« Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux[3],[4]. »
En chemin, il leur fit cette question : Qui dit-on que je suis ? Ils lui répondirent : les uns Jean-Baptiste, les autres Élie, les autres comme un des prophètes. Et vous, leur dit-il alors, qui dites-vous que je suis ? Pierre, prenant la parole, lui dit : Vous êtes le Christ.
Jésus, étant venu aux environs de Césarée de Philippe, interrogea ses disciples et leur dit : Que disent les hommes qu’est le Fils de l’Homme ? Ils lui dirent : les uns disent Jean-Baptiste, les autres Jérémie, les autres Elie ou l’un des prophètes. Jésus leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu vivant.
Et il arriva que, comme il priait en particulier, ayant ses disciples avec lui, il leur demanda : Qui le peuple dit-il que je suis. Ils lui répondirent : les uns disent Jean-Baptiste, les autres Elie, les autres un des anciens prophètes ressuscité. Et il leur dit : Mais vous, qui dites-vous que je suis ? Simon-Pierre, prenant la parole, dit : le Christ de Dieu
Jésus lui répartit : Tu es bienheureux, Simon, car ce n’est point la chair et le sang qui t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans le Ciel. Et moi je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
Et il leur défendit très fortement de le dire à personne.
Alors il défendit à ses disciples de dire à personne qu’il fût Jésus-Christ.
Jésus leur défendit avec menaces de dire cela à personne.
Débat ecclésiologique
De nombreux chercheurs, cependant, soutiennent que, dans le christianisme primitif, la structure ecclésiale formée de plusieurs presbytres-épiscopes a perduré à Rome jusqu’au milieu du IIe siècle, moment auquel s'est imposé le principe d’un unique évêque entouré de presbytres[7]. Dès lors, pour ces chercheurs, les auteurs ultérieurs ont appliqué rétrospectivement le qualificatif d'« évêque de Rome » aux membres éminents du clergé des premières décennies ainsi qu'à Pierre lui-même[7]. Sur cette base, Oscar Cullmann[8], Henry Chadwick[9] et Bart D. Ehrman[10] se demandent s’il existe un lien formel entre Pierre et la papauté moderne. Raymond E. Brown écrit : « L'enseignement de l'Église ne suggère pas que les évêques soient les successeurs des Douze en tant que tels[7]. » Brown ajoute qu’il est anachronique de parler de Pierre en termes d’évêque local de Rome, mais que les chrétiens de cette époque ont pu considérer Pierre comme exerçant des fonctions contribuant de manière essentielle au développement du rôle de la papauté dans l’Église ultérieure[7]. Ces fonctions, poursuit Brown, ont largement contribué à faire de l’évêque de Rome, ville où Pierre est mort et où Paul a témoigné de la vérité du Christ, le successeur de Pierre dans la protection de l’Église[7].
Ces trois mots apparaissent souvent comme un résumé de la doctrine de la primauté pétrinienne ainsi que des débats théologiques et ecclésiologiques qui lui sont associés. Ils forment également l'un des thèmes de l'iconographie chrétienne.
↑Pour les débats sur l'authenticité de Mt 16:17 et suiv., voir notamment (en) Gerhard Maier, « The Church in Gospel of Matthew : Hermeneutical Analysis of the Curent Debate », dans D.A. Carson (éd.), Biblical Interpretation and the Church : The Problem of Contextualization, Wipf and Stock Publishers, (ISBN978-1-7252-0134-7), p. 45-63.
Régis Burnet, Les Douze Apôtres : Histoire de la réception des figures apostoliques dans le christianisme ancien, Brepols Publishers, coll. « Judaïsme ancien et origines du christianisme » (no 1), (ISBN978-2-503-56623-8), chap. 2 (« Pierre : le « Prince des apôtres » ? »), p. 131-256
(en) Paul Collins, Upon This Rock: The Popes and their Changing Roles, Melbourne University Press,
(en) James Dunn, Jesus Remembered : Christianity in the Making, vol. 1, Grand Rapids (Mich.), Wm. B. Eerdmans, (ISBN978-0-8028-3931-2)
Bart D. Ehrman, Jésus avant les Évangiles : Comment les premiers chrétiens se sont rappelé, ont transformé et inventé leurs histoires du Sauveur, Bayard, (ISBN978-2-227-48913-4)
(en) Stephen K. Ray, Upon This Rock: St. Peter and the Primacy of Rome in Scripture and the Early Church, San Francisco, Ignatius Press, (ISBN0-89870-723-4)