Le Pilot ACE (Automatic Computing Engine (ACE)) est le prototype du premier ordinateur construit au Royaume-Uni. Il a été assemblé et mis au point par le National Physical Laboratory (NPL) en 1950. Cette machine programmable fut le premier calculateur capable d'exécuter des calculs en virgule flottante.
Histoire
Le Pilot ACE reprend le projet de calculateur ACE d'Alan Turing. Ce dernier ayant démissionné du NPL depuis 1947 (en partie à cause des atermoiements dans la construction de sa machine[1]), James H. Wilkinson reprend la direction du projet et Harry Huskey l'assiste pour la conception. Le prototype Pilot ACE exécute son premier programme le , et il est présenté à la presse au mois de décembre suivant.
Quoique ce ne fût encore qu'un prototype, il apparut bientôt que ce calculateur pourrait rendre d'utiles services. Après quelques améliorations destinées à rendre la machine plus commode à utiliser, elle fut mise en service fin 1951, et fut beaucoup utilisée au cours des années suivantes, notamment lorsqu'on la dota d'algorithmes de calcul en virgule flottante. Wilkinson a fait le récit de cette évolution[2]. Contrairement aux autres calculateurs électriques de l'époque, le prototype Pilot ACE avait été monté sans circuit dédié à la multiplication ou à la division euclidienne en virgule fixe : ces opérations étaient programmées et exécutées à partir d'un algorithme codé sur cartes perforées. Ce choix fut une force, car il apparut bientôt que l'arithmétique en virgule fixe n'avait d'intérêt que pour les calculs financiers, et ne répondait absolument pas aux besoins des scientifiques et des ingénieurs ; or il ne fallut pas longtemps aux pères de la machine pour écrire les algorithmes de calcul en virgule flottante : sans avoir à toucher à l'architecture matérielle du Pilot ACE, la machine put ainsi travailler en virgule flottante. Fort de ce succès, James H. Wilkinson devint l'expert de cette technique de calcul et composa sur la propagation des erreurs d'arrondi en virgule flottante un ouvrage devenu classique[3].
Cet appareil comportait quelque 800 lampes, et utilisait des lignes à retard au mercure pour la mémoire centrale. À l'origine, la taille de cette mémoire était de 128 mots de 32-bits, mais elle fut portée ensuite à 352 mots ; on lui adjoignit en outre une mémoire à tambour de 4096 mots en 1954. Le rythme d'horloge, 1 mégahertz, était alors le record en Grande-Bretagne. Le temps d'exécution des instructions était encore très dépendant de leur emplacement en mémoire (un défaut propre aux lignes à retard). Une simple addition pouvait prendre entre 64 et 1024 microsecondes.
Cet ordinateur acquit une telle réputation qu’English Electric Co. en fit une version commerciale, vendue sous le nom de DEUCE.
Le Pilot ACE fut utilisé jusqu'en , date à laquelle le NPL en fit don au Science Museum de Londres qui l'expose dans ses collections.
Références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Pilot ACE » (voir la liste des auteurs).
↑D'après Yann Garret, « Le mystère Alan Turing », Science et Vie Micro, no 57, , p. 70
↑"History of Computing in the Twentieth Century" edited by Gian-Carlo Rota et al, Academic Press (1980).
↑J.H.Wilkinson, "Rounding Errors in Algebraic Processes", réimpr. chez Dover Publ. (1994).
Bibliographie
James H. Wilkinson, N. Metropolis (dir.), Howlett (dir.) et Rota (dir.), Turing's Work at the National Physical Laboratory and the Construction of Pilot ACE, DEUCE and ACE, A History of Computing in the Twentieth Century, New York, Academic Press,
Simon H. Lavington, Early British Computers: The Story of Vintage Computers and The People Who Built Them (Manchester University Press, 1980)
David M. Yates, Turing's Legacy: A History of Computing at the National Physical Laboratory, 1945–1995 (Science Museum, Londres, 1997, (ISBN0-901805-94-7))