Le Portrait de Julien de Médicis (en italien : Ritratto di Giuliano de' Medici) est une peinture de Sandro Botticelli, une tempera et sur bois (53 × 76 cm) datant de 1478-1480 environ, conservée au National Gallery of Art à Washington.
Il existe deux autres versions de cette peinture : une conservé à Berlin et une à Bergame.
Histoire
L'identité du personnage représenté est Julien de Médicis, le frère cadet de Laurent de Médicis « Laurent le Magnifique ». Julien fut tué pendant la Conjuration des Pazzi qui en 1478 tenta de soustraire Florence de la domination des Médicis, ceci avec l'aide du pape Sixte IV et d'autres princes italiens. Le complot se solda par un échec, Laurent de Médicis ayant échappé à l'attentat et les assassins arrêtés.
Botticelli a été appelé juste après la conspiration afin de peindre les effigies des conjurés condamnés par contumace comme des pendus accrochés aux murs du palazzo Vecchio, côté porte de la Douane.
Par la même occasion, Botticelli a probablement peint le portrait de Julien, au moins un du vivant de ce dernier et peut-être un ou plusieurs autres après sa mort en s'inspirant de son masque mortuaire, comme suggéré par les paupières fermées, ainsi que des copies pour d'autres personnages qui voulaient un portrait en souvenir du jeune défunt.
Les trois versions qui nous sont parvenues sont toutes d'origine incertaine et le débat sur le tableau original et les copies ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs et critiques d'art car la surface peinte n'est pas en très bon état et ne permet pas une évaluation certaine.
Description
Le portrait conservé à Washington est le plus grand et le plus détaillé.
Certains critiques d'art le considèrent comme le premier de la série alors que d'autres estiment qu'il s'agit d'une œuvre intermédiaire issue de l'exemplaire de Bergame ou d'un prototype perdu.
L'œuvre représente le buste de Julien de Médicis dont la tête est tournée des trois-quarts vers la droite, avec en arrière-plan une fenêtre dont un battant est ouvert et l'autre fermé. Au premier plan figure une corniche sur la gauche de laquelle une colombe (symbole de fidélité) est posée sur une branche sèche (allusion à la mort) : fidélité que Julien avait promis à son aimée Simonetta Vespucci ou fidélité du commanditaire du portrait.
La fenêtre à moitié ouverte et à moitié fermée est le typique symbole du passage de la vie à la mort ; de fait la datation est forcement postérieure à 1478.
Comme dans les deux autres tableaux, Julien est représenté de trois-quarts avec la tête fortement tournée vers la droite qui le rend presque de profil. Son front comporte un sillon en son centre ; le nez aquilin et pointu ; la chevelure abondante, noire et frisée ; le menton peu prononcé ; la lèvre supérieure fine et celle inférieure charnue ; les yeux pratiquement fermés ; le regard mélancolique dirigé vers le bas.
L'habillement est typique de la riche bourgeoisie florentine de l'époque, avec une veste rouge bordée de pelisse et une chemise sombre dont on aperçoit uniquement les manches.
La physionomie générale rendue par la création est celle d'un personnage altier ayant conscience de sa haute position sociale.
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Portrait de Bergame.
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Portrait de Washington.
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Portrait de Berlin.
Notes et références
Bibliographie
- L'opera completa del Botticelli, collana Classici dell'arte Rizzoli, Rizzoli, Milan, 1978.
- Bruno Santi, Botticelli in I protagonisti dell'arte italiana, Scala Group, Florence, 2001 (ISBN 8881170914)
- Pierluigi De Vecchi, Elda Cerchiari, I tempi dell'arte, volume 2, Bompiani, Milan, 1999 (ISBN 88-451-7212-0)
- Gloria Fossi, Uffizi, Giunti, Florence, 2004 (ISBN 88-09-03675-1)
Articles connexes
Liens externes