Ervin György dit Raphael Patai est le fils du poètejuifhongrois et éditeurJózsef Patai (1882-1953) et de l'écrivain et poétesse Édith Ehrenfeld-Patai (1889-1976), issue d'une famille comptant parmi les sommités talmudiques[2]. Son père est alors une figure importante du monde littéraire juif hongrois, publiant par exemple deux anthologies de poésie hongroise mais aussi une version hongroise de poésies juives de différentes époques. Il est également l'auteur de nombre de publications sionistes, d'une biographie de Theodor Herzl et d'une Histoire des Juifs de Hongrie. József Patai est à l'origine d'une association sioniste de soutien à l'installation des Juifs en Palestine mandataire[3]. Cet environnement familial érudit le prédispose ainsi à un accomplissement intellectuel et académique.
Après le collège, Raphael Patai combine les cours de l'université de Budapest avec des études sémitiques au séminaire de théologie juive, notamment en 1930-31 au séminaire de théologie juive de Breslau, alors en Silésie allemande. À sa formation linguistique déjà riche du hongrois, de l'allemand et de l'hébreu, il ajoute l'arabe, le persan, le syriaque et le grec ancien. Après avoir obtenu un doctorat à Budapest, il quitte la ville en 1933 - sa carrière étant compromise par la montée antisémite qui gangrène progressivement la ville - pour s'installer en Palestine où il obtient un diplôme de l'université hébraïque de Jérusalem en 1936[4].
Après un bref retour à Budapest pour obtenir l'ordination au séminaire rabbinique, à partir de 1938, il enseigne l'hébreu à l'université hébraïque de Jérusalem puis, en 1942 et 1943 devient secrétaire d'académie au Technion de Haïfa. En 1944, il fonde l'Institut palestinien de folklore et d'ethnologie, exemple unique de recherche ethnologiques en Palestine mandataire, inspiré des travaux de Max Grunwald sur le folklore et auquel collaboreront des figures importantes comme le rabbin sépharadeBen-Zion Meir Hai Uziel ou encore Yitzhak Ben-Zvi qui deviendra président de l'État d'Israël, au cours de la courte existence de l'institut qui cesse ses activités en 1948[2].
Manquant de financements pour ses recherches pionnières, Raphael Patai s'installe aux États-Unis, en 1947, où il a obtenu un appui de la Wenner-Gren Anthropological Foundation. Naturalisé américain en 1952, il enseigne l’anthropologie au Dropsie College[5] à Philadelphie jusqu'en 1957. Il occupe également un poste de chargé de cours en anthropologie à l'université de New York de 1951 à 1953. À partir de 1956 et jusqu'en 1971, il devient directeur de recherches à l'Institut Herzl de New York et deviendra éditeur pour Herzl Press. De 1966 à 1976, il occupe une chaire d’anthropologie à la Fairleigh Dickinson University dans le New Jersey où il achève sa carrière académique[2].
Œuvre et travaux
Si ses travaux portent sur des sujets d'une grande diversité, l'essentiel de ses recherches portent sur deux champs d'investigations plus particuliers; d'une part la culture des anciens Hébreux et Juifs et, d'autre part, sur l'anthropologie du Moyen-Orient moderne, y compris Israël. Ces recherches seront l'objet de plusieurs centaines d'articles et d'une vingtaine d'ouvrages. Raphael Patai est en outre l'éditeur de plusieurs publications importantes comme le journal de Herzl, une encyclopédie sur le Sionisme et Israël (1971) ainsi qu'une série de manuels sur la Syrie, la Jordanie et le Liban modernes[4], à partir de recherches comparatives demandées par les Nations unies à l'Human Relations Area Files.
Il entretient une collaboration étroite et une longue amitié avec l'écrivain et érudit Robert Graves qu'il relate dans Robert Graves and the Hebrew Myths : A Collaboration, allusion à leur ouvrage commun Hebrew myths : The book of Genesis publié en 1963 et qui connait de nombreuses traductions et rééditions. Témoignant d'une arabophilie dont il est porteur depuis ses jeunes années et qu'il revendique, il publie The Arab Mind (L’Esprit Arabe) en 1972 poursuivant l'objectif de construire des ponts entre les cultures, particulièrement entre le judaïsme et l'islam[2].
Raphael Patai est également l'auteur d'un récit auto-biographique, Apprentice in Budapest (Apprenti à Budapert) (1988), sous-titré Memories of a world that is no more (Souvenir d'un monde qui n'est plus). Peu avant sa mort, il met le point final à un ouvrage monumental sur l'histoire des Juifs de Hongrie (The Jews of Hungary : history, culture and psychology). Il meurt le à Tucson des suites d'un cancer[2].
Vie privée
Raphael a pour frère Shaul Patai (1918–1998) qui a enseigné la chimie à l'université hébraïque de Jérusalem. Marié à quatre reprises, Raphael Patai est le père de deux filles, Jennifer ainsi que la linguiste et intellectuelle féministe Daphne Patai, née en 1943[3].
Distinctions
Raphael Patai reçoit le prix Bialik en 1936, décerné pour récompenser la recherche innovante en littérature hébraïque.