À Ögödei, deuxième khagan des Mongols de 1227 à 1241, succède son fils Güyük, puis le khanat suprême passe à la maison de Tolui avec Möngke, khagan de 1251 à 1259.
Möngke meurt en 1259 durant le siège de Chongqing dans le royaume Song du sud de la Chine. Il a laissé la régence à Karakorum à son frère Ariq Boqa, tandis que son autre frère, Kubilai, participe à la campagne contre les Song. La succession de Möngke est l'enjeu d'une guerre, entre Ariq Boqa et Kubilai, appelée la guerre civile toluid.
Qaïdu est le fils de Qachin, fils d'Ögödei. Dans les années 1250, il détient un pouvoir sur un territoire limité, dans la région du fleuve Imil et des monts Tarbagataï, situés à la limite des actuels Kazakhstan et région chinoise du Xinjiang.
En 1259, il se rallie à Ariq Boqa, mais Kubilai l'emporte en 1264. Kubilai adopte clairement une politique de sinisation du pouvoir mongol. Après avoir déplacé la capitale de Karakorum, alors gardée par Ariq, à Khanbalik (ancienne capitale des Jurchen, qui deviendra plus tard Pékin), il fonde la dynastie chinoise des Yuan, dans laquelle il intègre rétroactivement tous les khagans l'ayant précédé. Soucieux de ses sujets, il adopte un nom chinois, « empereur Shizu » et installe un lama sakyapa tibétain, Phagpa au pouvoir religieux dans sa nouvelle capitale.
Qaïdu estime que la maison de Tolui qui détient le pouvoir ne se soucie que des affaires de la Chine et que les conquêtes orientales ne profitent qu’aux dirigeants mongols vivant en Chine et qu’aux seigneurs chinois et coréens ralliés. Les seigneurs du territoire mongol, appartenant pour la plupart à la maison d’Ögödei, se sentent exclus du pouvoir politique et de la richesse liée à l’exploitation des pays conquis. Ils veulent réinstaller la capitale à Karakorum et destituer Kubilai, coupable d’avoir rompu avec les coutumes ancestrales, et étendre la souveraineté du domaine central sur tous les oulous[5],[6].
En 1269, Qaïdu fait des ouvertures de paix à Barak. Ce dernier reçoit la Transoxiane et reconnaît la suzeraineté de Qaïdu, qui fonde son empire dans la vallée de l’Ili et au Turkestan oriental. Qaïdu envoie son nouveau vassal combattre Abaqa, ilkhan de Perse, avec la mission de lui enlever l’Afghanistan.
En 1275, Kubilai envoie contre Qaïdu son quatrième fils, Nomoukan. Deux princes de la famille impériale[5], mécontents, se rallient à Qaïdu, qui profite de la situation et marche sur Karakorum, en Mongolie (1277). Kubilai lui envoie alors son meilleur général, Bayan, qui réussit à battre la coalition des princes mongols révoltés avec une armée nombreuse, incluant des troupes auxiliaires chinoises et coréennes. Qaïdu se retire dans la région de l’Irtych.
Kubilai envoie de nouveau Bayan, qui occupe Karakorum en attendant Qaïdu. Yisutemur, petit-fils de Boortchou noïon part en Mandchourie avec une puissante armée, ravitaillée par une flotte chinoise par l’embouchure du fleuve Liao. La coalition de Mandchourie est difficilement vaincue. Nayan, fait prisonnier, est exécuté en 1288. Qaïdu doit renoncer à ses ambitions de restaurer le pouvoir de la branche d’Ögödei, mais réussit à garder sa position dans l’oulous de Djaghataï.
Après la mort de Kubilaï, Qaïdu tente une nouvelle offensive en Mongolie en 1301. Il est battu par Témur Khan, fils de Kubilai, et meurt près de Karakorum.
Son fils Djeper, dernier khan de la branche d’Ögödei, règne sur le Turkestan oriental jusqu’en 1309.
Qutuchin Chaghan, épouse de Tübshin, le fils de Tazai Güregen (qui fut marié à la nièce de Kubilai Khan).
Bibliographie
Marie Favereau : La Horde, chap. 5, 2023, Éd. Perrin, (ISBN978-2262099558),
René Grousset, L'Empire des steppes, Editions Payot, Paris, 2001, 656 p. [ (ISBN2-228-88130-9)] (Première édition : Payot, 1939)
John Andrew Boyle (traducteur), The Successors of Genghis Khan, Columbia University Press, New-York, 1971, 372 p. [ (ISBN0-231-03351-6)]. Traduction de plusieurs chroniques perses du Moyen Âge.
↑Datation de Jamal Qarshi, qui écrit à Kaschgar au début du XIVe siècle. Cf. Boyle, p. 22. L'affirmation selon laquelle Qaidu a pris part à la campagne de Pologne de 1241 (par exemple par René Grousset, p. 336), est par conséquent une erreur.
↑La datation entre 1301 et 1303 est discutée par Bira, Qaidu, p. 69.
↑Michal Biran, Qaidu and the Rise of the Independent Mongol State In Central Asia, p. 37 (en ligne).