lolium multiflorum var. muticum DC.
Lolium multiflorum var. ramosum Guss.
Lolium multiflorum var. rigidum Trab.
Lolium multiflorum var. submuticum Mutel
Utilisation
Cette plante est largement cultivée comme plante fourragère. C'est la graminée fourragère la plus cultivée en zone tempérée.
Elle est d'une très bonne qualité fourragère lorsqu'elle est exploitée avant l'épiaison aussi bien en valeur énergétique que protéique[7]. Le ray-grass d'Italie a cependant tendance à remonter en épis après chaque exploitation.
C'est une plante dont les racines peuvent aller chercher eau et nutriments jusqu'à 1,70 m de profondeur aussi bien en sol argileux que limoneux[8], ce qui lui permet d'améliorer rapidement la qualité des sols pauvres et compactés et aussi d'étouffer les plantes concurrentes.
Elle est donc traditionnellement cultivée en culture pure sur des durées de 6 à 24 mois avec une forte fumure azotée amenant d'importants rendements[7]. On la cultive cependant parfois en association avec une légumineuse (trèfle violet ou trèfle incarnat), il faut alors limiter drastiquement la fumure azotée.
Au printemps, la pousse du ray-grass d'Italie est précoce et très rapide. Le pâturage est possible mais le choix de la période restreint en effet l'épiaison est très rapide et se répète jusqu'au repos hivernal. C'est donc ingérable pour un système pâturant performant. On réalise donc généralement au moins la première coupe en ensilage. Ensuite, la récolte en foin est plus aisée.
Avec le maïs-fourrage, et du fait de la généralisation des techniques d'ensilage, c'est la plante qui a révolutionné l'alimentation des ruminants en zone tempérée pendant la révolution verte (1947 à 1980).
Elle est considérée comme une adventice agressive en grandes cultures[9].
Sa grande vigueur, sa capacité à remonter en épis et la taille des plants font qu'elle n'est pas utilisée dans les mélanges de plantes à gazon[10] à la différence du ray-grass anglais.
Culture
Le ray-grass d'Italie est une culture relativement exigeante, qui nécessite des terres riches et profondes, humides mais sans excès, et un climat relativement doux.
Il est cultivé en culture pure ou en association avec des légumineuses (trèfle violet…) surtout dans le cas de prairies à faucher en culture annuelle ou bisannuelle.
Sa grande facilité d'implantation a aussi contribué à son succès[7].
Variétés cultivées
Il existe plus de 460 variétés de ray grass d'Italie inscrites dans le Catalogue européen des espèces et variétés[11] dont près de 210 variétés alternatives et plus de 250 variétés non alternatives. Environ 150 variétés de ray-grass d'Italie sont inscrites au Catalogue officiel français[12]
Dépollution / Phytoremédiation
L'eau polluée par l'atrazine peut être traitée avant de circuler dans le réseau d'eau potable, mais on ne peut traiter par ce type de moyen les masses d'eau souterraines et superficielles polluées. Paradoxalement, selon une étude publiée en 2009, des plantes devenues tolérantes à l'atrazine à la suite de son usage intensif, ont appris à dégrader ces molécules en les métabolisant grâce à des enzymes de détoxication. L. multiflorum peut servir à décontaminer les sols pollués par ce pesticide[13] ; En effet, les souches résistantes à l'atrazine de L. multiflorum testées en laboratoire (en microcosmes) se sont montrées capable d'accélérer de 20 % les capacités de dégradation de l'atrazine de l'écosystème[13]. Leur implantation dans les bandes enherbées permettrait d'améliorer la dépollution des bassins versants contaminés par l'atrazine agricole[13].
Toxicité
On a signalé en Australie et en Afrique du Sud des cas d'intoxication de chevaux ayant brouté du ray-grass[14] infecté par une bactérie toxique, Rathayibacter toxicus. Cette bactérie produit des corynetoxines, substances glycolipidiques qui provoquent chez le bétail une maladie neurologique appelée « toxicose du ray-grass annuel »[15] ou ARGT (annual ryegrass toxicity), dont l'issue est le plus souvent fatale[16]. Elle est transmise par une espèce de nématodes cécidogènes, Anguina funesta[17], qui provoque la formation de galles dans les graines de la plante.
La lutte contre cette maladie, qui peut affecter tous les herbivores, passe par la prévention de l'infection de l'herbe par les nématodes.
↑ ab et c(en) Luciano J. Merini, Cecilia Bobillo, Virginia Cuadrado, Daniel Corach, Ana M. Giulietti ; Phytoremediation potential of the novel atrazine tolerant Lolium multiflorum and studies on the mechanisms involved ; Environmental Pollution, Volume 157, Issue 11, November 2009, Pages 3059-3063 (Résumé)
↑Il y a une ambiguïté sur l'espèce de plante concernée, le nom vernaculaire anglais d'« annual ryegrass » s'appliquant tantôt à Lolium multiflorum, tantôt à Lolium rigidum.