Issu d'une famille bourgeoise, il passe sa jeunesse à Aïn Beïda, puis il commence ses études à Constantine et les poursuit à Tunis.
Dès 1959, il prend part à la lutte contre la colonisation française en Algérie. Blessé, il voyage dans les pays de l'Est, puis l'Espagne, où il est représentant du FLN.
En 1962, après l’indépendance, il retourne en Algérie et devient un étudiant syndicaliste. Il entreprend alors des études de philosophie à Alger et à Paris. Il obtient une licence de philosophie à la Sorbonne en 1965 et achève son cursus en soutenant une thèse de doctorat sur Louis-Ferdinand Céline. Il obtient également une licence de mathématiques de l'université d’Alger. Il se destine ensuite à l’enseignement (Blida), mais en 1965, après la prise du pouvoir par Houari Boumédiène, il quitte l’Algérie. Interdit de séjour pendant plusieurs années, car il faisait l'objet d'une condamnation à mort, il vit d’abord en France de 1969 à 1972 où il sera professeur de philosophie au lycée de Coulommiers, puis au Maroc où il enseigne à Rabat jusqu'en 1975.
En 1977, il devient conseiller pour le ministère de l'Information et de la Culture. Il participe à la rubrique culturelle de la revue hebdomadaire Révolution africaine.
À partir de 2006, Rachid Boudjedra n’a jamais caché ses convictions communistes, matérialistes et athées. En 2015, il affichait déjà clairement son athéisme. Invité à une émission de la télévision privée Echourouk TV diffusée le , Rachid Boudjedra affirme qu’il ne croit ni en l’islam, ni en son prophète Mahomet. Il va même jusqu’à affirmer qu’il existe de nombreux Algériens athées qui n’osent pas afficher leur athéisme par peur de l’opprobre de la société[2].
En Algérie, l’islam est religion d’État. Sur les réseaux sociaux, ses propos ont eu des effets dès la diffusion de l'annonce de l’émission. Insultes et menaces comme soutiens se sont multipliées sur Facebook et sur Twitter et autres forums en ligne[3].
En , humilié et brutalisé, de faux policiers lui ordonnent de réciter la "chahada", profession de foi de l'islam lors d'une fausse émission télé (séquence en caméra cachée) à Ennahar TV[4]. Le lendemain, un sit-in s'est tenu dans la capitale algérienne en soutien à l'écrivain, événement marqué par la présence de Saïd Bouteflika, frère du président algérien Abdelaziz Bouteflika.
Soutiens
Pour autant, l'ancien consultant du ministère des Affaires religieuses Adda Fellahi pense que l'écrivain est libre, et que ses propos relèvent de sa liberté de conscience et d'expression garantie par la loi algérienne et la Constitution. De nombreux défenseurs de la liberté d’expression et de la laïcité ont également pris la défense de l'écrivain, saluant le courage de celui qui est le premier à prendre une telle position sur une chaîne de télévision[5].
Topographie idéale pour une agression caractérisée, Denoël, 1975; Gallimard Folio, 1986.
L'Escargot entêté, Denoël, 1977.
Les 1001 Années de la nostalgie, Denoël, 1979; Gallimard Folio, 1988.
Le Vainqueur de coupe, Denoël, 1981; Gallimard Folio, 1989.
Extinction de voix, poèmes, SNED, 1981.
Le Démantèlement, traduit en français par l'auteur, Denoël, 1982.
La Macération, traduit en français par Antoine Moussali en collaboration avec l'auteur, Denoël, 1984.
Greffe, poèmes, traduit en français par Antoine Moussali en collaboration avec l'auteur, Denoël, 1984.
La Pluie, traduit en français par Antoine Moussali en collaboration avec l'auteur, Denoël, 1987.
Journal d'une Femme Insomniaque, traduit en français par Antoine Moussali en collaboration avec l'auteur, Denoël, 1987.
La Prise de Gibraltar, traduit en français par Antoine Moussali en collaboration avec l'auteur, Denoël, 1987.
Le Désordre des choses, Denoël, 1991. Traduction en français par Antoine Moussali en collaboration avec l'auteur de la version originale en arabe, Faoudha al achia (éd. Bouchène, 1990).
Fis de la haine, Denoël, 1992 (ISBN2207239594); Gallimard Folio, 1994.
Anthologie de la littérature algérienne (1950-1987), introduction, choix, notices et commentaires de Charles Bonn, Le Livre de Poche, Paris, 1990 (ISBN2-253-05309-0)
Afifa Bererhi, « Boudjedra Rachid », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, H. Champion, Paris, 2010, p. 65-70 (ISBN978-2-7453-2126-8)
Abdallah Bensmaïn, Crise du sujet, crise de l’identité : Une lecture psychanalytique de Rachid Boudjedra, Casablanca, Afrique Orient, 1984