Les Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram (en latin : Societas Presbyterorum Sacratissimi Cordis Jesu Bétharram), également appelés les Bétharramites, ou simplement Pères de Bétharram, forment un institut de vie consacrée catholique fondée en 1832 à Bétharram, à quelques kilomètres de Lourdes en France, par Michel Garicoïts.
La congrégation qui est dirigée par un Argentin, Gustavo Agín, depuis 2017, est en voie d'extinction en France où elle est née et où elle était très présente dans le Sud-Ouest.
La congrégation est visée en France par plusieurs affaires judiciaires au sein de l'institution Notre-Dame de Bétharram. Une centaine de plaintes est déposée en 2024 impliquant des agressions sexuelles et des viols sur mineurs.
Historique
Le Basque Michel Garicoïts (1797-1863), de famille pauvre, ordonné prêtre en 1823, était supérieur du séminaire de Bétharram, dans le diocèse de Bayonne. Il a fondé cette congrégation au départ pour l'aider dans l'évangélisation des pèlerins venant au sanctuaire marial de Bétharram[1], puis, plus largement, pour des activités pastorales dans les paroisses, pour l'enseignement (il a fondé des collèges en Argentine, en Uruguay...) et les missions. Il est canonisé en 1947 par Pie XII.
La Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram (initialement S.C.I. di Béth.), est approuvée par Rome le . La Maison générale est située à Rome.
En , la congrégation se voit confier, après la demande de Jean Budes de Guébriant sur les conseils de Charles de Gorostarzu, le territoire sui juris de Tali dans le Yunnan en Chine[2], devenu diocèse de Dali en 1948[3]. Ils en sont expulsés au début des années 1950, après l'avènement de la Chine communiste.
Cette congrégation connaît son apogée numérique en 1963 avec 542 religieux. Elle essaime en ce début du XXIe siècle en petites unités de trois ou quatre missionnaires, dans quinze pays, dont cinq implantations en France ; quatorze implantations en Italie ; une dans le Pays basque espagnol, à Fontarrabie ; quatre implantations en Angleterre dont celle historique de Birmingham ; cinq maisons en Argentine ; en Uruguay, à Montevideo ; au Paraguay depuis 1904 (cinq collèges représentant 5 000 élèves) ; au Brésil (cinq implantations) ; trois implantations en Côte d'Ivoire ; en Centrafrique (deux implantations) ; à Nazareth en Israël ; à Bethléem en Palestine ; à Zarqa en Jordanie ; et depuis récemment en Thaïlande (cinq implantations) et en Inde (trois implantations)[1].
En 1997, les pères de Bétharram sont 336, dont 80 en France, ils sont implantés à Limoges, en cité HLM à Pessac, à Pibrac (près de Toulouse), Vic-en-Bigorre, à l'ancien Carmel de Pau et à Sarrance (vallée d'Aspe)[4].
En 2009, elle comptait 360 religieux dont 216 prêtres[5] et en 2012, 316 religieux dont 212 prêtres.
En France, les prêtres de la congrégation sont présents à Anglet, Bétharram (où ils animent le sanctuaire et accompagnent l'animation pastorale de leur ancien internat), Pau, Pibrac et Saint-Palais.
Église Santa Maria dei Miracoli de Rome, desservie depuis 1915 par la congrégation.
La congrégation est en voie de disparition en France en ce début du XXIe siècle, mais elle essaime dans d'autres pays. Elle ouvre en un séminaire et un foyer d'accueil à Mangalore (elle compte 6 prêtres indiens et 30 séminaristes en formation) et connaît de nouvelles vocations dynamiques en Thaïlande et en Afrique (installée en Côte d'Ivoire en 1959, elle compte 8 prêtres autochtones et une vingtaine de jeunes Africains en formation, elle est installée aussi en République centrafricaine) et continue de recruter en Amérique du Sud.
En 2013, la congrégation est composée de six prêtres à Bétharram et de 300 religieux dans 15 pays (Europe, Amérique latine, Asie...)[7].
En 2024, la congrégation est représentée par plus de 270 membres, dont certains haut-placés au Vatican au sein du synode de la famille. L'ancien directeur de Notre-Dame de Bétharram, le père Vincent Landel, est l'archevêque de Rabat de 2001 à 2017[8].
La congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram reconnait être « impliquée dans des dossiers d’abus sexuels inacceptables qui ont été perpétrés sur des mineurs par certains de ses membres des années 70 aux années 90 »[8].
Congrégation à Bétharram
La congrégation religieuse comprend, sur son site de Bétharram, d'un chemin de croix composé d'un calvaire et de 15 chapelles, d'un lieu d'hébergement, du collège Notre-Dame de Bétharram, de l'EPHAD Notre-Dame, d'un musée et d'un cimetière des Pères de Bétharram[9].
En 1996, la plainte pour « coups et blessures volontaires » et « traitements inhumains et dégradants » d'un parent d'élève de 14 ans médiatise les conditions d'éducation au sein de l'établissement Notre-Dame de Bétharram[10]. Le surveillant général est condamné à 5 000 euros d'amende avec sursis[11].
En février 1998, Pierre Silviet-Carricart, directeur de Notre-Dame de Bétharram, est mis en examen pour viol sur mineur de 15 ans. Le prêtre se suicide en 2000 juste avant de devoir se présenter devant le juge d'instruction de l'affaire[12],[13].
En novembre 2023, Alain Esquerre, ancien élève de Bétharram de 1980 à 1985, lance un groupe Facebook « Les Anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l’institution », qui regroupe en février 2024 près de 550 personnes[14]. Ainsi, il reçoit des témoignages sur les violences vécues dans l’établissement : « Des gens vous racontent leur détresse, des choses subies à l’âge de 10 ou 12 ans et qu’ils n’ont jamais racontées à personne. Ils se sont terrés dans leur silence alors que certains habitent à 10 kilomètres de là »[15].
En , le parquet de Pau ouvre une enquête préliminaire à la suite de vingt plaintes d’anciens élèves pour des faits de violence et des agressions sexuelles au sein de l'établissement Notre-Dame de Bétharram, dans les années 1980. Ces plaintes concernent des religieux et des laïcs[16],[17],[18]. En février 2024, treize autres plaintes sont déposées contre l’Institution Notre-Dame de Bétharram, dont dix pour des viols ou agressions sexuelles[14],[19]. Parmi ces plaintes de 2024, huit d'entre elles concernent un laïc, toujours surveillant au sein de l’internat du collège, devenu en 2009, Le Beau Rameau[20].
↑Pascale Nivelle, « Bétharram, le lycée fier de ses châtiments. La plainte d'un parent d'élève contrarie cent cinquante ans de réputation. », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑Pascale Nivelle, « L’affaire Notre Dame de Betharram : silence dans les rangs, épisode n°5 absolution. », France Bleu, (lire en ligne, consulté le ).
↑« «Une décision de justice est capitale». », La Dépêche, (lire en ligne, consulté le ).
↑Gilbert Laval, « Descente au tombeau du prêtre « suicidé ». », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bGabriel Blaise, « Notre-Dame de Bétharram : treize nouvelles plaintes, dont dix pour des viols ou agressions sexuelles », Sud Ouest, (lire en ligne, consulté le )
↑« Béarn : 20 plaintes d’anciens élèves d’un établissement privé pour violences physiques et sexuelles. », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Pyrénées-Atlantiques : un lycée privé sous le coup d’une enquête pour violences et agressions sexuelles », HuffPost, (lire en ligne, consulté le ).
↑Clémence Rouher, « Violences et abus sexuels. "J'ai pensé à me suicider" : anciens élèves du lycée Notre-Dame de Betharram , ils veulent briser le silence », France 3 Région, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Dans le Béarn, 20 anciens élèves d’un collège-lycée catholique portent plainte pour des violences physiques et sexuelles », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Notre-Dame de Bétharram : Treize nouvelles plaintes déposées, dont une dizaine pour viols et agressions sexuelles », 20minutes, (lire en ligne, consulté le ).
↑Gabriel Blaise, « Notre-Dame de Bétharram : un homme accusé de viols et agressions sexuelles est toujours en poste au collège », Sud Ouest, (lire en ligne, consulté le ).